Union de Quartier de l'Ile Verte
Commission Cadre de Vie

Entretien des arbres

Nous reproduisons ici, avec son autorisation, les textes envoyés par Jean-Claude Rebuffet de la Mairie de Grenoble concernant l'entretien des arbres, ainsi que les calendriers présisionnels.

13 septembre 2019

Je n'écrirai pas de dernière chronique je n'évoquerai pas l'historique de One Health et ses déclinaisons et ne ferai pas non plus l'allégorie de l'arbre parti en scierie pour une seconde vie de bois de charpente après avoir rempli ses fonctions en forêt. Je vous ai mis pour remplacer un article à propos des espaces verts de Grenoble qui m'a fait sourire.
En place de cette chronique je souhaite vous remercier.
Vous remercier de m'avoir lu, de m'avoir encouragé de m'avoir répondu, de m'avoir enrichi de vos propres expériences, corrigé de certaines approximations comme les symboles chimiques mal retranscrits. Certaines, écrites des weekends plus chargés que d'autres, comportaient plusieurs fautes d'orthographe, découvertes avec honte lors de mes relectures pour ne pas aborder un thème déjà traité. Vous avez toujours été bienveillants, courtois et compréhensifs. Et pour beaucoup, nos relations professionnelles ont été beaucoup plus riches que ces échanges autour des arbres et de nos plannings de gestion du patrimoine.
Je tiens également à vous remercier pour votre engagement pour la chose publique, Monsieur le Maire et vous Mesdames et Messieurs les élus qui sacrifiez votre vie familiale pour mettre en oeuvre vos projets de société afin d'améliorer la vie de nos concitoyens, vous mesdames et messieurs les Présidentes et Présidents d'Union de quartier et au-delà les membres actifs de vos associations, des CCI, animés d'un même dévouement dans la recherche de l'intérêt de tous et de l'équité, puis aussi les collègues, souvent aux manettes pour mettre en oeuvre les décisions arbitrées, animés également par le sens du service public qui sublime la conscience professionnelle.
Toutes ces convictions qui se confrontent, qui entrent en résonnance, ouvrent des horizons et des perspectives vers un monde meilleur, constituent une richesse et méritent un grand respect et les remerciements des Grenoblois.
Alors encore une fois, merci à tous.
Voir le planning d'intervention sur les arbres de la semaine.

4 septembre 2019

Après le rapport de 2014 « Perspectives de l'urbanisation mondiale » dans lequel les experts des Nations unies évoquaient une concentration des deux tiers de la population mondiale dans les villes d'ici 2050, un nouveau paradigme socioécologique émerge et qui fait des « villes et communautés durables » un des objectifs du développement durable et les place dans les priorités de l'agenda mondial 2030 de l'organisation des Nations unies. Bien que toutes les régions du monde soient concernées, l'Inde, la Chine et le Nigéria représenteront 37% de cette croissance. L'urbanisation s'accompagne d'un changement anthropique spectaculaire des paysages, avec une dégradation, un remplacement ou une perte complète des écosystèmes naturels. En Afrique subsaharienne, les villes à croissance rapide telles que Kano, Niamey, Sikasso et Bobo-Dioulasso convertissent les savanes boisées naturelles en terres agricoles irriguées pour nourrir leurs populations croissantes ; la proportion de terres cultivées prises sur les espaces boisés entourant les quatre villes a augmenté de 35% en 50 ans Dans certains cas, l'urbanisation rapide a fragmenté les forêts et créé des parcelles de forêts isolées au milieu des villes ou sur leurs bords, comme à Berlin, Paris ou Mumbay.
Dans d'autres villes, des forêts ou des parcs ont été créés de novo par replantation. Ces modifications des écosystèmes naturels ont ensuite conduit à l'émergence de nouvelles dynamiques et d'un nouvel ensemble d'interactions socioécologiques entre les seuls humains, mais aussi entre les humains, d'autres espèces et leurs écosystèmes, du niveau local au niveau global. L'urbanisation, le changement d'utilisation des terres et la croissance de la population humaine font partie des causes les plus importantes de l'extinction des espèces et en conséquence de la perte de la fonction des écosystèmes.
Malgré cela, des espèces d'animaux sauvages se sont adaptées aux milieux urbains et ont trouvé de nouvelles opportunités pour prospérer et proliférer en cohabitation avec les humains (Hunter, 2007). La diversité des habitats urbains (parcs, forêts, jardins) et des ressources alimentaires en abondance (déchets alimentaires, nourritures pour animaux de compagnie, fruits, graines, etc.) font des environnements urbains et périurbains des zones attractives pour de nombreux animaux sauvages. Parcs et espaces verts, étangs et rivières urbaines hébergent une biodiversité considérable même dans les plus grandes villes du monde (Secretariat of the convention on biological diversity, 2012) :

  • Calcutta abrite 273 espèces d'oiseaux ;
  • São Paulo, où 21% de la ville est couverte par une forêt dense, héberge pas moins de 435 espèces animales ;
  • Singapour, avec son réseau de parcs, héberge une riche faune indigène dont 52 espèces de mammifères, 364 espèces d'oiseaux et 103 espèces de reptiles.
Il a été montré que les parcs urbains constituent des points chauds (hotspots) de biodiversité dans différentes régions du monde (Nielsen et al., 2014).
Par ailleurs, les animaux de compagnie et animaux domestiques ont tendance à être considérés comme des membres de nos familles et partagent notre maison et nos villes. Ceci est particulièrement vrai dans le monde occidental, mais aussi de plus en plus en Asie. Aux États-Unis, c'est 68% des foyers qui possèdent un animal de compagnie, essentiellement des chiens et chats (184 millions d'individus), mais avec la mondialisation du commerce des animaux, les animaux de compagnie comprennent également des reptiles (9,4 millions) et des petits animaux comme les rongeurs (14 millions) (APPA National Pet Owners Survey 2017-2018).
Cette biodiversité urbaine peut avoir des implications aussi bien positives que négatives pour la santé humaine et plus largement pour la santé des écosystèmes, qui peuvent être très différentes selon les régions du monde. S'ouvre alors un débat passionnel et passionnant entre les promoteurs de la conservation de la biodiversité et du ré-ensauvagement (rewilding) de nos villes et les tenants d'une démarche plus aseptisée et hygiéniste. Une approche systémique et intégrée de la santé, prenant en compte la forte interdépendance de la santé humaine avec celle des animaux et des écosystèmes, devient alors une nécessité.
L'approche dite « One Health » est basée sur les liens fondamentaux entre la santé humaine et celle des animaux et des écosystèmes, ainsi que sur la valeur ajoutée des collaborations interdisciplinaires et intersectorielles dans ce domaine.
Source : extraits de l'article d'Isabelle Bolon - Nicola Cantoreggi - Jean Simos - Rafael Ruiz De Castañeda dans le dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018) de la Revue forestière française.
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30 août 2019

La biodiversité forestière a été de longue date la source d'une pharmacopée. Une étude faite sur 119 médicaments dérivants des plantes a montré que les indications thérapeutiques de 74 % d'entre eux sont identiques ou liées à l'utilisation ethnomédicale de leurs plantes sources. Cela souligne la pertinence de l'information ethnopharmacologique pour la recherche de nouveaux médicaments. Une récente évaluation révèle que les produits naturels et leurs dérivés représentent plus d'un tiers de toutes les nouvelles entités moléculaires approuvés par la Food and Drug Administration (FDA). Environ la moitié d'entre eux proviennent de mammifères, un quart des microbes et un quart de plantes. Pour ne considérer que les plantes, il convient de rappeler que plusieurs milliers d'entités chimiques différentes peuvent être bio-synthétisées par une plante. Leurs métabolites secondaires sont extrêmement diversifiés. Plus que de 200 000 structures différentes ont été décrites. La phytochimie a permis de découvrir d'innombrables molécules thérapeutiques qui ont joué et jouent encore un rôle de premier plan dans le développement de médicaments conventionnels. Certaines molécules les plus anciennes occupent toujours une place indéniable dans le système médical actuel comme la morphine.
Aujourd'hui, on assiste à un véritable engouement pour les suppléments nutritionnels, compléments alimentaires et autres alicaments, qu'il s'agisse de produits bruts (baies, champignons), ou issus de processus de transformation visant à « enrichir » certains aliments
Les arbres eux-mêmes sont la source de composés bioactifs issus de l'écorce, du feuillage ou du bois, qui sont aujourd'hui commercialisés. (Nous avons tous en tête l'exemple de C9H8O4 isolé pour la première fois dans l'écorce du saule. S'il y en a un qui hésite, c'est l'acide salicylique ou aspirine, l'un des médicaments les plus consommés au monde.) Ces composés sont très variés : polyphénols (dont les flavonoïdes, les acides phénoliques et les tannins), les phytoestrogènes (dont les lignanes), les stilbènes, caroténoïdes, stérols, etc.) qui possèdent des activités biologiques d'intérêt : antitumorales et antiathérogènes (c'est-à-dire s'opposant à la formation des dépôts graisseux sur la paroi des artères), potentiel antioxydant.
Pour les écorces, un bon exemple est le xylitol, extrait des espèces feuillues et notamment du bouleau. Ce polyol est un substitut du sucre classique (saccharose) ; il est apprécié en Scandinavie, comme une réponse possible aux problèmes de santé publique liés à la surconsommation de sucre ou encore aux caries dentaires. Les écorces des conifères sont riches en composés ayant des actions antioxydantes et des propriétés anti-inflammatoires.
Ainsi, le Pycnogenol (R), extrait de l'écorce du Pin maritime est composé de bioflavonoïdes actifs, d'acides phénoliques et de procyanidines. On peut le trouver sous différentes formes dans de nombreux produits : compléments alimentaires, boissons, crèmes, gélules.
Les noeuds du bois de conifères contiennent des polyphénols avec comme groupe dominant les lignanes. Les noeuds d'Épicéa (Picea abies) sont riches en hydroxymatairésinol (HMR) qui a de fortes propriétés antioxydantes (et potentiellement antitumorales). Des compléments alimentaires sont sur le marché depuis dix ans. C'est un champ de recherche développement sur lequel l'industrie papetière est très active. Le bois lui-même peut être source de molécules d'intérêt. Ainsi le sitostanol, composé analogue au sitosterol, est tiré d'un sous-produit de la fabrication de la pâte à papier ; certains alicaments laitiers en contiennent comme le Benecol (R) visant à réduire le taux de cholestérol sanguin.
Source : La Revue forestière française a réalisé un dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018)
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23 août 2019

L'arboretum national de Chèvreloup n'est pas assez connu.
Véritable musée de l'arbre vivant il ne contient à quelques rares exceptions que des espèces sauvages présentes dans la nature. Néanmoins, quelle richesse ! Avec 2500 espèces d'arbres, le domaine accueille la plus riche collection en Europe continentale. Parmi les conifères, le parc héberge 40 espèces d'épicéas sur les 50 recensées dans la nature, 41 espèces de sapins sur les 51 recensées dans le monde, 77 espèces de pins sur les 111 recensées. Certains ont disparu ou sont en voie de disparition dans leur aire d'origine comme le Picea aurantiaca chinois ou encore le Cupressus dupreziana du Tassili algérien.
L'histoire de l'arboretum commence en 1699 lorsque Louis XIV fait l'acquisition de cette plaine pour disposer d'un vaste terrain de chasse à proximité du château.
Sous Louis XV, Bernard de Jussieu, botaniste célèbre, venait souvent à Versailles à la demande du Roi. Il créa en limite de Chèvreloup un jardin botanique organisé selon ses conceptions de classification (méthode naturelle) mais ce jardin fut détruit à la mort de Louis XV. Les biens furent confisqués à la révolution et vendus à un propriétaire privé. Napoléon racheta ces terres en 1806.
Xi Xème et début du XX ème siècle le manque de place et la mauvaise qualité des sols du Jardin des Plantes à Paris imposent l'idée d'une collection à Chèvreloup. En 1922 les travaux commencent et les premiers essais de multiplication des végétaux sont réalisés en 1924. C'est en 1927 qu'un décret affecte officiellement les 205 hectares au Muséum national d'histoire naturelle en vue de la création d'un arborétum. Les plantations démarrent activement avec l'aide des militaires. La guerre fait cesser toute activité botanique et les 2/3 des arbres plantés en 1924 ne survivent pas aux activités agricoles qui la remplacent. Ce n'est qu'en 1965 qu'un nouveau plan de plantation regroupant les sujets en fonction de leur continent d'origine est établi. C'est donc un espace de plantations récentes qui est à découvrir ayant par ailleurs payé un lourd tribu à la tempête de 1999 avec 1100 arbres couchés ou cassés, 300 redressés avec peu de succès, 700 repris en soins divers et la disparition de 5 espèces.
Comme tous les jardins botaniques importants dans le monde (850), l'Arboretum participe, par l'intermédiaire de la graineterie du Jardin des Plantes aux échanges internationaux de graines. Chaque jardin récolte dans la nature, les graines de plantes sauvages susceptibles d'intéresser leurs correspondants. Entre l'arrivée des graines et la plantation définitive de l'arbre il s'écoule entre 6 et 10 ans.
Bonne visite pour vos prochaines vacances.
Sources : François Hachette (Parc de Chèvreloup), Eric Joly (directeur des jardins botaniques du Muséum national)
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14 août 2019

Je ne voudrais pas que certains se perdent dans des forêts en cette période estivale et me le reprochent, aussi, même si elles ne sont jamais loin de mes propos, je vais me recentrer aujourd'hui sur l'urbain.
Comme l'écrivent Yang et son équipe dans une étude de 2016, nous sommes des animaux sociaux et les interactions sociales sont importantes pour notre santé. L'isolement est un facteur de risque de troubles mentaux chez les personnes âgées (alors qu'au moins 10% des personnes âgées sont isolées socialement), notamment chez les femmes. La quantité et la qualité des espaces verts peuvent jouer un rôle important en encourageant les interactions sociales.
Cependant, les relations entre bien-être social et espaces verts sont complexes et aller au-delà des études observationnelles pour en explorer les mécanismes n'est pas aisé.
Les espaces verts urbains apportent des bénéfices pour la santé plus prononcés pour certaines catégories de la population qui souffrent d'inégalités provoquées par le mode de fonctionnement de nos sociétés, Il s'agit plus particulièrement :

  • Des femmes. Plusieurs études montrent qu'elles se sentent plus en sécurité et moins vulnérables pour exercer une activité physique ou de ressourcement dans les espaces verts urbains que dans les rues. Les bénéfices en matière de santé mentale de l'exposition aux espaces verts urbains sont plus importants pour les femmes que pour les hommes et notamment pour les femmes enceintes (McEachan et al., 2016 ; Grazuleviciene et al., 2014).
  • Des enfants et des adolescents. Ceci commence dès avant la naissance, puisque des effets bénéfiques au développement intra-utérin de l'exposition aux espaces verts des mères ont été documentés. Plus tard, le développement cognitif des enfants est stimulé et les risques de ADHD (Syndrome d'hyperactivité avec déficit d'attention) sont réduits si ils pratiquent les espaces verts. L'inclusion sociale des enfants et adolescents est grandement facilitée, les environnements urbains naturels ou ensauvagés offrant aux adolescents la possibilité de maîtriser dans des situations de moindre insécurité leur propension naturelle à explorer les risques, aller au-delà des limites et développer leurs aptitudes. C'est pourquoi, sauf à proximité des voiries, il est conseillé de ne pas enfermer les aires de jeux dans des barrières sécuritaires afin de permettre aux enfants de partir vers l'aventure de la végétation proche. Ce concept se heurte au souhait de facilité de contrôle ou à l'angoisse des nounous et des parents.
    Par ailleurs, une étude de 300 000 enfants dans 35 pays a établi que les forêts et autres espaces naturels peuvent efficacement compenser un système d'assainissement absent ou défaillant en diminuant clairement la prévalence de la diarrhée, seconde cause de mortalité pour les enfants de moins de cinq ans. Par conséquent, fournir et entretenir des espaces verts appropriés dans les régions urbaines peut contribuer fortement à réduire les inégalités sociales de santé.
  • Des personnes âgées. Comme pour les femmes, les effets bénéfiques sont plus prononcés pour elles que pour la population en général (de Vries et al., 2003). L'accès aux espaces verts urbains joue un rôle protecteur important pour la prévention des insomnies des 65 ans et plus (Grigsby-Toussaint et al., 2015). Il stimule aussi leur activité physique (Broekhuizen et al., 2013) et leur capital social (Kweon et al., 1998).
  • Des personnes défavorisées socio économiquement ou ethniquement. Il existe de plus en plus de preuves que les bénéfices pour la santé de l'accès à des espaces verts urbains de ces catégories de la population sont bien plus importants que pour la population en général (Mitchell et al., 2015). Bien que tous les groupes de la population pratiquent l'activité physique dans les environnements naturels, le gradient socioéconomique habituel a également été constaté dans ce domaine (White et al., 2016). La célèbre étude de Mitchell et Popham (2008) avait montré que l'exposition aux environnements les plus verts était associée à des taux de mortalité plus bas dans les groupes défavorisés en Angleterre, ce qui a été confirmé par des études postérieures (Villeneuve et al., 2012 ; Lachowycz et Jones, 2014). Une large étude épidémiologique européenne a montré que les inégalités sociales de santé mentale et de bien-être étaient de 40 % inférieures pour les personnes ayant un bon accès aux espaces verts par rapport à celles qui n'en avaient pas (Mitchell et al., 2015).
Source : extraits du dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018) de la Revue forestière française.
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31 juillet 2019


Il semblerait qu'il existe une dichotomie notable entre ceux qui considèrent que les preuves accumulées sont suffisantes pour affirmer que le contact avec les forêts et les espaces verts engendre des bienfaits importants et ceux qui pensent le contraire. Dans la première catégorie, on trouve principalement les praticiens du secteur forestier et des loisirs de plein air, alors que dans la deuxième, ce sont principalement les professionnels de la filière santé. Sans entrer dans les querelles qui très vite peuvent devenir cyniques sur un fond de gains financiers générés par les traitements en comparaison à la prévention, je vous livre en complément de ma précédente chronique d'autres éléments d'études :
Plusieurs chercheurs ont déterminé des différences de teneurs hormonales après une exposition en forêt. Les résultats montrent que le cortisol (hormone de stress) atteint des valeurs significativement plus faibles en milieu forestier et que le fait d'être physiquement actif dans cette forêt procure des avantages plus importants que d'y être passif, en observation par exemple. Ohtsuka et al. ont pu montrer une diminution significative de la glycémie de patients diabétiques après une promenade en forêt.
Des enquêtes psychologiques font état d'un score de vigueur, significativement plus élevé après avoir marché en forêt par comparaison à l'exposition aux environnements urbains. En même temps, les scores pour la tension et l'anxiété, la colère et l'hostilité, la fatigue, la confusion ou la dépression étaient significativement plus bas.
Quelques études ont porté sur l'influence des modes de gestion et ont conclu que la marche dans une forêt entretenue a un effet positif plus grand sur l'humeur qu'une promenade en forêt sauvage. En appliquant une échelle d'évaluation émotionnelle simple, Matsunaga et al. (2011) ont observé des scores émotionnels significativement meilleurs chez les patients hospitalisés exposés à un petit boisement de 122 m² situé sur le toit d'un hôpital comparé à ceux ayant vue sur un parking extérieur.
Il est très difficile de tirer des conclusions sur l'ampleur dans laquelle l'exposition forestière pourrait être bénéfique pour la santé et d'autres études sont nécessaires.
Source : La Revue forestière française a réalisé un dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018)
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16 juillet 2019

Selon les prédictions de chercheurs, les dépressions et maladies cardiaques figureront parmi les maladies qui auront le plus d'impact sur les populations des pays riches en 2030 et qui entraineront une mortalité prématurée. Or l'influence positive de la visite des milieux naturels ou d'espaces verts sur la santé mentale et physique que nous avons évoquée dans plusieurs chroniques est scientifiquement prouvée (Grahm et Stigdotter, 2003). On dispose également de références selon lesquelles les gens qui ont un nombre assez élevé d'arbres urbains près de chez eux évaluent leur état de santé comme significativement meilleur et ont de manière probante moins de maladies cardiométaboliques comme l'hypertension et le diabète (Kardan et al, 2015). Toutefois les études font rarement la différence entre forêt et d'autres formes d'environnement naturel. Les études spécifiques sur l'immersion en forêt proviennent essentiellement du Japon. Les résultats indiquent un effet favorable de l'exposition à la forêt sur le niveau individuel de stress, sur le pouls et la tension artérielle, sur le niveau de relaxation. Des études se sont orientées sur le système immunitaire, d'autres sur l'activité des cellules tueuses (NK), sur les proportions de lymphocytes NK et T ou encore le nombre global de lymphocytes. Sans détailler tous les résultats on peut écrire que le nombre de cellules NK et leur activité ont augmenté de façon significative après une marche en forêt de deux heures trois fois en deux jours alors que le taux de lymphocytes T a diminué de manière tout aussi significative.
Un petit nombre d'études ont également déterminé d'autres indicateurs importants pour la défense immunitaire tels que la concentration d'immunoglobuline A salivaire, l'interleukine-6 et le facteur de nécrose tumorale.
Dans la prochaine chronique nous évoquerons des recherches sur les hormones et sur l'humeur en lien avec la forêt.
(Source : La Revue forestière française a réalisé un dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018))
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3 juillet 2019

Nous avons décalé et lissé une grosse partie du programme de cette semaine sur les prochaines car depuis lundi soir l'équipe est sur les conséquences du phénomène venteux et orageux. Plus d'une dizaine d'arbres abattus et de nombreuses branches au sol ou en suspension. Nous priorisons les interventions qui se termineront probablement semaine prochaine pour ce qui n'est pas dangereux mais souvent plus visible puisqu'au sol.
Petite chronique :
Le milieux forestier impliqué dans les allergies polliniques est également favorable à la prolifération de moisissures, minuscules champignons filamenteux qui se reproduisent en libérant dans l'air une grande quantité de spores de formes variées dont la taille s'échelonne de 1 à 500 microns. Nombre de moisissures renferment des protéines allergisantes pouvant être responsables chez les personnes sensibilisées (5% de la population) des manifestations cliniques prenant la forme de rhinites, de conjonctivites ou d'asthme.
Certaines espèces de spores tombent au sol dans une proportion de plus de 95% à moins d'un mètre de la moisissure émettrice. D'autres, surtout celles qui à maturité sont projetées vers l'extérieur de l'asque qui les contenait, sont facilement emportées par le vent. Il est courant d'observer dans l'air des concentrations 10 à 100 fois plus élevées que celles des pollens. Ceci explique la contamination sur les blessures accidentelles ou de taille des arbres. Les spores de Ganodermes, champignon qui vit sur les troncs, constituent 6 à 34% de la flore fongique exportée. Le cas de ce champignon est assez particulier. Pas moins de 10 à 48% de toutes les sensibilisations humaines lui sont attribuées. Ces spores, dont l'origine est presque exclusivement forestière se retrouvent un peu partout dans les villes et les campagnes à des concentrations largement suffisantes pour entrainer des réactions allergiques après un transport aérien approchant parfois les 200 km. le Ganoderma applanatum peut produire 30 milliards de spores en 24 heures et pendant la période estivale, les carpophores de notre ganoderma applanatum et tout son environnement se voient maculés d'une poudre brune donnant l'impression qu'un enfant se serait amusé à répandre la poudre de son chocolat.
Les concentrations les plus importantes de spores par an et par site du réseau national de surveillance aérobiologiques sont celles des champignons Ascomycètes (715826 spores) suivi du genre Cladosporium avec de nombreuses espèces (658157 spores), notre ganoderme n'arrivant qu'en septième position avec 13744 spores.
(Source : La Revue forestière française a réalisé un dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018))
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28 juin 2019

Depuis le début des années 2000 les publications de toutes natures sur les interactions entre forêts et santé publique se sont multipliées. Des programmes de recherche au niveau national et international ont été initiés. Le champs des connaissances ne peut actuellement être considéré comme stabilisé et les regards sur ces questions restent pluriels. Michel THIBAUDON et Jean-Pierre BESANCENOT du réseau national de surveillance aérobiologique ont réalisé une synthèse bibliographique sur les forêts tempérées comme sources potentielles d'allergies, via les pollens de certaines espèces, des spores de champignons, des sciures, la résine et certaines chenilles. Nous avons extrait quelques passages de cette synthèse.
Même si les allergies constituent la quatrième pathologie chronique mondiale en pleine croissance, la forêt n'est que modérément identifiée comme source d'allergies en fonction de sa composition spécifique. Néanmoins, 53 allergènes différents ont été décrits dans les pollens d'arbres de nos forêts. La proportion d'espèces anémophiles (transport par le vent du pollen vers les fleurs de sexe opposé pour fécondation) augmente de l'équateur aux pôles jusqu'à approcher les 100% au-delà du cinquantième parallèle. Les grains de pollen sont en général petits (20 à 50microns), légers, secs, pulvérulents, et produits en très grande quantité. Ainsi la production pollinique d'un chêne adulte a pu être estimée à une moyenne de 291milliards de grains par an. Celles du frêne, du peuplier et du pin sont estimées à 76, 42 et 25 milliards. En présence du moindre souffle d'air et du moindre brassage vertical les pollens peuvent s'élever jusqu'à 3 kilomètres et être entrainés sur de longues distances à plusieurs dizaines de kilomètres. Le pollen de bouleau de 21 microns est celui que le vent porte au plus loin et l'on en relève de fortes concentrations sur la majeure partie du territoire alors que cet arbre constitue moins de 1% de la forêt Française.
Les risques d'allergie liés aux pollens des arbres se concentrent logiquement en forêt. Toutefois, le pollen sédimente plus rapidement en milieu forestier qu'en terrain découvert et la dispersion des pollens d'une surface boisée de moins de 25 ha est supérieure à celle des grandes forêts. Le pollen de Sapin trop volumineux pour être entrainé par le vent tombe à 99% au pied même de l'arbre alors que le chêne peu représenté en dehors des forêts fournit les scores polliniques les plus élevés sur l'ensemble des 69 sites du Réseau national de surveillance aérobiologique.
À Grenade où presque 30% de la population souffre de pollinoses, il a été établi que 49% des pollens recueillis en centre-ville provenaient des 40 espèces d'arbres de la forêt de l'Alhambra à proximité contre 41%pour les cultures des alentours et à peine 10% pour les parcs, jardins et arbres d'alignement de la ville.
(Source : La Revue forestière française a réalisé un dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018))
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19 juin 2019

Nous avons évoqué dans de précédentes chroniques la destruction des haies dans le paysage Français. Le quatrième congrès des acteurs mondiaux de l'agroforesterie s'est tenu pour la première fois en Europe fin mai, à Montpellier. Le premier plan Français de développement de l'agroforesterie lancé en décembre 2015 nous a fourni la crédibilité pour organiser cet évènement.
L'agroforesterie devrait répondre aux défis de l'alimentation durable, la biodiversité, la gestion des ressources, la fertilité des sols, l'adaptation au changement climatique, le développement économique des territoires...
Pilier de la transition agroforestière, le renforcement des haies repose sur la démonstration de leur valeur économique et sociale pour que les agriculteurs les inscrivent pleinement dans le fonctionnement de leur exploitation. Au plan national, le « Plan de gestion durable des haies » offre aux agriculteurs la perspective d'une certification « Bois bocagé géré durablement ». Néanmoins, le solde annuel reste négatif à hauteur de -8500 km, les destructions de haies restant importantes avec 11500 km pour 3000 km de plantations.
Au cours de ce congrès d'autres chiffres ont été évoqués comme les 50000 km de haies plantés en près de 40 ans depuis 1980 alors qu'il faudrait planter environ 30000km annuellement pendant dix ans pour atteindre le linéaire d'après-guerre à condition de ne plus en arracher.
Les lycées agricoles mettent en place des expériences d'agroforesterie dans leurs exploitations pour former les futurs agriculteurs et techniciens. 70 des 190 établissements français se sont engagés. L'agroforesterie française c'est aussi des bocages (700000ha), des prés-vergers (100000ha), du sylvo-pastoralisme et de la culture d'aliments intra parcellaires.
Voir le planning d'intervention sur les arbres de la semaine.

13 juin 2019

La Revue forestière française a réalisé un dossier spécial forêts et santé publique (numéro 2-3-4 -2018) édité conjointement par la revue santé publique. Nous en évoquerons des extraits prochainement.
Aujourd'hui je souhaite relayer une nouvelle étude dirigée par une chercheuse de l'Université Concordia pour examiner de plus près le phénomène des îlots de chaleur ainsi que les mesures susceptibles de l'atténuer. D'après Carly Ziter, professeure adjointe de biologie à la Faculté des arts et des sciences, la présence d'un couvert arborescent important en zone urbaine peut abaisser considérablement la température des environs immédiats - suffisamment pour qu'on ressente une bonne différence, même dans un périmètre de quelques pâtés de maisons. Ce concept est largement accepté par les universitaires comme le grand public, à la suite de nombreuses études précédentes et je ne vous apprend rien. La nouveauté est plutôt dans son affirmation qu'il existe une relation non linéaire entre le couvert arborescent et la baisse de la température : lorsque le couvert atteint un certain seuil, la température commence à diminuer beaucoup plus rapidement.
« Nous avons découvert que pour optimiser le refroidissement, il est nécessaire d'avoir environ 40 pour cent de couvert arborescent, et que cela fonctionne encore plus à l'échelle d'un pâté de maison. Ainsi, si votre quartier compte moins de 10 pour cent de couvert arborescent, vous ressentirez un certain refroidissement, mais pas beaucoup. Une fois le seuil atteint, vous constaterez réellement à quel point vous pouvez rafraîchir des secteurs complets. » précise-t-elle.
Elle ajoute que l'écart entre une zone à fort couvert arborescent et une sans arbre peut aller jusqu'à quatre ou cinq degrés Celsius, même si elles ne sont séparées que de quelques centaines de mètres.
Pour obtenir ces données, Carly Ziter - qui achevait alors un doctorat à l'Université du Wisconsin à Madison - et ses collègues ont conçu de petites stations météorologiques mobiles à piles, qu'ils ont fixées sur des vélos. Ils ont pédalé à travers la ville et recueilli des lectures à raison d'une par seconde, soient environ tous les cinq mètres. Ils ont ainsi pu avoir une idée claire de la température à différents endroits de la ville, et établir une comparaison avec l'étendue du couvert arborescent, des rues et des structures bâties.
Leur méthode leur a donné suffisamment de données en temps réel de qualité pour procéder à des études à fine échelle axées sur le lien entre le couvert arborescent, les revêtements imperméables et la température.
« En faisant de tels relevés tout au long de l'été, nous avons noté que les températures varient autant à l'intérieur même de la ville qu'entre la ville et la campagne environnante » indique la professeure Ziter. Ce ne sont donc pas tant des « îlots de chaleur » que nous observons, mais plutôt des « archipels de chaleur »
Credit : Carly Ziter
Voir le planning d'intervention sur les arbres de la semaine.

7 juin 2019

Le 19 novembre 1896 monsieur Allemand proposait un projet de plantation de « la rue Lesdiguières prolongée ». Ce sont ainsi 103 érables sycomores qu'il proposait d'installer à une distance de 7 à 8 mètres les uns des autres entre l'Aigle et le boulevard Gambetta pour une dépense de 2980,70 francs. L'achat de la terre végétale et son transport à raison de 12 m3 par arbre constituait le poste financier le plus important et s'élevait à 1030 francs. Le prix d'un arbre était de 5 francs. Le creusement des 103 trous était estimé à 257 francs et le chargement et enlèvement des déblais à 865 francs. Toutefois, le jardinier en chef espérait réaliser « une petite économie si les travaux pouvaient être entrepris dès maintenant par la raison que j'y emploierais quelques-uns de nos jardiniers et quelques journées de notre mulet. » Le courrier destiné au Maire fut visé par l'Adjoint Délégué Gontard avant d'être annexé à une délibération du 11 janvier 1897 et envoyé pour validation au conseiller de Préfecture Délégué pour signature de validation au nom du Préfet. Cette plantation fut réalisée et dès avril 1898 il était demandé la suppression de quelques arbres pour la création du carrefour au croisement de la rue Lakanal. À cette époque, les arbres pouvaient déjà gêner des activités urbaines mais ce sera l'objet d'une prochaine chronique.
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31 mai 2019

Le 19 novembre 1896 monsieur Allemand proposait un projet de plantation de « la rue Lesdiguières prolongée ». Ce sont ainsi 103 érables sycomores qu'il proposait d'installer à une distance de 7 à 8 mètres les uns des autres entre l'Aigle et le boulevard Gambetta pour une dépense de 2980,70 francs. L'achat de la terre végétale et son transport à raison de 12 m3 par arbre constituait le poste financier le plus important et s'élevait à 1030 francs. Le prix d'un arbre était de 5 francs. Le creusement des 103 trous était estimé à 257 francs et le chargement et enlèvement des déblais à 865 francs. Toutefois, le jardinier en chef espérait réaliser « une petite économie si les travaux pouvaient être entrepris dès maintenant par la raison que j'y emploierais quelques-uns de nos jardiniers et quelques journées de notre mulet. » Le courrier destiné au Maire fut visé par l'Adjoint Délégué Gontard avant d'être annexé à une délibération du 11 janvier 1897 et envoyé pour validation au conseiller de Préfecture Délégué pour signature de validation au nom du Préfet. Cette plantation fut réalisée et dès avril 1898 il était demandé la suppression de quelques arbres pour la création du carrefour au croisement de la rue Lakanal. À cette époque, les arbres pouvaient déjà gêner des activités urbaines mais ce sera l'objet d'une prochaine chronique.
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24 mai 2019

Une collègue bien intentionnée et fort sympathique m'a fait découvrir le site les têtards arboricoles. Vous y trouverez, photos, articles du Castor masqué à la recherches des plus grands, des plus gros et des plus vieux arbres de la région grenobloise. Ainsi 500 sujets « remarquables » sont cartographiés et listés. Le parc Paul Mistral et son marronnier blanc tout comme le jardin des Plantes et le parc Soulage sont l'objet d'un article à côté des parcs de Sassenage ou du château de Vizille. Ce sont 90 arbres sur la commune qui ont été inventoriés, la zone d'inventaire couvrant 61 communes. Les 5m33 de circonférence de tronc à 1m30 de hauteur n'offre que la septième place à notre champion du parc Michallon dans la catégorie des cèdres, le premier du parc de Sassenage affichant un tour de taille de 7,90m. Par contre, nous pouvons revendiquer la première place exæquo pour le plus grand arbre avec un platane de l'Ile Verte dans le parc des trois tours qui culmine à 46,50 mètres comme un autre platane du parc de Sassenage. Plutôt que de reprendre des éléments, je vous conseille de surfer sur le site: http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/
Et pour les plus pressés : http://lestetardsarboricoles.fr/wordpress/2019/01/14/les-arbres-remarquables-de-grenoble-chapitre-3-3-partir-a-leur-rencontre/#more-21421
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15 mai 2019

Il existe de plus en plus de concours et labels pour attester de la qualité de prestations ou de l'excellence. Le 19 mars dernier, la remise des prix du concours de l'Arbre européen a eu lieu au Parlement européen à Bruxelles. Quinze nations proposent chaque année depuis 2011 leur candidat sélectionné par les déclinaisons nationales de ce concours. C'est l'ONF et le magazine Terre Sauvage qui l'organisent en France avec différents soutiens dont la LPO et l'association A.R.B.R.E.S. La dimension culturelle, sociale, affective et symbolique auprès des populations du Vieux Continent prédomine sur la beauté et la taille. En 2018 notre nation a sélectionné « L'arbre-oiseau » de Ghisonaccia en Corse. Vous retrouverez la photo de ce chêne liège d'environ 230 ans sur le site www.treeoftheyear.org et dans différents livres sur les arbres remarquables de France ainsi que la réédition de « Face aux arbres » de Christophe Drénou. Sans effort d'imagination son tronc tourmenté nous évoque une silhouette de rapace. Ce sujet s'est vu décerner le 4 ème prix européen 2019. Le premier prix est revenu à un amandier de 135 ans qui signale la façade d'une église Hongroise. Plusieurs chênes ont été récompensés dont un magnifique chêne ballote (Quercus ilex subsp. Ballota) Portugais. Ce dernier, endémique de la péninsule ibérique et du Maghreb que l'on peut trouver dans les Bouches du Rhône, apparait également dans de nombreuses illustrations de chêne vert. Ses glands, encore utilisés pour l'alimentation humaine dans certaines régions, servent de nourriture aux porcs ibériques. Il ne faut pas le confondre avec le chêne vert à glands astringents (Quercus ilex L.) beaucoup plus représenté en France. Autre lien pour le site français avec sa carte interactive : https://www.arbres.org/label-national.htm
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7 mai 2019

Le 1er avril 1932 le Directeur des Promenades alertait Léon Martin Maire de Grenoble sur l'état des arbres de l'avenue d'Eybens. « Cette plantation effectuée en majeure partie par des érables est certainement d'un certain âge et a été effectuée sans aucun doute par le service des Ponts et Chaussées... En haut une nappe de fils télégraphiques et téléphoniques empêche tout essor de ces végétaux leur plantation n'ayant pas été faite à distance réglementaire du caniveau c'est-à-dire un mètre. Les têtes des arbres se sauvent donc chez les riverains apportant ainsi un embêtement aux jardins... ». Le 16 septembre ce Directeur de service rappelait au Maire son rapport du premier avril en insistant sur ses craintes puis sur courrier du 10 octobre «... aujourd'hui ces craintes sont justifiées, un arbre est tombé dans une propriété... ». Dès le 12 octobre la ville de Grenoble met en vente les arbres bordant à droite et à gauche l'avenue d'Eybens de l'exposition à la barrière du chemin de fer de Chambéry soit 1150 mètres.
L'adjudicataire sera tenu à ses risques et périls de procéder à leur coupe à 10 cm au-dessous de la surface du sol... L'enlèvement du bois sera rapide de façon à laisser les trottoirs libres... L'adjudicataire sera tenu de mentionner le prix offert en toute lettre et d'en verser le montant à la Recette Municipale après établissement d'un titre de recette dans les cinq jours qui suivront l'acceptation, en tout cas avant de commencer le travail... ». Dès le 20 octobre 1932, le Directeur faisait savoir à monsieur Bouvier que son offre de six cent cinquante francs avait été acceptée, qu'il devait en faire le versement à la Recette Municipale et qu'il pourrait ensuite commencer les travaux.
Cette avenue d'Eybens est restée sans arbres ou presque depuis malgré quelques projets. En 1950 le directeur de service évoquait la replantation d'une ligne d'arbre à la place du tramway qui devait disparaitre et proposait « une piste pour cyclistes » entre les arbres et la chaussée. Le 14 août 1959 un avis similaire était émis : « Le projet présenté par les Ponts et Chaussées prévoit que la chaussée sera élargie de 2m40... Si la chaussée pouvait être conservée dans sa largeur actuelle (de 9 mètres) une belle plantation nouvelle pourrait être envisagée sur le côté ouest à l'emplacement de l'ancienne ligne de tramways et cela de la place Paul Mistral à Eybens. La piste cyclable pourrait être à deux voies de part et d'autre des arbres ».
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3 mai 2019

J'ai trouvé une convention « entre la ville de Grenoble et le Département de la Guerre au sujet de l'élagage et de l'entretien des arbres de la rue du Rempart et du chemin de Ronde Extérieure ». Datée du 10 août 1896 elle a été enregistrée le 5 janvier 1898. Le Jardinier en Chef de la ville, monsieur Allemand qui avait remplacé Jean-Baptiste Varlot à la direction du service des promenades et jardins, a été désigné par l'adjoint du Maire Félix Poulat, pour conduire avec un représentant de l'armée, l'Adjoint du Génie Chardoir, un récolement des plantations existantes. Le chemin de Ronde Extérieure allait de la porte de l'ile Verte sur la rive gauche de l'Isère jusqu'à la rive droite du Drac. La rue du Rempart était considérée de la caserne Dode jusqu'à la rive droite du Drac en passant par la porte des Alpes. L'état a été réalisé par tronçons. Rue du Rempart ce sont 479 arbres répertoriés, classés par quatre tranches de circonférence de tronc (0.20m à 0,50m, 0.50m à 1m, 1m à 1.50m et 1.50m à 2m). L'espèce la plus représentée était l'érable sycomore (acer pseudoplatanus) avec 228 sujets. Ensuite venaient 156 platanes, 4 de plus d'1.5m de circonférence et un nombre significatif de plus de 1 mètre. Les autres essences étaient bien moins représentées, 29 ormes, 17 frênes, quelques vernis du Japon, érables negundos, aulnes. Le chemin de Ronde, externe à l'enceinte de la ville était moins riche en plantation bien qu'il constituait un lieu de promenade des Grenoblois comme en atteste un courrier de 1880 de Jean-Baptiste Varlot au Maire. Il est noté 44 peupliers de l'Isère à la Mogne, 1 tilleul du cours St André à la porte Abbé Grégoire et de la porte Abbé Grégoire à la porte des 120 toises un peuplier et un frêne. De la route d'Eybens à la porte d'Echirolles les arbres n'avaient pas été relevés car appartenaient déjà à la ville de Grenoble conformément à une délibération du 2 avril 1864. Ainsi, en 1891 Félix Poulat envoyait de sa main une note : « Les arbres du chemin de Ronde entre le chemin d'Echirolles et la route d'Eybens ont besoin d'être élagués. Monsieur le Jardinier en chef est invité à faire faire cet élagage après avoir toutefois prévenu le service du Génie »
Ces anecdotes sont moins émouvantes sans les pleins et les déliés des plumes de ces personnages.
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18 avril 2019

C'est avec beaucoup d'intérêt que j'ai appris la réédition du livre de Christophe Drénou « face aux arbres ». Edition enrichie et pour un prix sensiblement inférieur à la première. Les textes sont très pédagogiques accompagnés de nombreuses photos qui illustrent avec beaucoup de pertinence les sujets. Le chapitre sur le résilience fournit, mêmes aux professionnels, des grilles de lecture simples et utiles. Georges Feterman, inlassable photographe des arbres, auteur de nombreux livres sur les arbres remarquables, a contribué en puisant dans sa photothèque. Ce dernier, cofondateur et président de l'association « Arbres » vient de réaliser un film avec Jean-Pierre Duvalet et Caroline Breton qui devait sortir en salle le 4 avril, « Les arbres remarquables, un patrimoine à protéger ».
Dans le chapitre sur les racines de Christophe Drénou rappelle que celles horizontales s'étendent bien au-delà d'une distances supérieures à deux ou trois fois la hauteur de l'arbre. Il évoque les racines de diamètre inférieur à un millimètre que l'on rencontre dans les 20 à 30 premiers centimètre du sol. Elles ne représentent que 5% de la masse totale des racines mais 90% de la longueur. Pour se reproduire chaque année, elles mobilisent plus de 50% du carbone assimilé par photosynthèse et sont la plus importante source de matière organique dans le sol. Ainsi, il a été mesuré dans un peuplement de Douglas vert un apport de matière organique racinaire d'environ 12 tonnes de matière sèche à l'hectare par an soit 6 fois plus que l'apport provenant de la chute des feuilles.
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9 avril 2019

En faisant un peu de rangement mon attention a été attirée par un vieux numéro du bulletin de la société Lyonnaise d'horticulture avec un titre accrocheur : « Les noms des arbres sont plus jolis sans latin ». De fait, il est plus plaisant de parler de Pied d'Alouette plutôt que de delphinium ou de Bonnet d'Evêque plutôt que d'Euonymus planipes.
Arbre aux anémones ou arbuste Pompadour est plus séduisant que Calycanthus. Sur la côte d'azur on peut trouver l'Arbre d'argent, l'Arbre bouteille. Nous connaissons l'ailante ou faux vernis du Japon, espèce envahissante dont l'écorce contient un vermifuge contre le tænia. Dans les iles Moluques, le mot « ailanto » signifie arbre du ciel. C'est plus joli que « frêne puant » employé dans certaines régions. Nous avons sur Grenoble à proximité de l'aire de jeux du parc Paul Mistral un Arbre aux cloches d'argent (Halesia Carolina) dont les fleurs en mai ressemblent à des perce-neiges ou des fleurs de muguet. Nous avons également planté du même genre un Halesia monticola au 19 rue du Général Ferrier avec des fleurs un peu plus grosses, jusqu'à 2,5 cm. Nous avons des « arbres aux fraises » (Arbutus unedo), plutôt de grands arbustes en limite d'acclimatation, mais nous en avions un particulièrement beau au parc Valérien Perrin qui fructifiait généreusement. Un arbres à franges ou arbre de neige (Chionanthus virginicus) est visible dans le parc de l'Hôtel Lesdiguières, des arbres aux lis ou aux tulipes (Liriodendrons) bordent la ligne C du tram et un beau spécimen trône dans la pelouse du jardin des Plantes au sud des serres botaniques. Dans le parc Michallon vous verrez un arbre aux mouchoirs ou aux pochettes (Davidia involucrata) et des arbres aux quarante écus appelés également arbres des pagodes (Ginkgo biloba). Pour les arbres à soie (Albizia julibrissin) c'est chemin des Oliviers dans le parc Jean Verlhac que vous les rencontrerez. Ils sont un peu en souffrance sur Grenoble. Permettez-moi de terminer sur les arbres de Judée ou de Judas (Cercis siliquastrum) appelés également arbres de feu et arbres d'amour, que vous trouverez en partie haute du Jardin des Dauphins au-dessous de l'arrivée du treuil n°2 devant le bâtiment désaffecté du laboratoire.
(Je pense que certains vont vouloir m'envoyer des messages pour nous motiver à poser des étiquettes sur tous les arbres de Grenoble, qu'ils s'abstiennent, c'est un énorme travail de réalisation et aussi de maintien en état. Un projet plus modeste est en cours de finalisation)
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4 avril 2019

Après photosynthèse et photobiologie évoquées il y a quelques semaines, il est logique d'aborder les phytohormones qui sont les principaux signaux endogènes régulant le développement des végétaux. Nous avons déjà évoqué l'éthylène utilisé pour communiquer avec d'autres plantes dans le cas d'une attaque par un herbivore par exemple. Il est fortement actif pour la maturation des fruits et accélère la sénescence. Une autre phytohormone dont nous avons parlé à plusieurs reprise est l'acide abscissique synthétisé dans les feuilles et les fruits. Ce dernier contrôle l'ouverture et la fermeture des stomates, la chute des feuilles et des fruits et inhibe la dormance. Enfin, les auxines, cytokinines et gibérellines complètent ces 5 groupes principaux. Elles sont synthétisées suivant les cas, dans les méristèmes, grains de pollen, les apex racinaires et extrémités des tiges, l'embryon et les jeunes fruits. Leurs effets physiologiques sont très nombreux, parfois antagonistes parfois en synergie suivant les concentrations. Ainsi par exemple , les jeunes feuilles produisent des auxines qui les insensibilisent à l'éthylène. Après le développement de la feuille, la production d'auxine diminue puis s'arrête exposant les cellules du pétiole à des concentrations de plus en plus fortes d'éthylène. Nous connaissons également l'acide salicylique précurseur de l'aspirine que l'on trouve dans le saule. Il appartient au groupe des salicylates impliqué dans les mécanismes de cicatrisation et de défense. Les stimuli externes comme la lumière, la température, la disponibilité en eau et en nutriments conditionnent l'expression de ces phytohormones et leurs effets. D'autres phytohormones ont été découvertes plus récemment et sont impliquées dans les phénomènes de défense et de communication. Elles sont classées dans les composés sémiochimiques « qui affectent la physiologie ou le comportement d'autres organismes au sein d'une espèce ou entre espèces différentes, sans impliquer de phénomènes nutritionnels »

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27 mars 2019

Après avoir évoqué le dépérissement préoccupant des cèdres de l'Atlas (j'ai eu un retour à ce propos comme quoi s'ajoutait à ce phénomène les coupes sauvages pour bois de feu), nous pouvons faire une synthèse du comportement des arbres face à la sécheresse.
Bien que la recherche continue dans ce domaine, depuis un peu plus d'une quinzaine d'années des données sont connues sur la sensibilité de différentes espèces. Nous savons que la photosynthèse ne se déroule qu'en présence d'eau. L'évaporation de l'eau contenue dans les tissus constitue également un impératif pour l'arbre afin de réguler sa température interne et d'éviter les risques d'échauffement qui entrainent la mort des cellules au-delà de 45 degrés pour la majorité des espèces. Des expériences menées au laboratoire Piaf de Clermont Ferrand ont permis de constater que la transpiration et l'absorption sont légèrement décalées dans le temps de quelques heures suivant le climat. L'absorption est inférieure à la transpiration dans la matinée et à l'inverse plus importante l'après-midi et la nuit si l'humidité du sol le permet. Ainsi, la croissance nocturne est supérieure à la phase de croissance diurne. Lorsque les stomates se ferment, la photosynthèse baisse puis le CO² indispensable pour le fonctionnement de celle-ci ne peut plus pénétrer. L'arbre doit alors puiser dans ses réserves pour poursuivre son développement qui en est affecté. Si les températures élevées s'accompagnent de sécheresse, la baisse de la transpiration pour limiter les pertes en eau ne permet plus la régulation thermique du végétal et entraîne l'apparition de brûlures du feuillage et une chute précoce des feuilles. Par ailleurs, le manque de disponibilité d'eau dans le sol augmente la dépression dans les vaisseaux du xylème propice au risque de cavitation ou d'embolie si des bulles d'air se forment dans ces vaisseaux.
La tension entrainant 50% d'embolie a été mesurée pour différentes essences. Si elle est de -10,39 Mpa (soit -10,39 bars et (je vais me faire taper sur les doigts par les scientifiques) environ -100 fois la pression atmosphérique) pour les cyprès de Provence, elle n'est plus que d'environ -1 Mpa pour le peuplier de l'Euphrate. Entre ces extrêmes nous trouvons entre -1,5 et -2 Mpa les saules, peupliers blancs puis les aulnes glutineux et noisetiers, le noyer royal à -2,3 et toujours des plus sensibles vers les plus résistants le tilleul à petites feuilles, le sophora du Japon, le chêne pédonculé, le frêne commun, le hêtre commun, le pin sylvestre, le charme commun, l'érable plane, le merisier. Le cèdre de l'Atlas arrive bien positionné à -5 Mpa comme le pin laricio et le chêne liège, puis l'érable champêtre à -5,74 Mpa, l'aubépine proche de -7 Mpa, puis l'if commun à -8,14 Mpa.
(Sources : Pierre CRUIZIAT et al. « L'embolie des arbres 2003 ». Colloque Européen AITF « Vers une ville bioclimatique » 2008. F. SEGUR espace public et paysage de janvier 2019)

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21 mars 2019

Une élue m'a alerté sur l'émission envoyé spécial du 7 mars. Vous pouvez comme moi la voir en replay jusqu'au 6 avril. En deuxième partie, après les parents en burn out, il y a un documentaire sur les arbres. Très belle synthèse des dernières connaissances sur le fonctionnement des arbres avec la rencontre de Patrick MOULIAT et de Peter Wohlleben.
Enfin je ne peux passer sous silence la plantation hier par la Municipalité de l'arbre de la Fraternité. Les interventions hautement humanistes et bienveillantes en réponse aux actes violents et d'intolérance de plus en plus nombreux étaient de nature à réchauffer les coeurs et entretenir l'espoir d'un monde meilleur.

Petite chronique :
Un dépérissement préoccupant des cèdres de l'Atlas est constaté de façon générale en Afrique du Nord, pays d'origine de Cedrus atlantica. La mort de grandes étendues de forets représente un problème majeur pour la sylviculture et les écosystèmes associés. Des signalements importants ont été faits après la canicule de 2003. En France, ce cèdre a été introduit en forêt dès le milieu du XIXe siècle au mont Ventoux, dans le Luberon et les Corbières. Certains peuplements de cette époque subsistent encore et se régénèrent. Le cèdre est l'un des meilleurs exemples d'acclimatation réussie en France. Toutefois les dépérissements sont également à déplorer dans les grandes plaines. Le changement climatique est probablement responsable des problèmes rencontrés par ces arbres, baisse des précipitations, précipitations erratiques, moins de neige, périodes très chaudes. Les stations où le cèdre est bien installé reçoivent en moyenne entre 800 et 1500 mm de précipitations annuelles, aussi bien dans l'aire d'origine qu'en France. Contrairement aux pins, il n'économise pas l'eau : la régulation stomatique de sa transpiration est plutôt moyenne. Il continue en effet à photosynthétiser et à croître pour des niveaux de sécheresse assez prononcés. Ceci expliquerait les dessèchements de cime observés et la mortalité subite d'individus parfois vigoureux, en l'absence d'agent biotique responsable. La tolérance du cèdre à la sécheresse réside essentiellement dans sa capacité à puiser l'eau en profondeur via son système racinaire. Suivant la saison de survenue de la sécheresse, le cèdre peut réagir en interrompant sa croissance en longueur, ou en diminuant la taille de ses aiguilles et donc son évapotranspiration.
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14 mars 2019

Petite chronique :
Nous avons évoqué très sommairement l'utilisation de la lumière pour la photosynthèse. Celle-ci utilise seulement une partie des longueurs d'onde du spectre de la lumière et vous vous êtes probablement posé la question semaine dernière de l'utilité des autres longueurs d'onde.
La lumière agit sur la plupart des étapes de croissance et développement du végétal. La perception de la lumière se fait par différents photorécepteurs qui sont à l'origine de chaînes plus ou moins complexes de transduction de signaux incluant la modulation de l'expression de nombreux gènes. Dans ce type de réactions la lumière agit en tant que signal et non plus comme source d'énergie. Les végétaux perçoivent ainsi la qualité, la direction et la durée de la lumière. Les phytochromes sensibles aux rouges et rouges lointains régulent les phases de la vie de la plante telles la germination, l'architecture de la plante adulte, la transition florale, la perception de l'ombrage. Les cryptochromes qui absorbent la lumière bleue régulent l'élongation des tiges, l'expansion des feuilles, la synthèse des anthocyanes interviennent dans le maintien des cycles circadiens chez les plantes mais aussi chez les animaux. (Des expériences ont montré l'implication des cryptochromes dans les migrations animales et la perturbation de ces photorécepteurs par des hyperfréquences comme celles de la téléphonie mobile, mais je m'éloigne de l'arbre pour me rapprocher des abeilles.) Il y a également des photorécepteurs d'ultraviolets A et d'autres pour les ultraviolets B qui induisent des effets physiologiques (croissance et développement) en régulant des expressions géniques et en interaction avec la plupart des phytohormones. Ces photorécepteurs régulent le phototropisme et participent à l'ouverture des stomates.
(Source : Lydie Sully « Les végétaux Evolution, développement et reproduction »)

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7 mars 2019

Petite chronique :
Je suis tenté de revenir aux fondamentaux et le mécanisme de photosynthèse me semble un élément important à revisiter. Toutefois la photosynthèse est un processus physicochimique très complexe qui a lieu dans les chloroplastes. (Vous vous souvenez de ces cyanobactéries « ingurgitées » par endosymbiose dans les cellules eucaryotes il y a 1,5 milliards d'années (chronique du 06/09/2019). Aussi, je vais être très incomplet et de plus pas glamour du tout.
Nous pouvons décomposer la photosynthèse en quatre étapes :

  1. Collecte de la lumière (photons) et absorption de CO² par les feuilles.
  2. Des molécules de chlorophylle et de caroténoïdes recueillent les photons (la photosynthèse n'utilise qu'une partie des longueurs d'onde du spectre de la lumière solaire dans le rouge et le bleu) et les dirigent vers un centre réactionnel qui activera les photos systèmes de transfert d'électrons.
  3. Ces électrons et des réactions biochimiques de transformation du CO² en matière organique (cycle de Calvin) permettent l'assimilation du CO². La synthèse d'une molécule de sucre simple (hexose) nécessite la fixation de 6 molécules de gaz carbonique (CO²) et utilise 48 photons et quatre photons conduisent au rejet d'une molécule d'oxygène gazeux. (À ce stade le travail est terminé mais il faut libérer les sites)
  4. Translocation des produits de la photosynthèse : stockage ou exportation des glucides mais aussi utilisation de ceux-ci pour la respiration et produire de l'énergie sous forme d'ATP.
Il existe plusieurs variantes de photosynthèse définies par rapport à la première molécule organique formée. La plupart des végétaux (90%) utilisent le type C3 de photosynthèse (3 atomes de carbone dans la première molécule organique formée, hydrates de carbone). Les plantes de milieux désertiques utilisent le type CAM avec création d'acides crassulacéens. Enfin, 7% des plantes, mais 40% des Poacées (graminées), utilisent la photosynthèse de type C4 conduisant au métabolisme d'acides à 4 carbones. Ce sont des plantes adaptées aux climats chauds en toutes saisons.
Le niveau de photosynthèse dépend de l'éclairement, de la disponibilité en gaz carbonique et de la température. Elle augmente linéairement en fonction de l'intensité lumineuse jusqu'à une phase plateau de saturation. Toutefois, chez certains arbres il existe une « dépression de midi » dû à l'augmentation de l'évapotranspiration, le végétal se protégeant d'une possible déshydratation en fermant ses stomates ce qui réduit fortement les échanges gazeux et donc la photosynthèse.
(Source : Les végétaux, Evolution, développement et reproduction. Lydie SUTY éditions Quae)

Voir le planning d'intervention sur les arbres de la semaine.
Voir aussi le planning estival 2019.

27 février 2019

L'homme a toujours investi l'arbre d'une forte valeur symbolique. Support de nombreux mythes et significatif dans de nombreuses religions, l'arbre tient une place de choix dans notre imaginaire. À travers le monde de nombreuses histoires populaires s'appuient sur une relation intime entre un homme et un arbre. Ce dernier représente un lien privilégié avec le passé par sa longévité et également entre le sous-sol, le sol et le ciel.
En ville les populations entretiennent un lien affectif fort avec les arbres, véritables emblèmes de la nature en ville. Cette nature semble par ailleurs plus facile à protéger au quotidien à côté de chez soi c'est-à-dire en milieu urbain et périurbain. Néanmoins, de la même manière que tout le monde semble aspirer à une ville propre mais participe majoritairement à la salir par des négligences quotidiennes, une majorité de cette population urbaine participe au quotidien à l'agressivité du milieu urbain envers les arbres : Blessures et compaction de sol infligés par la circulation automobile et le stationnement sauvage, actes de vandalisme (casse de branches, coupe de jeunes sujets, dressage des chiens d'attaque à la morsure (photo jointe secteur 2)), utilisation du tronc comme support d'affichage ou pour maintenir un objet (photo sur un marché de Grenoble ci-jointe), brûlures au tronc et système racinaire par les déjections canines régulières... Par ailleurs, lorsque de petits conflits d'usage surviennent, il était courant jusqu'aux dernières années de solliciter l'intervention des services pour sacrifier l'arbre ou ses besoins. Ainsi, branches qui bouchent la vue sur nos montagnes, chutes de feuilles ou de fruits, présence d'insectes, luminosité dans les logements, facilité de manoeuvre de son véhicule... occasionnaient des demandes d'actions correctives. Des défenseurs acharnés et militants de la nature en ville ont pût solliciter la taille sévère voire la coupe de l'arbre devant chez eux.
Je remarque avec satisfaction que ces sollicitations ont beaucoup diminué depuis environ 5 ans. Prise de conscience, lassitude de nos interlocuteurs qui étaient des habitués, sentiment d'improbabilité de prise en considération ? Qu'elle qu'en soit la raison je m'en réjouis.
Voir le planning d'intervention sur les arbres de la semaine.

21 février 2019

Histoire de l'arbre en ville et de la relation de la ville avec ses arbres.
Sous l'antiquité les arbres sont rares dans la ville romaine. Leur présence dans un quartier en signale le caractère résidentiel et cossu. Au moyen âge la ville se conçoit comme un espace clos par opposition à la campagne. On trouve parfois un arbre isolé pour signaler le caractère hautement symbolique d'un lieu, mais la plupart du temps les arbres restent cantonnés au sein des jardins des couvents et des demeures de noblesse pour remplir une mission vivrière. C'est à partir de la Renaissance que l'on commence à planter massivement des arbres en ville à des fins pratiques (réserves de bois et ombre pour le jeu de maille). Au XVIII e siècle les arbres d'alignement apparaissent en accompagnement de la création des grandes voies de circulation (boulevards et cours). Au XIX e siècle, comme nous l'avons évoqué dans la chronique sur Alphand, l'utilisation de l'arbre se systématise au sein des opérations de modernisation urbaine, dans une approche ornementale et hygiéniste.
Les deux guerres mondiales du XX ème siècle et la perte de compétences engendrée par les pertes humaines au cours de ces conflits ont mis un coup d'arrêt à cette évolution du patrimoine arboré urbain. Durant les années de reconstruction les efforts se concentrent sur le bâti. L'adaptation de la ville à l'automobile, l'approche fonctionnaliste et la recherche de réduction des coûts amplifient le recul des arbres des années 1950 à la fin des années 1970. La perte d'expertise, l'invention de la tronçonneuse, la révolution agricole, conduisent à la généralisation des tailles sévères du patrimoine existant et à sa fragilisation. À Grenoble, c'est au cours de ces années 70, dans la dynamique d'aménagement pour les jeux olympiques d'hiver, que la prise de conscience politique et professionnelle se concrétise par des programmes de plantations ambitieux avec, dans les nouveaux parcs, la plantation d'essences à croissance rapide. En 1979 création au sein du Ministère de l'équipement de la Mission Paysage. Elle sera rattachée à la direction de la Nature et des Paysages du ministère de l'environnement en 1984 et conduira à la rédaction de l'ouvrage « l'urbanisme végétal » paru en 1993. Les règles de l'art des plantations oubliées sont à nouveau échangées notamment à l'occasion de congrès et rencontres à partir des années 1980 et c'est réellement dans les années 1990 que la prise de conscience est partagée.
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16 février 2019

Beaucoup d'indices nous permettent actuellement d'affirmer que les racines conditionnent le développement puis la décrépitude de la partie aérienne des arbres et non l'inverse. Des observations sur des individus de tous âges appartenant à une cinquantaine d'espèces (conifères et feuillus) ont permis de synthétiser trois aspects du système racinaire :
1) L'arbre développe dans sa jeunesse un système racinaire caractéristique de son espèce ou du groupe d'espèces auquel il appartient. L'anatomie des détails morphologiques (tels que la forme et la répartition du chevelu) aussi bien que l'architecture (type de ramification, développement du pivot et des charpentières), permettent le plus souvent de reconnaitre une espèce à ses racines.
2) Les lois de développement, communes à toutes les espèces s'imposent à l'arbre en fonction de son âge physiologique. Lorsqu'il existe, le pivot a une croissance rapide et prioritaire. Puis une couronne de charpentières horizontales et/ou obliques se développe en concurrence avec lui. Lorsque ce système initial a pris une certaine extension, des racines verticales se forment de nouveau ou se renforcent dans tout le système racinaire à des emplacements et selon un ordre précis. L'extension se poursuit pendant de très nombreuses années avec deux tendances : d'une part la prise d'indépendance progressive des racines principales ; d'autre part, le développement considérable des charpentières horizontales et de leurs « pivots » au détriment de la charpente oblique et surtout du pivot qui très souvent dépérit ou dégénère. L'arbre atteint son apogée.
Puis le chevelu se raréfie, les extrémités profondes des racines verticales dépérissent à leur tour tandis que le renouvellement du chevelu central s'accélère. Les extrémités des charpentières horizontales meurent. L'arbre dépérit.
3) De nombreuses observations permettent de faire un parallèle entre le développement de la partie aérienne et celui de la partie racinaire. Les trois premiers stades correspondent à l'architecture initiale de l'arbre. Le développement des racines verticales précède en général le stade réitératif de l'arbre. Le rééquilibrage de la charpente principale racinaire se fait parallèlement à l'élagage naturel à l'intérieur des branches de l'arbre adulte. La raréfaction du chevelu correspond à la perte de vigueur de la partie aérienne. La mortalité dans la charpente racinaire précède de peu l'accélération de l'élagage naturel dans l'arbre vieillissant puis la mortalité des branchettes en extrémité du houppier prélude à la descente de cime lorsque l'espèce le permet. Jusqu'alors, l'initiative du développement est prise par le système racinaire. Il semble que lors de la descente de cime ce soit la partie aérienne qui initie l'apparition de nouvelles racines verticales près de la souche.
(source : ancienne conférence de Pierre RAIMBAULT à l'ENITHP)
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8 février 2019

J'avoue être en manque de sujet d'inspiration et je me raccroche aux branches augustes d'un arbrisseau ou petit arbre dont on a fait les couronnes de vainqueurs des jeux olympiques. Les généraux victorieux puis les empereurs Romains (vainqueurs des vainqueurs) ont porté avec fierté des couronnes identiques. Napoléon en a repris la symbolique et nos chers académiciens de l'Institut de France en arborent les rameaux sur leur bel habit vert.
J'en ai, à mon humble niveau, un usage moins glorieux mais très utile en bouquet garni. Il donne par infusion à notre ragout une valeur toute aussi importante pour les papilles que pour l'esprit revanchard vis-à-vis des plus méritants. Oui, il s'agit du laurier sauce ou Laurus nobilis qui culmine vers 4 à 6 mètres dans nos jardins. Sa silhouette élancée assume un rôle de signal vert toute l'année dans un angle du jardin. Souvent à plusieurs troncs serrés, il nous offre des feuilles et baies riches de vertus médicinales qui vous seront dévoilées par des professionnels.
(sources : « Au bonheur des arbres » Terre Vivante, et Internet
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1er février 2019

J'avais envie de vous parler du châtaigner. D'autres arbres ont marqué ma jeunesse pour différentes raisons, le châtaigner probablement pour la fierté de rapporter à la maison quelques poignées de ses fruits. Il fallait grimper sur les contreforts de Belledonne car cet arbre n'apprécie pas les sols calcaire et le cérémonial des châtaignes grillées sur le poêle me ravissait même si la cuisson n'était pas régulière et que certaines devenaient très dures. Cet arbre utile pour de nombreux usages a été une ressource alimentaire importante pour les paysans de plusieurs régions comme l'Ardèche ou la Corse. Son tronc est vite tourmenté avec une écorce rugueuse à sillons profonds. Son bois riche en tannins a longtemps été utilisé à l'extérieur en bardage, bardeaux de toiture, piquets mais aussi pour fabriquer des tonneaux, manches d'outils, lames de parquet, meubles... Le chancre du châtaignier, maladie induite par un champignon originaire d'Asie a quasiment éradiqué les châtaigniers d'Amérique depuis son introduction au début du XXème siècle. C'est en 1956 que le champignon responsable a été pour la première fois repéré en France et il est maintenant présent dans toute l'Europe. Il fait partie des 100 espèces exotiques invasives les plus néfastes du monde. Des arbres à l'espérance de vie de plus de 1000 ans ont dépérit après contamination. C'est ainsi qu'il est de plus en plus rare de trouver des gros sujets et qu'une gestion par recépage régulier a été mise en place dans de nombreuses châtaigneraies. Pourtant, dès 1964 l'Inra a découvert un mycovirus qui réduit fortement l'agressivité du champignon. Après de nombreuses années de recherche encore en cours, il a été défini des mélanges de souches hypovirulentes qui permettent de maîtriser la maladie à appliquer sur les sujets en lutte biologique.
Nantes s'enorgueillit d'un châtaigner qui serait millénaire mais le plus célèbre est celui sur les pentes de l'Etna qui aurait 2000 ans. La reine de Naples, Jeanne d'Anjou, se serait abritée sous sa frondaison avec une centaine de cavaliers lors d'un orage ce qui fait qu'il soit appelé le châtaigner aux cents chevaux.
(sources : « Au bonheur des arbres » Terre Vivante, et Internet)

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22 janvier 2019

Plus vieux, plus grand, plus gros, nous aimons bien les superlatifs et sommes intrigués par le plus petit alors que le moins grand prêterait à raillerie. Dans le domaine des arbres nous avons également nos recordmans. Pas de plus riche ou de plus puissant mais nous pouvons évoquer :

  • le plus grand, situé en Amérique. Hyperion, Sequoia sempervirens de 115,55 mètres de haut en Californie. Dans la même région plusieurs individus de plus de 110 mètres se classent dans le peloton de tête. En Australie nous trouvons un Eucalyptus regnans de près de 100 mètres.
  • le plus gros serait un Taxodium mucronatum (Abol del Tule) qui dépasse 40 mètres de circonférence mais qui comporte plusieurs troncs coalescents. Il se situe près d'Oaxaca au Mexique. Ce n'est pas le plus volumineux car il ne mesure que 36 mètres de hauteur, l'équivalent d'un immeuble de 12 étages. Le plus volumineux à tronc unique est le très connu Général Sherman, Séquoiadendron gigantéum du parc national de Yellostown en Californie. Ce géant de près de 10 mètres de diamètre présente une circonférence de 31 m, une hauteur de 83 m, un volume de 1480 m3 pour une masse estimée de 2100 tonnes. Sur le podium un autre Séquoia, Boole mesure près de 35 mètres de circonférence et 82 mètres de hauteur mais son volume serait inférieur au précédent.
  • le plus vieux, nous l'avions évoqué dans une chronique précédente serait le Pinus longaea de 5068 ans vivant dans les montagnes Blanches de Californie.
  • le plus large au niveau de la couronne serait un banyan poussant en Inde dont la couronne portée par plusieurs troncs couvre près de deux hectares. Les arbres à pluie peuvent atteindre un diamètre de couronne de plus de 60 mètres de large et de beaux spécimens existent dans les territoires d'outre-mer.
(source : « Les plantes » François Couplan)

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17 janvier 2019

Nous avons évoqué semaine dernière quelques effets du réchauffement climatique sur les arbres. Il est tentant d'orienter les choix des nouvelles plantations vers des espèces xérophiles (adaptées à des milieux très pauvres en eau) ou mésophiles (de milieux moyennement humides à températures modérées) comme le chêne vert (Quercus ilex), le pin d'Alep (Pinus halepensis), l'érable de Montpellier (Acer monpessulanum) ou encore le chêne pubescent (Quercus pubescens) et plus caractéristique le chêne liège (Quercus suber). Toutefois, il ne faut pas oublier les autres contraintes auxquelles ils seront soumis. Parmi celles-ci nous avons déjà parlé du gel en hiver mais il peut y avoir également des excès d'eau dans le sol. En effet, l'évolution du climat va également conduire à des intersaisons de plus forte hygrométrie, et les sols secs en été pourront être saturés en eau à d'autres périodes.
L'excès d'eau dans le sol induit des contraintes de trois ordres :

  • Un déficit en oxygène (hypoxie) : Le système racinaire se trouve en partie asphyxié et profite un peu de l'oxygène contenu dans l'eau lorsque celle-ci circule. En revanche, l'eau stagnante, rapidement dépourvue d'oxygène, peut être fatale même chez les saules et aulnes,
  • Un risque de toxicité : la faible teneur en oxygène favorise les phénomènes de réduction des ions métalliques du sol et les substances générées peuvent atteindre des concentrations toxiques pour les racines,
  • Des contraintes physiques : la structure du sol se dégradant à la fois en surface par battance des pluies et en profondeur par tassement des agrégats.
Les arbres soumis à un excès d'eau dans les sols présentent des symptômes identiques à ceux d'un dépérissement dû à une sécheresse : jaunissement et réduction de la taille des feuilles, abscission foliaire, descente de cime.
Les arbres peuvent émettre des racines « d'adaptation » au-dessus de la nappe. Elles sont d'un diamètre supérieur et d'une croissance plus rapide, avec une subérisation plus tardive et des espaces intercellulaires volumineux. (La subérine, substance très complexe, biocide et imperméabilisante serait à l'inverse augmentée par le taux en CO² et le réchauffement climatique). Leur parenchyme est riche en lacunes remplies de gaz pour assurer un meilleur transport interne de l'oxygène.
L'entrée de l'oxygène dans les racines se fait par les lenticelles, brèches ouvertes dans le suber. L'excès d'eau provoque chez certaines espèces résistantes, une hypertrophie des lenticelles qui facilite les échanges gazeux entre le sol et les tissus.
Toutes les essences ne présentent pas la même sensibilité à l'engorgement en eau de leur système racinaire. Ce sont les espèces hygrophiles comme les saules et bouleaux pubescents qui s'en sortent le mieux mais si quelques saules peuvent résister à la chaleur et la sécheresse, il n'en est pas de même des bouleaux. Les espèces les plus sensibles aux excès d'eau sont le hêtre, le chêne rouge, chêne sessile et chêne pédonculé chez les feuillus. En résineux le sapin de Vancouver et le mélèze d'Europe sont particulièrement sensibles.
En ville, ces excès d'eau dans le sol devraient être limités à des espaces de rétention et d'infiltration. En milieu forestier, le choix des essences doit être réfléchit en considérant l'ensemble des conditions « stationnelles » comme la structure du sol qui va renforcer les états de sécheresse en été ou ceux de saturation en eau en intersaison qui seront plus fréquents.
(source : « Les racines Face cachée des arbres » Christophe Drénou)

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9 janvier 2019

C'est un fait admis et dénoncé par la plupart des scientifiques, notre climat est en cours de modification du fait de l'augmentation de l'effet de serre. On peut s'attendre aux effets suivants :

  • Une augmentation des températures moyennes (non, les fortes températures de 49,3° en Australie en décembre 2018 comme les phénomènes de froid intense dans d'autres pays au même moment ne peuvent être utilisés comme exemples ou contre-exemples),
  • Plus de sécheresses estivales,
  • Une pluviosité d'intersaison plus forte avec les risques d'inondations liés,
  • Une fréquence plus élevée des tempêtes.
Ces évènements vont mettre à rude épreuve les végétaux et leur système racinaire.
Les sécheresses estivales vont diminuer la réserve utile en eau du sol alors que l'augmentation des températures moyennes et du taux de CO2 atmosphérique induira une croissance plus forte et des besoins en eau plus importants. Les inondations d'intersaison conduiront comme nous verrons dans une prochaine chronique à des asphyxies racinaires et à la limitation de l'extension des racines.
Les chercheurs de l'INRA ont montré qu'en situation de sécheresse accidentelle les racines sont les premières à donner l'alerte. Elles synthétisent l'acide abscissique (« ABA » = C15H20O4 impliqué dans la dormance et participant à l'accélération de la chute des feuilles et des fruits secs) phytohormone qui parvenant aux feuilles déclenche la fermeture des stomates. Il limite ainsi les pertes en eau et évite l'entrée d'air (embolie) dans l'appareil conducteur. La fermeture des stomates freine fortement la pénétration de CO2, ralentissant la photosynthèse, réduisant la croissance en diamètre et en hauteur. Un signal transmis par l'ABA entraine une réduction supplémentaire de cette croissance aérienne (diminution des entre-noeuds) encore plus importante que celle due à la diminution de la photosynthèse.
Il semble aujourd'hui que les sucres seraient acheminés de manière préférentielle vers les racines contribuant à leur croissance dans les zones humides du sol.
Dans les régions à sécheresse saisonnières, les arbres doivent lutter contre les déficits hydriques dès leur phase de jeunesse. Ils transforment peu à peu leur morphologie et se caractérisent par un rapport entre la biomasse racinaire et la biomasse aérienne très élevée. Toutefois, leur stratégie peut être différente avec une élongation très importante des racines horizontales jusqu'à plus de 50 fois le rayon du houppier ou une élongation des racines verticales à la recherche de nappes profondes.
(source : « Les racines Face cachée des arbres » Christophe Drénou)

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31 décembre 2018

Je pense et j'espère que la plupart d'entre vous ouvrirons ce message après les 12 coups de minuit sonnant le glas de cette année 2018 et j'en profite donc pour vous faire part de mes meilleurs voeux pour cette nouvelle année. Ce rituel est l'occasion de se redonner un coup de booster. Allez, ça repart ! D'autant mieux dans notre hémisphère nord où les jours vont gagner des minutes sur la nuit. Oublions nos difficultés de 2018, n'en gardons que leurs enseignements. Rassemblons nos forces, notre confiance en nous tous pour construire ensemble un écosystème harmonieux. Un écosystème est sans cesse en mouvement, nourri d'échanges, et la disparition de repères, seule permet l'éclosion de nouveaux repères. Tout changement est anxiogène et les changements s'enchainent de plus en plus vite sans que nos nouveaux repères soient visibles lorsque nous devons perdre de vue les précédents. Aussi, dans ce monde en transition et des transitions, je vous souhaite tout le lâcher-prise nécessaire à votre résilience. Quel sens donner à cette accélération des transformations, à l'ingérence du virtuel sur le réel? Que chacun d'entre vous puisse le trouver en 2019, certains dans des grands principes comme l'égalité, la fraternité, l'entre-aide notamment dans l'accompagnement au changement, d'autres dans la préservation de l'héritage de nos enfants et petits-enfants, leur léguer un monde meilleur... Il y a, et il y aura en 2019 énormément d'occasions de donner du sens à nos actions pour peu que nos principes nous éclairent.

Mon inspiration du jour vient d'un roman, un pavé de plus de 500 pages. Plusieurs sagas prennent racine sur divers continents à partir du milieux du XIX e siècle pour croiser les destinées de leurs représentants dans les forêts de séquoias de Californie au XX e siècle. Ces héritiers d'une histoire et d'une éducation vont construire le tronc de l'histoire avec la défense des forêts primaires. Ils nous emportent avec eux à 70 mètres du sol dans l'occupation de Mimas, un vieux séquoia qu'ils souhaitent sauver des coupes rases. On suit la quête de Patricia Westerford, mise au banc des universités pour avoir avant d'autres mesuré les émissions de différents composés volatils d'alerte par les arbres, et conclu son article scientifique par « Le comportement biochimique des arbres individuels ne prend sens que si on les envisage comme les membres d'une communauté.» Elle parle des arbres « donateurs », vieux Douglas de plus de 500 ans qui avant de mourir renvoient leur stock de composés chimiques dans leurs racines et le lègue ainsi, grâce à leurs partenaires fongiques aux arbres alentour.
Les destinées de ces protagonistes qui voulaient « sauver le monde» se séparent et se recroisent telle la ramure du récit au XXI e siècle dans la frénésie des conjectures de Moore et le constat d'impuissance à ralentir la course du Monde.
Vous trouverez en toile de fond dans ce roman les dernières découvertes scientifiques si bien vulgarisées par Peter Wohlleben.
Ce livre à déconseiller aux âmes sensibles et à ceux qui courent après le temps est « L'arbre Monde » de Richard Powers édité chez Cherche Midi.
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19 décembre 2018

L'épicéa (Picea abies) peut atteindre 60 mètres mais culmine plutôt vers 40 mètres en France. Il préfère les sols humides et acides et constitue une protection contre les avalanches et les chutes de pierres sur les flancs de nos montagnes. En conditions normales, l'âge d'un épicéa peut aisément être compté à partir du nombre d'embranchements. En effet, chaque année le bourgeon terminal développe la tige principale alors qu'à sa base un groupe de 6 bourgeons se développe en branches. En Suède, c'est la méthode au carbone 14 qui a été utilisée pour trouver l'âge d'un individu découvert en 2008 à 950 mètres d'altitude, au milieux d'un bosquet de plusieurs sujets prostrés d'environ deux mètres de hauteur. Ce serait le plus vieil épicéa, âgé d'environ 1800 ans et ceux qui l'entouraient étaient également plus que millénaires.
L'épicéa est sensible à plusieurs allélopathies (actions d'une plante sur une autre par le biais de composés chimiques). Certaines, de la part de la myrtille, de la bruyère commune (callune) mais aussi de ses propres congénères sont négatives, contrariant sa germination, sa croissance et l'élongation racinaire. En 1963, Handlerg, chercheur britannique a pu mettre en évidence pourquoi les plants d'épicéas installés dans une lande à callunes « boudent » et restent longtemps jaunes, sans pousser, alors que dans les mêmes conditions les pins sylvestres se développent normalement. Les racines de la bruyère hébergent des champignons symbiotiques qui émettent des substances toxiques pour la plupart des champignons ectomycorhiziens, en particulier pour ceux habituellement associés à l'épicéa qui privé de son cortège symbiotique dépérit. Les pins sont pour leur part associés à des champignons qui leur sont spécifiques insensibles à la toxine d'Hymenoscyphus. Cette petite pezize inféodée à la bruyère, telle un mercenaire, va repousser l'épicéa envahisseur pour le compte de son hôte.
(sources : « Au bonheur des Arbres » Terre vivante, « Les racines, face cachée des arbres » Christophe Drénou)
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12 décembre 2018

Grenoble le 26 octobre 1817, Jean-Charles Adolphe Alphand est mis au monde. Le 11 septembre 1891 ce sont des obsèques grandioses qui lui sont offertes par la ville de Paris. La cérémonie va se dérouler de 10 heures à 17 heures avec un discours élogieux du préfet de la Seine Eugène Poubelle. Les membres du parlement, les élus de Paris et du département de la Seine représentant la France républicaine accompagnent celui qui pendant trente-sept ans avait oeuvré à accroitre la beauté de la capitale et le bien-être de ses habitants sous l'impulsion de Napoléon III et du baron Haussmann. Appelé par ce dernier qui l'a connu à Bordeaux, il arrive à Paris en décembre 1854. Peux après il crée, avec quelques autres dont l'horticulteur Jean-Pierre Barillet-Deschamps, le service des Promenades et Plantations avec pour mission de concevoir, expérimenter, aménager, gérer et entretenir parcs et jardins. Avec son équipe il va aménager le bois de Boulogne, ancienne chasse, y plantant 200 000 arbres. Ils créent un paysage au tracé sinueux inspiré du style anglais, le mobilier est conçu par Gabriel Davioud, de nombreuses grottes cascades sont aménagées. L'ensemble du vocabulaire architectural et des principes d'aménagements serviront pour le bois de Vincennes, les parcs (Buttes-Chaumont, Monceau, Montsouris) les 24 squares distribués sur le territoire parisien, les boulevards et allées plantés. Après la disgrâce d'Haussmann destitué le 5 janvier 1870 et la chute de l'Empire en 1871, le président de la République Adolphe Thiers nomme Alphand à la direction des Travaux de Paris qui réunit les services des Promenades et Plantations, de la Voie Publique, du Plant, de L'Architecture, auxquels viendra s'adjoindre en 1878 la direction des Eaux et Egouts. En 1884 il est l'un des principaux auteurs du règlement d'urbanisme de Paris. Son oeuvre s'achève avec l'Exposition universelle de 1889 dont il assure le commissariat général. Il y impose, malgré l'opposition des milieux culturels la tour Eiffel.
(source : « Les jardins parisiens d'Alphand » ouvrage collectif)
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7 décembre 2018

Je ne connaissais pas l'existence des allées mémorielles. Un colloque international s'est tenu dans les Vosges les 12 et 13 novembre 2018 pour évoquer la dimension culturelle des allées d'arbres pendant la première guerre mondiale et la réalisation de plantations en souvenir des soldats.
3 millions d'arbres, c'est ce que comptent à peu près les routes françaises lorsqu'éclate la 1ère Guerre mondiale. Ces « allées » à la rigueur militaire canalisent toute l'énergie des troupes en direction du front. De plus en plus déchiquetées et lacunaires à l'approche du front, elles deviennent une clé de lecture de l'imminence de l'horreur. Elles sont aussi des cibles facilement identifiables. Lorsqu'elles subsistent, elles insufflent l'espoir en rappelant l'existence d'un ordre avant le chaos.
Les soldats, notamment ceux venus du Commonwealth, sont fortement marqués. Ce motif est très présent dans leurs lettres, leurs dessins ou, plus tard, leurs récits. En 1915, l'officier britannique Gillespie émet le voeu de voir créer, à l'issue de la guerre, une « longue allée (...) des Vosges à la mer ». L'abbé Lemire, député français, père des jardins ouvriers, exprime une demande analogue à la chambre des Députés en 1919. Néanmoins elle ne sera pas réalisée en France.
Pendant et à l'issue de la guerre, des allées d'honneur sont plantées en Australie : chaque arbre, avec une plaque d'identification, y est dédié à un engagé. Nouvelle-Zélande, Canada, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Italie s'en inspirent. L'Allemagne aura aussi quelques allées mémorielles de ce type.
Actuellement en Australie plus de 400 allées de ce type ont été répertoriées dont la plus longue s'étend sur 23 km et comporte 3800 arbres. Une association qui oeuvre depuis plus de 30 ans pour une meilleure préservation des arbres des bords des routes et des arbres urbains, s'est engagée à l'occasion du centenaire de l'armistice dans un projet de connaissance et de conservation des allées mémorielles.
En Nouvelle Zélande les familles s'approprient leur arbre en agrémentant son pied et en organisant des rassemblements alors que les monuments aux morts sont dédiés aux cérémonies plus officielles.
En France on trouve quelques exemples d'allées du souvenir mais sans correspondance directe d'un arbre et d'un disparu.
Source : Paysage Actualités de novembre 2018 Yaël HADDAD

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30 novembre 2018

Je ne résiste pas à l'envie de vous parler d'un palmier, le Socratea exorrhiza. Non pas parce que l'intérieur de ses racines aériennes est utilisé comme aphrodisiaque masculin mais en complément des chroniques sur la sensorimotricité des plantes. La question a fait l'objet de dénigrement (ou de controverse scientifique) mais son curieux système racinaire lui permet de se déplacer de l'endroit où il a germé en abandonnant ses racines d'un côté pour en créer de l'autre. La recherche de lumière pourrait expliquer ces déplacements très lents (1 mètre par an), et il a également été observé en forêt primaire la capacité de certains individus à se redresser après avoir été couchés par la chute d'un autre arbre. Il crée un système secondaire de racines échasses pour remettre à la verticale son stipe. Un chercheur a toutefois planté plusieurs sujets sur un terrain en pente pour vérifier s'ils descendaient la pente et n'a décelé aucun mouvement, expérience pour lui suffisante pour taxer de légendaire cette capacité au déplacement.
Sources : Sciences, Sciences et Avenir, internet

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23 novembre 2018

La France est le premier producteur Européen de Douglas. Pseudotsuga mariesii, aussi appelé pin de l'Orégon a germé en Europe puis a disparu avec les glaciations de l'ère quaternaire. Il n'a subsisté que dans les grands espaces Nord-Américains côté Pacifique, d'où David Douglas en rapporta des graines. Certains individus seraient vieux de 1200 ans et atteignent 100 mètres de hauteur. Ils ont dû impressionner ce jeune botaniste explorateur écossais, né le 25 juin 1799 qui en rapporta des graines de sa seconde expédition en Amérique et les sema dans son village natale à son retour en 1827. Au cours de sa troisième expédition, après s'être heurté aux Indiens, avoir chaviré dans un canyon et perdu un oeil, il périt sous la charge d'un taureau sauvage à l'âge de 35 ans.
En France, tout d'abord planté comme arbre d'ornement à partir de 1842, le Douglas est devenu la principale essence de reboisement grâce à sa croissance rapide et à sa formidable capacité d'acclimatation.
Son système racinaire a été étudié sur la base de nombreux individus. En priorité la graine commence par créer un pivot primaire qui vers 15 ans se prolonge par un bouquet de pivots secondaires obliques. En même temps se différencient depuis le collet environ 5 racines charpentières horizontales ainsi que 2 à 3 racines obliques semblant haubaner le système. Puis une deuxième couronne de charpentières à extension limitée apparait à un niveau inférieur. À 35 ans, de nombreux pivots secondaires (environ 25) sont émis sous les charpentières et fourcheront plus tard comme le pivot primaire. Ces racines s'anastomosent lorsqu'elles se rencontrent créant un treillis assez dense. Au cours du temps de nouvelles racines horizontales vont s'intercaler au niveau du collet entre les 5 premières pour en doubler le nombre vers 80 ans, âge où l'on constate le dépérissement de racines profondes. Vers 35 ans le sujet mesure environ 35 cm de diamètre pour une hauteur de 25 mètres. La surface racinaire et le volume de sol prospectés sont d'environ 122 m² et 107 mètres cube à cet âge. Dans une plantation de 40 ans, il a été mesuré une biomasse racinaire de 57 à 88 tonnes par hectare.
Confondu par sa silhouette avec le sapin alors qu'il n'est pas du même genre, il est utilisé comme arbre de Noël. Toutefois, les qualités de son bois le destine de préférence à la construction de bâtiments et à la menuiserie.
Sources : « Au bonheur des arbres » Terre vivante. « Les racines, Face cachée des arbres » Christophe Drénou.

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15 novembre 2018

Depuis ces dernières années a été découvert chez les plantes une sensorimotricité complexe et généralisée. Cette sensibilité leur permet d'effectuer des mouvements adaptés à leur environnement comme nous l'avons vu dans la précédente chronique avec la pesanteur et les mécanismes de redressement associés. Les plantes sont sensibles à différents stimuli comme l'avaient montré Charles Darwin et son fils Francis au XIXe siècle avec la lumière. En éclairant latéralement des graminées qui venaient de germer ils avaient constaté qu'elles se courbaient lentement finissant par s'aligner sur la direction de la source lumineuse. De tels mouvements directionnels en réaction à une anisotropie du milieu sont des tropismes et dans ce cas un phototropisme. À la fin des années 1990 les biologistes ont mis en évidence un autre type de phototropisme, associé à des longueurs d'onde particulières : La lumière réfléchie par les tissus chlorophylliens des végétaux est captée par les plantes à proximité dont la croissance s'oriente dans la direction opposée ou s'accélère en hauteur. En 1999, Bruno Moulia qui dirige le laboratoire Piaf à l'université de Clermont-Ferrand et ses collègues ont montré qu'un plant de maïs pouvait détecter les autres végétaux à plus de trois mètres. Grâce à cette capacité sensorimotrice, les plantes évitent que leurs voisines ne leur fasse trop d'ombre ce qui est utile dans la compétition entre espèces ou individus partageant la même niche écologique. Cette « vision » des autres plantes participe-t-elle au phénomène de la « timidité » des arbres décrit et photographié par Francis Hallé en milieu tropical ?
Source : Hors-série Sciences

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7 novembre 2018

En août des chercheurs Français ont découvert que l'écorce des arbres peut jouer un rôle de « muscle » dans le redressement des sujets inclinés en plus du rôle de protection et de soutient. Pour le moment l'étude a porté sur 9 espèces tropicales de Guyane et le phénomène démontré pour 5 d'entre-elles. Tous les arbres ne mettent pas en jeu ce mécanisme. Certains se contentent d'une croissance différente des cellules de part et d'autre de la tige, s'étirant davantage d'un côté pour créer la courbure de redressement. L'équipe du laboratoire de Kourou a contraint par des tuteurs de jeunes arbres à pousser de manière inclinée. Lorsque les attaches ont été coupées les sujets se sont redressés immédiatement, entrainant une courbure de la tige. Chez certaines espèces, quand l'écorce est enlevée avant de couper les liens la courbure est annulée ce qui tend à montrer que les forces de redressement sont dans l'écorce. Celle-ci fonctionne tel un treillis que l'on ouvre.
La plante perçoit son degré d'inclinaison par des statocytes, cellules particulières présentes tout au long de la tige. Elles contiennent de petits grains d'amidon qui tels la bulle d'un niveau se déposent à plusieurs endroits selon l'inclinaison et pèsent sur le fond des cellules conférant ainsi aux plantes la sensibilité à la pesanteur. La courbure est pour sa part décelée à l'intérieur des tissus lignifiés par des fibres d'actine et de myosine qui se tendent si la cellule est pliée.
Ainsi, la plupart des végétaux terrestres poussent à la verticale.
Source : Sciences et Avenir novembre 2018

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31 octobre 2018

Einstein n'a jamais dit que « si les abeilles venaient à disparaitre, l'humanité n'aurait plus que quelques années à vivre ». Ce n'était pas son domaine de compétence fait de chiffres, de calculs et d'équations.
En 2008, une équipe Franco-Allemande a tenté de calculer la valeur de la production agricole qui serait perdue si les pollinisateurs étaient absents en se basant sur les plus importantes productions agricole du monde entier utilisées directement pour l'alimentation humaine.
Sur les chiffres du marché 2005, la perte a été estimée à 153 milliards d'euros soit 9.5% de la valeur totale de cette production agricole (Le pourcentage serait très inférieur si le calcul était raisonné en tonnage).
Le taux de dépendance à la pollinisation animale est très variable, de 0 pour les céréales, plantes sucrières, racines et tubercules à plus de 50% pour les légumes et fruits comme nous l'avons évoqué pour le pommier semaine dernière.
Une étude (Deguine et al. 2014) fournit des chiffres complémentaires pour ces légumes et fruits sur la base de 30 productions agricoles françaises cultivées dans au moins 10 régions durant au moins 10 ans entre 1989 et 2010. (ces cultures ont représenté une surface de 13 millions d'hectares pour une surface agricole annuelle utile d'environ 29 millions d'hectares). Le niveau de dépendance à la pollinisation animale serait de 95% pour le kiwi, le melon, la courge et la courgette, de 65% pour les pommes, cerises, pêches, poires, framboises, concombres, de 25% pour les châtaigniers et pour notre arbre local le noyer, le chiffre tombe à 4,2%.
Pour l'amandier, le taux ne fait pas consensus chez les scientifiques. Néanmoins, les producteurs Californiens louent plus d'un million et demi de ruches pour assurer une pollinisation correcte. Ils ont tenté de s'affranchir des abeilles et de la note à payer aux apiculteurs en louant de gros hélicoptères de l'armée pour brasser l'air mais les abeilles mellifères restent indispensables pour conserver à la Californie le statut de premier producteur mondial d'amandes avec 55% du marché. Attention, l'abeille mellifère n'est pas toujours le meilleur pollinisateur et pour certaines plantes dépendantes de pollinisateurs spécifiques inféodés elle est inopérante. Par ailleurs elle entre en compétition avec d'autres pollinisateurs sauvage pour l'exploitation des ressources de nectar et pollen de plantes relais en période de disette.
Pour les amandiers les producteurs Californiens ont tenté l'élevage d'une osmie plus efficace que l'abeille mellifère mais n'ont pas réussi sa domestication comme c'est le cas avec d'autres abeilles solitaires ( mégachiles et halictes) élevées pour pollinisation de la luzerne.
Source : Vincent ALBOUY « Pollinisation. Le génie de la nature »

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26 octobre 2018

Le pommier nourrit l'homme depuis des millénaires. Considéré comme le fruitier le plus ancien, Malus sylvestris a été sélectionné par la main de l'homme au cours du II e millénaire avant notre ère pour aboutir aujourd'hui à environ 5000 espèces cultivées dans le monde mais une trentaine en France qui représentent suivant les sources entre 2000 et 3000 variétés. Certains vont me dire avec raison qu'il n'y a que 402 variétés dont 116 de pommes à cidre dans le catalogue officiel de l'Union Européenne des espèces et variétés végétales autorisées à la vente. Les associations de Croqueurs de Pommes évoquent de leur côté 1500 types génétiques différents et plus de 6000 variétés.
Les pommiers de la région sont généreux cette année et les branches de ceux qui n'ont pas été éclaircis cassent sous le poids des fruits. Merci aux insectes qui assurent 65% de la pollinisation pour la plupart des variétés qui ne peuvent s'autopolliniser. Au sud-ouest du Sichuan, zone montagneuse sur les contreforts de l'Himalaya, les baisses de rendement ont incité les paysans Chinois à pratiquer la pollinisation manuelle à l'aide d'un filtre à cigarette au bout d'une baguette bambou. Ils ne manquent pas d'insectes pour la pollinisation, notamment des abeilles domestiques, mais les variétés pollinisatrices sont peu plantées pour laisser plus de place aux sujets sélectionnés pour la production.
La surface cultivée annuellement en France s'élève à 112078 ha soit plus que les surfaces de cerisiers (24552 ha), pêchers (22062 ha), poiriers (22000 ha) et pruniers (7501 ha) réunies.
La saison de plantation s'approche (novembre à mars). Il faudra être vigilant au porte greffe, du « EM 9 » peu vigoureux pour les petits jardins qui culminera à 3 mètres au « franc » qui devient encombrant en passant par le MM 106 qui ira jusqu'à 4 ou 5 mètres suivant le sol et les précipitations. Pour le choix de la variété, on choisira la période de maturité de juillet pour la « transparente blanche » à avril pour la « patte de loup ou la reinette du Mans. La conservation sera faible pour les précoces et plus importante pour les variétés d'hiver. Le choix sera dicté par les préférences gustatives de chacun mais peut l'être également par la volonté de participer à la conservation de vieilles variétés locales.
Source : Vincent ALBOUY « Pollinisation. Le génie de la nature », Terre Vivante « Au bonheur des arbres » et « les quatre saisons du jardinage bio ».

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19 octobre 2018

Vous noterez un nombre d'arbres coupés cours de la Libération et du Général de Gaulle important. Javais évoqué dans une chronique la maladie du chancre coloré fatale aux platanes en quelques années sans moyens de lutte curative et avec des obligations de prophylaxie importantes imposées par létat. Nous sommes malheureusement dans cette situation sur le cours de la Libération avec des arbres confirmés en laboratoire comme ayant dépéri à cause de ce champignon. Un chantier très réglementé par la DRAAF est diligenté par les collègues de la Métropole comprenant la coupe, lévacuation, le broyage et le brûlage des végétaux atteints et de ceux présents dans un périmètre de risque de contamination. Les conditions météorologiques (absence de vent) nécessaires pourront obliger à un report du chantier si elles ne sont pas réunies.

Petite chronique :
Sur la montagne de Reims, au-dessus des coteaux du vignoble de champagne, une forêt labellisée d'exception en juin 1977 abrite les « faux de Verzy ». Cinquante-quatre des 1032 hectares constituent une réserve biologique dirigée car ces faux peux compétitifs pour l'accès à la lumière nécessitent une gestion particulière.
Que sont ces faux ? Ce sont des hêtres assez particuliers. De loin ils ressemblent à de gros arbustes, voire des broussailles mais en s'approchant on reconnait les feuilles de hêtre.

Le hêtre, Fagus sylvatica en latin, est un arbre de grande hauteur au port droit. Ceux-ci ont un port en dôme et la bordure du houppier est rampante en barrière quasi impénétrable. Toutefois, si l'on réussit à franchir ce feuillage et les branches entremêlées d'un individu un peu plus hospitalier, apparaît dans une grande yourte végétale tronc et branches torturés.

Les troncs et branches tordus, noueux, renflés sont sujets au phénomène d'anastomose c'est-à-dire de fusion au niveau des entrelacements. Les pousses annuelles sont de faible longueur et prennent des directions différentes chaque année. Les formes de ces hêtres tortillards ont marqué les esprits notamment en hiver dans le brouillard alimentant de nombreuses légendes comme celle d'une punition divine ou d'une malédiction proférée par un moine.
Jusqu'au milieu du XIX ème siècle leur forme était imputée au milieu de développement et de croissance de l'arbre. On sait aujourd'hui que ces faux de Verzy sont des mutants du hêtre commun. Un élément génétique mobile incorporé dans le génome du hêtre commun provoque l'expression de celui-ci en hêtre tortillard et des phénomènes de rétroversion en cours de vie permettent à certains de repartir verticalement à la conquête des cieux, après des décennies de vie prostrée.
Il y aurait un peu plus de 1550 individus tortillards signalés en Argonne, Lorraine, Auvergne mais aussi Allemagne, Danemark et Suède dont 910 à Verzy ce qui en fait le site majeur.
L'INRA de Bordeaux mène actuellement des analyses biomoléculaires et analyses de génomes à partir de bourgeons de provenance de plusieurs sites de collecte. Les premiers résultats font état d'une grande proximité des tortillards du Danemark et de Verzy alors que ceux d'Auvergne sont génétiquement plus éloignés. La migration d'une congrégation de moines transporteurs de graines est évoquée pour expliquer cette proximité. La légende n'est pas loin mais souvent les légendes s'appuient sur quelques éléments tangibles...
Source : Solène DUPUY, Cheffe de projet Forêt d'exception à l'ONF.

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11 octobre 2018

Petite chronique :
La voie sacrée bordée de part et d'autre d'immenses étendues à perte de vue de céréales et betteraves, ponctuées d'éoliennes et de quelques pylônes électriques nous emmène jusqu'à la forêt rouge. Non pas rouge des feuillages cramoisis de l'automne pourtant bien présents, mais rouge de sang versé, rouge de fer, rouge du nom de la zone interdite à l'habitation et à l'agriculture, rouge de la honte qui devrait nous hanter. Nous sommes sur les hauteurs de Verdun et cette voie sacrée a été réalisée en 1916 pour acheminer soldats, ravitaillement et munitions jusqu'au front ; front statique sur quelques kilomètres du 21 février au 18 décembre 1916.
Cette « forêt de guerre » a été plantée à partir de 1927 après 10 ans de désobuage sur le linceul de terre des corps torturés, déchiquetés, superposés et enlacés, de plus de 100000 disparus Français et probablement autant d'Allemands. C'est donc sur un cimetière de vies broyées, de soldats, noirs, blancs, annamites, musulmans, israélites, catholiques, que chênes, hêtres, pins sylvestres, aulnes et autres essences insinuent leurs racines. Les premières coupes d'arbres mûrs de cette forêt labellisée « forêt d'exception » mettent à jour une succession de trous et de bosses, creusés et rebouchés au fil des jours par les 53 millions d'obus utilisés sur ce champ de bataille, soit 6 obus (de 210 à 420 mm) par mètre carré. Comment imaginer ces deux millions d'obus, un toutes les trois secondes, tombés sur les positions Françaises en deux jours ce 22 février 2016. Comment imaginer la souffrance des soldats des colonies habitués à vivre à 40 degrés, englués dans des hauteurs de boue quelquefois d'1,5 mètre d'épaisseur à laquelle ils sacrifiaient leurs chaussures pour s'en sortir quand ils le pouvaient encore, dans des vêtements trempés par la pluie et la neige..., comment imaginer le courage, la résignation, le déchirement à l'idée de ne pas revoir les siens, la peur, de ceux qui « montaient en enfer ».
Aujourd'hui l'espace semble serein, le champs lunaire de la fin des hostilités a laissé place à 12400 hectares de forêt, réponse trouvée en son temps à la pollution microbienne des sources et du sol due aux cadavres humains et animaux, aux résidus de gaz de combats, aux munitions non explosées.
Sur l'emplacement de villages détruits quelques pancartes indiquent devant des trous « boulanger, agriculteur, école... » Il ne reste pas même un petit bout de mur de trois pierres appareillées.
De part et d'autre de la voie sacrée d'immenses étendues à perte de vue sans un arbre. La forêt rouge est dans notre dos. Quelques expériences de végétalisation sous les pylônes pour tenter de favoriser une biodiversité qui a disparue avec les remembrements, quelques tentatives d'arracher un peu de mètres carrés à la culture pour recréer des haies...
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Voir aussi le programme d'intervention sur les arbres pour la prochaine saison.

28 septembre 2018

Petite chronique :
Connaissez-vous le LiDAR (Linght Detection and Ranging)? Si, si, vous en connaissez une application, les jumelles dites à « radar laser » pour le contrôle portatif de vitesse. Il existe de nombreuses applications de ces appareils qui émettent des ondes infrarouges (des millions d'impulsions laser), en architecture, archéologie, pour les voitures autonomes.
L'université de Londres (UCL) a développé un LiDAR pour détecter au sol la quantité de carbone stockée dans les forêts tropicales. Cet outil qui permet de créer une image en 3D de la structure des arbres a été utilisé pour la première fois à Londres dans un quartier doté d'environ 85000 arbres. L'agence britannique de l'environnement et l'ULC ont mis en évidence qu'un grand parc comme Hampstead Heath pouvait stocker jusqu'à 178 tonnes de carbone par hectare absorbés par photosynthèse tout au long de la vie des arbres en tant que puits de carbone urbain. Cette valeur est proche de la valeur médiane de stockage des forêts tropicales qui s'élève à environ 190 tonnes par hectare. Il faut utiliser ces données avec prudence et ne pas rapidement tenter une règle de trois avec nos 36000 arbres environ. Protéger et planter des forêts urbaines est essentiel pour construire des villes vivables et durables dans un avenir où les populations mondiales deviendront de plus en plus urbanisées.
(source : Paysage Actualité et internet)

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21 septembre 2018

Petite chronique :
Il existe une loi en écologie appelée « l'exclusion de niche » : Deux espèces partageant exactement la même niche écologique, et donc en compétition pour tous les aspects de ce qu'elles attendent du milieu, ne peuvent coexister de façon durable, l'une prenant le dessus comme dans les grandes forêts de résineux...
Et pourtant le botaniste est souvent saisi par la diversité des arbres en forêt tropicale, 10 à 100 fois plus importante que celle des forêts de régions tempérées. Cela est expliqué par l'effet « Janzen-Connell » : Quand une espèce s'installe, elle attire ses pathogènes et limite ainsi l'installation des individus de la même espèce. L'étude de l'installation du cerisier noir (Prunus 'serotina') espèce de la zone tempérée nord-américaine illustre bien cet effet. D'un côté la dispersion (surtout par les animaux) entraîne une abondance de graines décroissante avec la distance au pied de l'arbre. D'un autre côté, les germinations observées en début d'année de végétation vont à l'inverse quant à elles, en nombre croissant avec cette distance. La survie est d'autant meilleure qu'on s'éloigne du pied mère. La probabilité de survie à seize mois passe de moins de 20% en deçà de 5 mètres à 90% à 30 mètres et au-delà. Aussi, il est bien rare de voir côte à côte deux cerisiers noirs en Amérique du nord où la distance moyenne entre deux adultes est de 30 à 50 mètres.
Après plusieurs protocoles d'essais germinatifs il a été démontré que débarrassés de microbes, tous les sols ont une fertilité identique et que les microbes qui se développent près des adultes limitent la survie.
Les agents responsables appartiennent surtout à un groupe de champignons du sol les oomycètes du genre Pythium, car des traitements spécifiques de ces oomycètes lèvent l'effet inhibiteur des sols prélevés près des adultes.
De nombreuses expériences soutiennent l'existence d'un effet Janzen-Connell généralisé dans les forêts tropicales.
Ainsi, en sus de la modulation de la compétitivité liée aux microbes symbiotiques comme les mycorhiziens, l'accumulation de pathogènes spécifiques contribue aussi à l'assemblage des communautés, et à expliquer la rareté ou la fréquence des espèces.
Il est évoqué l'absence de ravageurs présents dans leur aire d'origine à l'origine du caractère invasif de certaines plantes introduites mais l'absence dans les sols de pathogènes spécifiques les rendrait également plus concurrentielles mais c'est une autre histoire...
(source : Marc-André SELOSSE, « jamais seul »)

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14 septembre 2018

Petite chronique :
L'an dernier, mon ami Mustapha m'a appris la disparition du baobab sacré de Ouagadougou. J'avais été amusé la première fois le voyant couper son autoradio à l'approche de l'arbre. Il m'avait expliqué le respect qu'il fallait montrer à cet arbre. Ces mastodontes semblent immuables. Néanmoins au cours des 12 dernières années, 9 des 13 plus vieux baobabs au monde sont morts. Au cours de la deuxième moitié du XIX e siècle, les baobabs d'Afrique Australe ont commencé à mourir mais depuis 10 à 15 ans leur disparition s'est accélérée. Il est choquant de voir disparaitre ces arbres millénaires. Parmi les victimes, le baobab Panke né au Zimbabwe en l'an 430 av. J-C s'est effondré en 2011 à environ 2450 ans.
Les baobabs, appelés « arbres à palabres » et sacrés dans de nombreuses cultures, sont une des silhouettes les plus emblématiques des savanes arides. Contrairement aux arbres classiques, il est difficile d'estimer leur âge par dendrochronologie, c'est-à-dire en analysant les anneaux de leur tronc. Aussi ces estimations ont été réalisées au carbone 14.
Tout au long de sa vie, le baobab va en effet produire de nouveaux troncs, là où d'autres espèces produisent des branches. Ces tiges ou troncs, souvent d'âges divers, fusionnent ensuite ensemble. Cela forme une grande cavité entre les différents troncs.
« La cavité d'un vieux baobab du Zimbabwe est si grande que près de 40 personnes peuvent s'y abriter », souligne le site internet du parc national Kruger en Afrique du Sud. Ils ont déjà été utilisés comme magasin, comme prison ou plus simplement comme arrêt de bus.
Le « Platland Baobab » en Afrique du Sud a d'ailleurs longtemps abrité un bar et une cave à vin. Plus gros baobab du monde avec un tronc de plus de dix mètres de diamètre et un volume total de bois de 501 m3, il a accueilli jusqu'à une soixantaine de personnes à la fois.
Entre 2005 et 2017, Adrian Patrut et ses collègues ont étudié tous les plus grands (et donc généralement les plus vieux) baobabs d'Afrique, plus de 60 en tout. Leur quête les a amenés au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Namibie, au Mozambique, au Bostwana et en Zambie.
« Avant de commencer nos recherches, nous avions été informés de l'effondrement du baobab Grootboom en Namibie mais nous pensions que c'était un événement isolé », rapporte Adrian Patrut. Les raisons de cette hécatombe parmi ces arbres millénaires ne sont pas encore claires. Les chercheurs évoquent le dérèglement climatique comme possible cause. Il ne faut pas oublier, remarque Adrian Patrut, que « la région dans laquelle les baobabs millénaires sont morts est l'une de celles où le réchauffement est le plus rapide en Afrique ».
La liste des disparus connus :
"Panke", baobab de Mbuma au Zimbabwe. Tous ses troncs se sont effondrés et il est mort en 2010-2011. 2450 ans
"Dorslandboom", baobab du parc Khaudum en Namibie. Ses deux troncs les plus anciens ont rompu et sont morts en 2006. 2100 ans
"Glencoe", baobab de Hoedspruit en Afrique du Sud. Sa partie principale s'est divisée en deux et il est mort en 2009. 2000 ans
"Holboom", baobab du Nyae Nyae Conservancy en Namibie. De nombreux troncs se sont effondrés depuis 2012. 1800 ans
"Grootboom", baobab du Nyae Nyae Conservancy en Namibie. Tous ses troncs se sont effondrés et sont morts en 2004-2005. 1500ans
Baobab Chapman, du Pan de Makgadikgadi au Botswana. Tous ses troncs sont morts en 2016. 1400 ans
Grand baobab de Makulu Makete en Afrique du Sud. Tous ses troncs sont morts en 2008. 1250 ans
Baobab Lundu, en Zambie. De nombreux troncs sont morts depuis 2014. 1250 ans
"Sunland Baobab", à Platland farm en Afrique du Sud. Une grande partie est morte en 2016-2017. 1100 ans
(source : étude parue dans la revue « Nature Plants» Adrian PATRUT de l'université Babes-Bolyai en Roumanie)

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6 septembre 2018

Petite chronique :
Si les plantes ne renvoient que des longueurs d'onde vertes alors qu'elles sont éclairées de lumière solaire blanche, c'est qu'elles absorbent toutes les longueurs d'onde, bleues et surtout rouge. La molécules responsable de cette absorption sélective nous le savons tous est la chlorophylle. La couleur verte n'est pas uniformément répartie dans les cellules des végétaux et se concentre dans de petits grains d'un centième de millimètre que l'on appelle les chloroplastes. Ce sont eux qui réalisent la photosynthèse dont l'énergie absorbée permet à des enzymes de transformer le Co² en sucres.
Ces plastes ont leur propre ADN, différent de celui de la plante, ADN dont la structure en molécule circulaire fermée sur elle-même et celle de leurs gênes sont typiquement bactériennes.
Les origines des plastes sont parmi les cyanobactéries. Ce sont des bactéries endosymbiotiques.
Nous avons évoqué dans de précédentes chroniques les nombreuses symbioses mises en place dans la coévolution des plantes et de microbes. La théorie de l'origine endosymbiotique des Eucaryotes ajoute un point d'orgue à l'importance de la symbiose dans la constitution des organismes.
Remontons à 1,5 milliard d'années. À cette époque des cellules eucaryotes ingurgitent des bactéries ce que nous appelons endosymbioses). De ces endosymbioses évolutives (Il semble qu'au cours de l'évolution l'ADN originel de la bactérie ait subi diverses évolutions, perdu un grand nombre de gènes, parfois transférés dans l'ADN de la cellule hôte) sont issus les plastes des arbres et plus largement des plantes et algues. Les chloroplastes siège de la photosynthèse, les amyloplastes spécialisés dans le stockage d'amidon, ou encore les chromoplastes qui donnent leurs couleurs aux fruits. La présence de deux ADN dans les cellules, celui des plastes et celui du noyau étaie cette théorie partagée de l'endosymbiose.
Surprenant tout cela mais nous aussi, au-delà des millions de bactéries sur la peau et dans le corps, nous avons dans toutes nos cellules (sauf les hématies) des mitochondries, centrales énergétiques de ces cellules. Il est maintenant admis que les mitochondries proviennent de l'endosymbiose d'une protéobactérie il y a environ 2 milliards d'années. La théorie de l'origine des mitochondries a été développée et argumentée par Lynn Margulis dès 1966, puis elle a été appuyée par la découverte de l'ADN spécifique des mitochondries en1980. Un jour nos ancêtres ont été une bactérie et un proto_eucaryote indépendants, puis un jour suivant ils furent en symbiose, et maintenant cette symbiose est devenue si étroite que l'on ne discerne plus qu'une seule espèce : l'homme.
(source : Marc-André SELOSSE « Jamais seul »)

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14 août 2018

Petite chronique :
Aujourd'hui je ne vais pas vous parler d'arbres mais de végétaux qui par leur taille pourraient être pris pour des arbres.
Il existe deux critères importants pour être reconnu comme arbre. Non, ce n'est pas la taille, vous avez encore votre chance. Néanmoins la taille est (ou a été) utilisée pour la différenciation entre arbres, arbrisseaux et arbustes.
La première condition est de posséder un cambium, rappelez-vous la très fine couche de cellules embryonnaires située sous l'écorce et produisant chaque année un nouveau cerne de bois.
La seconde est de construire un tronc unique nettement individualisé.
Prenons le palmier. Certaines variétés peuvent atteindre plus de 30 mètres de hauteur mais cela sans cambium, c'est-à-dire sans bois pour le soutenir. La croissance commence en diamètre pendant 5 à 10 ans puis en hauteur. Le palmier fabrique de nouvelles palmes dont les gaines foliaires s'emboitent dans celles des palmes précédentes et consolident sa tige. Sa tige est appelé stipe et non tronc. Il n'y a pas de cerne mais des vaisseaux conducteurs de la sève et un grand nombre de fibres solidifiées par la lignine. À la base, des racines peuvent apparaitre sous l'écorce, élargissant cette assise et consolidant davantage la stabilité du sujet. Comme les bananiers, dragonniers, yuccas et fougères arborescentes qui paraissent construire un tronc unique, les palmiers ne sont pas des arbres.
La tige du bananier est formée par la juxtaposition des gaines foliaires concentriques à l'image du poireau. En coupe c'est très joli mais peu solide. Néanmoins, le bananier de Nouvelle Guinée atteint 15 mètres de haut. La véritable tige du bananier se trouve sous terre et lui permet après chaque récolte de repousser.
Pour les fougères arborescentes qui peuvent atteindre 10 mètres de hauteur, la tige est constituée d'une masse fibreuse de racines qui descendent des frondes.
(Source : « L'arbre Au-delà des idées reçues » Christophe Drénou)

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10 août 2018

Petite chronique :
Le 1er mars 1924, le Conseil municipal en séance publique, sur la convocation et sous la présidence de monsieur Paul MISTRAL, Maire, donnait un avis sur diverses plantations à effectuer sur des voies publiques et au cimetière. Autorisation était ainsi donnée de planter la rue des Alliées. Le premier février de l'année précédente, monsieur SEGUIN, directeur du service des Promenades et jardins, avait évoqué auprès du premier magistrat de la ville la demande des riverains de cette voirie de voir planter des arbres et leur proposition de participer à la dépense. « ...Cette avenue mesure du passage à niveau de la ligne de Gap au chemin d'Echirolles une longueur de 600m environ avec une largeur prévue de 15m, une chaussée de 7m et deux trottoirs de 4m... L'utilité d'arbres se fait sentir dans cette voie nouvelle... Le service Voirie n'a jusqu'à ce jour procédé qu'à un cylindrage de la chaussée, les trottoirs prévus n'existent pas encore... ». Les trottoirs furent réduits à 3,5mètres, le platane choisi pour sa rusticité avec un entre-axe de 10m et le chantier estimé à 3220 francs pour 115 arbres.
En 1943, Paul COCAT remerciait le Directeur des établissements FIT de l'envoi d'un chèque de 3000 francs pour contribuer au remplacement de 9 sujets carbonisés par l'incendie d'un dépôt de caoutchouc de ces établissements dans la nuit du 12 au 13 juin. En 1963 la chaussée de la rue au droit du Marché de Gros fut portée à 14 mètres, nécessitant la coupe de 8 sujets, puis en 1966 pour permettre la construction du pont au-dessus de la voie ferrée ce sont 5 platanes qui ont été transplantés boulevard Jean Pain afin de remplacer des arbres morts. Enfin, en 1974 la Municipalité décide de lancer un vaste programme de plantation d'arbres d'alignements alors que depuis de nombreuses années les arbres étaient remplacés au coup par coup. Onze tranches seront réalisée jusqu'à 1984 dont la rue des Alliés qui fait partie de la première tranche de plantation avec 42 platanes en 1974. Enfin, en 1992 un inventaire diagnostic fait état de 76 platanes entre les rues Balzac et Stalingrad et de 44 autres sujets entre Stalingrad et Marie Reynoard. Pour la première section le rapport de l'expert évoque : « 76 arbres, un dangereux, 11 à risque... si l'objectif de la Municipalité est de diminuer les coûts de fonctionnement, il sera préférable d'abattre ces arbres au profit d'une nouvelle plantation à grand développement... »
Aujourd'hui, des platanes de la rue des Alliées s'approchent donc de leur centenaire. Ils ont subi des tailles mutilantes et des travaux de voirie. Aussi des champignons lignivore se sont développés en eux. Depuis plusieurs dizaines d'année ils sont taillés tous les trois ans « sur prolongement » pour assurer la sécurité des passants dans l'attente d'un grand chantier de renouvellement.
(Source : archives du service)

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3 août 2018

Petite chronique :
Le 22 septembre 1884, Edouard REY Maire de Grenoble autorisait le jardinier en chef de la ville de Grenoble « à remettre à M. le Pharmacien en chef des hospices, les oranges que vous ferez cueillir sur les orangers de la ville avant leur rentrée dans les orangeries »
Que d'échanges épistolaires sur ces orangers dont l'injonction en 1904 de « rétablir l'exposition qui était faite précédemment au jardin de ville et sur la place Grenette... dans les plus brefs délais ». Le nouveau Maire Charles RIVAIL, fraichement élu en mai montrait à monsieur ALLEMAND chef de service qu'il fallait assurer la continuité de service.
Il faut dire qu'à cette époque, la mise en place des alignements d'orangers taillés en cubes, indiquait la belle saison et l'arrivée des touristes dans la capitale des Alpes françaises. C'était un véritable évènement qui durait près d'un mois pour deux hommes avec un cheval et son chariot portant l'oranger sur deux cordes. Le chariot automoteur avec élévateur a réduit dans un premier temps à 10 jours cette activité qui aujourd'hui prend moins d'une journée.
La ville a compté jusqu'à 153 orangers et le 17 juin 1970, l'ex chef de service des espaces verts devenu simple retraité citoyen, évoquait pour défendre leur maintien que certains dataient du connétable de Lesdiguières. Il est à noter que leur mode de culture en bacs avec ces tailles annuelles au cordeau et le nettoyage régulier des racines en faisait de grands bonsaïs.
La ville acheta ces arbres d'ornement au nombre de 93 le 11 mars 1735 alors qu'ils avaient plus de 100 ans, datant de la création en 1622 des jardins de l'hôtel particulier du connétable de Lesdiguières. Les orangers étaient rentrés chaque hiver dans un local construit en 1675 par le maître maçon Jean Louis, en bordure de la rue Montorge. Il comprenait trois caves voûtées. C'est en 1895 que la ville de Grenoble a construit son Orangerie rue Joseph Chanrion. Au printemps 1970 la décision fut prise de diminuer le nombre de plantes d'orangerie car leur gestion dont le renouvellement des bacs est onéreuse et de les laisser en « forme plus naturelle et jugée plus esthétique par la municipalité que la forme cubique... ».
Aujourd'hui il ne reste que 66 bacs d'orangerie, 10 avec des orangers et 56 avec des palmiers.
(Source : service archives)

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27 juillet 2018

Petite chronique :
Il a été mesuré une augmentation significative de la fréquence et une amplitude croissante des volumes abattus par les tempêtes depuis 1865. Sans écarter l'hypothèse des possibles bouleversements climatiques, certains relient l'augmentation des chablis à la proportion croissante des peuplements résineux dans les forêts de l'Europe centrale depuis la fin du XIX è siècle et à la part croissante de ces plantations dans nos forêts Françaises depuis la fin de la seconde guerre mondiale. La France a été épargnée jusqu'en 1982, car les peuplements étaient encore jeunes et pas encore sensibles aux dégâts du vent. Si les dégâts augmentent et sont plus fréquents depuis 30 ans, c'est aussi par ce que la surface forestière et le capital sur pied n'ont cessé d'augmenter depuis plus d'un siècle. L'analyse des dégâts des différentes tempêtes des quarante dernières années permet d'évoquer une sensibilité plus forte de certaines essences au vent (épicéa, pin sylvestre, hêtre, tremble et peuplier) tandis que d'autres comme le chêne résistent bien.
Si le sol est relativement sec (tempête de novembre 1982) les arbres sont plus souvent brisés que renversés. À l'inverse, lorsque la tempête se produit après une période très pluvieuse (décembre 1989), les arbres sont plus facilement renversés car les forces reliant l'appareil racinaire et le sol sont plus faibles. La compacité du sol ou sa fertilité favorisant un enracinement dans un faible volume de sol superficiel sont des facteurs d'augmentation du risque.
La résistance au vent dépend principalement du type de système racinaire. Le système en coeur (douglas, mélèze, hêtre, érable sycomore, chêne, bouleau, tilleul, charme) paraissant le plus résistant alors que le système traçant (épicéa, frêne, tremble) s'avérant comme le moins. On pourrait penser que le système pivotant (sapin, pin) permet un meilleur ancrage mais le facteur déterminant est davantage la pénétration racinaire oblique et la densité de chevelu racinaire que la profondeur de l'enracinement principal par ce que cela permet de fixer une quantité de terre importante. Or l'arbre tient dans le sol beaucoup plus par le socle formé autour des racines fines, dont le poids est environ 8 fois celui de l'arbre que par un effet d'ancrage.
La hauteur des arbres dominants supérieure à 15 mètres pour les résineux et 25 mètres pour les feuillus augmente les dégâts. Le facteur d'élancement H/D déjà évoqué dans d'autres chroniques est déterminant dans les risques pour une même hauteur dominante. Ainsi pour une zone forestière dont la hauteur dominante est 24 mètres, nous avons une bonne stabilité pour un Hg/Dg inférieur à 55, une stabilité variable entre 55 et 90 et une forte instabilité au-dessus de 90. En zone peu stable les arbres ne peuvent résister individuellement au vent et font bloc. En cas d'ouverture du peuplement suite à une éclaircie l'effet bloc est supprimé et les arbres restants sont exposés au risque de volis.
(Source : Laurent Bergès CEMAGREF)
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19 juillet 2018

Petite chronique :
L'aérodynamique est une science expérimentale et de nombreuses simulations sont réalisées pour vérifier les forces de trainées et les turbulences engendrées par les frottements d'un fluide sur un objet, air sur un avion en vol ou eau sur un sous-marin. Autant dire la difficulté de modéliser les frottements d'un vent tempétueux sur une forêt. Toutefois, l'augmentation significative de la fréquence et l'amplitude croissante des volumes abattus par les tempêtes depuis 1865 interrogent les gestionnaires forestiers.
Contrairement à ce que l'on peut intuitivement penser, ce n'est pas du côté exposé au vent que les dégâts sont les plus importants mais du côté de la lisière sous le vent. En effet, du côté exposé au vent la lame d'air est déviée vers le haut, on observe des turbulences au-dessus de la forêt, le vent est soulevé puis derrière il est progressivement rabattu. Il se crée une aspiration, l'air étant aspiré hors de la forêt du côté sous le vent. Sa vitesse augmente donc avec une zone de fortes turbulences au ras de la canopée au-dessus de la lisière sous le vent. C'est là, par fortes tempêtes que les chablis sont les plus graves. Du côté au vent, à une distance égale à 2 fois la hauteur du peuplement la vitesse du vent est freinée de 20%. Du côté sous le vent, le vent ne retrouve sa vitesse qu'à une distance correspondant à 20 fois environ la hauteur du peuplement.
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4 juillet 2018

Petite chronique :
Les conflits d'usages et fonctions compliquent la gestion d'une forêt écartelée entre ses fonctions sociétales, environnementales et économiques.
D'anciens écrits sur les forêts Françaises sont source d'éléments de connaissance mais c'est sur la base de la carte de Cassini établie au XVIII ème siècle que l'université Humbolt de Berlin a pu déterminer la surface de forêts Françaises (7500 ha) dont la présence est attestée sans discontinuité depuis cette époque. Je ne vais pas m'égarer dans des explications sur la réalisation de cette carte au risque de me faire taper sur les doigts pour inexactitude par les professeurs de géographie qui sont parmi vous. Toutefois sa réalisation constitue une riche histoire familiale sur quatre générations et aussi une belle histoire scientifique initiée par Louis XIV avec la création de l'académie des sciences. Colbert demanda à cette académie en 1668 de réaliser des cartes plus exactes que celles qui existaient et donnaient des distances entre villes en journées de cheval. C'est donc la première carte topographique et géométrique établie à l'échelle du royaume de France. Elle comprend 181 feuilles. Ces cartes sont utilisées en écologie rétrospective et pour comprendre l'histoire du paysage (et aussi par les chasseurs de trésors mais chuuut...).
Revenons à nos 7500 ha dont moins de 17% sont protégés soit 1250 ha (sur 17 millions d'hectares de forêt Française). Le programme « Forêts anciennes » du WWF et le pôle forêt des Réserves naturelles de France ont identifié 52 peuplements naturels anciens dans 33 massifs forestiers où les tronçonneuses sont libres d'agir. Avec le développement de l'exploitation du bois comme source d'énergie ne faudrait-il pas augmenter le nombre et la surface des espaces de réserve intégrale pour les préserver? Ce classement permet le suivi de la dynamique naturelle d'écosystèmes peu soumis à l'action anthropique. Un bon exemple de l'intérêt de cette préservation est la forêt de Massane (Pyrénées-Orientales) de 336 ha, protégée depuis 1973 qui recèle 6467 espèces animales et végétales. Ce terrain de travail de plusieurs spécialistes est cité dans plus de 800 publications scientifiques notamment pour les études d'insectes xylophages. Plus près de nous la réserve intégrale du Lauvitel fait l'objet depuis sa création (1995) d'un suivi de la forêt qui n'est plus exploitée que depuis 1922. La réserve intégrale du Vercors créée en octobre 2009 sur 2160 ha avait suscité une forte opposition au moment de la création. C'est l'une des trois plus grandes réserves de biologie intégrale française. Outre l'abandon des pratiques sylvicoles, le classement en réserve intégrale implique l'arrêt de l'activité pastorale et les fréquentations non autorisées.
(Source : Loïc CHAUVEAU Sciences et Avenir)
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29 juin 2018

Petite chronique :
Connaissez-vous le « Shinrin Yoku ? La tradition japonaise du « bain de forêt » a acquis une reconnaissance scientifique internationale avec la mise en évidence de la baisse de pression artérielle, du taux de cortisol et l'amélioration de l'immunité par différentes études médicales. 62 centres de sylvothérapie ont été certifiés au Japon et environ 5 millions de Japonais s'y rendent chaque année. Le Dr Li auteur de plusieurs publications (dont « Shirin Yoku : l'art et la science du bain de forêt » ed. First) a mis en évidence l'effet de certaines molécules aromatiques libérées par les arbres, (les phytoncides). N'importe qui peut pratiquer le Shirin Yoku dès lors que l'on a une forêt ou un parc avec des arbres près de chez soi. Il suffit de marcher lentement, sans but pendant deux heures et de savourer les sons, les odeurs et les images de la nature. Alors que les recherches Européennes de bienfaits de la nature se sont plus intéressées aux aspects psychologiques, au japon on s'est intéressé aux aspects physiologiques et on les a quantifiés (augmentation de 50% des lymphocytes NK, de 48% de la granulysine après trois jours et deux nuits passés en forêt, avec une persistance des effets pendant près de 30 jours. La sylvothérapie fait partie de pratiques préventive pour des personnes en bonne santé. Toutefois, d'autres études sont lancées pour analyser ses effets sur des personnes malades, notamment sur l'hypertension.
(Source : Isabelle SAGET plantes et santé)
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20 juin 2018

Petite chronique :
La valeur d'un arbre est inestimable... Quoique...
Plusieurs méthodes ont été élaborées pour tenter d'évaluer la valeur monétaire (bien heureusement pas la seule) d'un arbre.
- Celle utilisée dans la charte de l'arbre de la ville de Grenoble est déclinée d'une méthodologie de l'association des ingénieurs territoriaux de France (AITF). Très précise, elle est complexe à présenter de façon synthétique. Avec la valeur 'intrinsèque' de l'arbre, elle permet d'approcher la valorisation des dommages engendrés (troncs, racines...) et d'estimer un préjudice.
- Une autre méthode est utilisée par Bordeaux, plus simple, résultant de la multiplication d'indices (indice de situation, indice sanitaire, indice de circonférence et indice d'espèce)
Exemple d'un micocoulier de 235 cm de circonférence sur un trottoir :

  • Arbre en alignement : indice 4,
  • Bon état sanitaire vigueur moyenne : indice 2,
  • prix unitaire achat : 102 euros,
  • Circonférence : indice 4
  • ce qui nous donne une valeur de l'arbre de 4x2x102x40 = 32640 euros.

- Une méthode anglaise : la méthode Helliwell (Source : William Moore, l'atelier de l'arbre). Combinaison de 7 paramètres (taille, espérance de vie, emplacement dans le paysage, proximité d'autres arbres, relation avec le contexte, formes, paramètres spéciaux), cette méthode tient compte du mode de gestion de l'arbre (de sa forme...) en port libre (= naturel) à très fortement contraint (taille de réduction ou de rapprochement)
Ainsi, les 150 platanes de la célèbre place des Quinconces à Bordeaux ont été évalués suivant les 2 méthodes de gestion. En taille de réduction, les 150 arbres sont estimés à 250 700 euros. En port libre, l'évaluation s'élève à 12 372 480 euros soit presque 50 fois plus !!! Ainsi, la valeur d'un platane conduit en port libre soudainement taillé en réduction passe de 82 400 euros à 1 718 euros. Ce type de taille coûte donc bien plus cher en perte de valeur patrimoniale de l'arbre qu'en frais d'élagage. La taille de réduction n'est donc à utiliser, en dernier recours, que pour des raisons uniquement sanitaires et/ou sécuritaires (et non de courtoisie, d'habitudes...) pour prolonger la vie de l'arbre.
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14 juin 2018

Petite chronique :
Le déficit foliaire est une estimation de la perte en feuillage des arbres (notée de 0 à 100%). Cet indicateur intègre tous les aléas pouvant affecter les arbres.
C'est dans les feuilles, siège de la photosynthèse, que l'eau, les éléments minéraux puisés dans le sol et le dioxyde de carbone (CO2) de l'air, se rencontrent pour former les composés nécessaires à la vie de l'arbre. En cas de diminution du feuillage des arbres, suite à des incidents climatiques (sécheresses, grêles, tempêtes...), à des attaques d'origine animale (insectes...), de champignons, à des problèmes d'alimentation en minéraux ou en eau dans le sol, à des perturbations humaines (tassement des sols, pollutions...), les possibilités de croissance, de reproduction, voire de survie peuvent être affectées.
Le suivi du déficit foliaire représente un outil intéressant pour évaluer l'état de santé des arbres et sa dynamique en réponse aux stress environnementaux jusqu'à un dépérissement éventuel. Utilisé en gestion des forêts, il a permis d'analyser les effets de la canicule de 2003. L'O.N.F. a établi une carte de tendances contrastées sur le territoire entre 1997 et 2009.
Lorsque le déficit foliaire augmente, cela signifie que l'état de santé de l'arbre se dégrade ; au contraire quand il diminue cela traduit une amélioration.
Différents facteurs sont à l'origine des pertes foliaires, mais les principaux paramètres expliquant les variations de déficit foliaire d'une année à l'autre sont liés à l'alimentation des arbres en eau. Généralement ce sont les années suivant des sécheresses pour lesquelles on observe une augmentation du déficit foliaire. Mais il y a des cas où le phénomène est inversé, avec une augmentation du déficit foliaire suivant une année pluvieuse, notamment lorsqu'un engorgement temporaire du sol empêche les racines de respirer.
En moyenne, on observe une croissance moindre en diamètre chez les arbres présentant un déficit foliaire plus élevé. Par rapport à des arbres parfaitement sains, cette diminution est visible dès les premiers stades de déficit foliaire et elle s'accentue en proportion des pertes de feuillage (1% de perte foliaire = environ 1% de perte de croissance).
En ville, nous juxtaposons souvent le retard de mise à feuille d'un arbre et son déficit foliaire par rapport à ses voisins de même variété, pour lancer d'autres investigations.
(Source : L'état du feuillage (ONF))
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8 juin 2018

Petite chronique :

Il est bien noir mais ce n'est pas un arbre qui a subi un incendie. Ce marronnier de la Métropole sur le territoire Grenoblois est probablement victime d'une bactérie au nom de Pseudomonas syringae pathovar aesculi (Psae). On appelle cette affection « le chancre bactérien du marronnier » ou maladie du saignement du marronnier, décellée en Europe de l'Ouest depuis la fin des années 90 et en France dans le Pas de Calais en 2001. L'identification de la Bactérie ne remonte qu'en 2007 et aujourd'hui elle est réputée présente en Picardie, Ile de France, Basse Normandie, Champagne-Ardenne comme en Angleterre, Belgique, Pays Bas, Norvège, Allemagne et Irlande. Elle peut réaliser son cycle à l'extérieur des tissus (sur les feuilles fleurs fruits et le bois) sans conséquence pour le végétal. Sournoise, elle profite d'une ouverture naturelle ou d'une plaie peu importante pour pénétrer les tissus ligneux et se comporter en pathogène alors même que l'arbre est au repos en hiver. Elle progresse en utilisant les vaisseaux conducteurs (phloème et xylème) et détruit les tissus vivants. À l'aplomb des zones nécrosées, les vaisseaux conducteurs sont obstrués. Les parties vivantes tentent de produire des cals de recouvrement ce qui provoque des décolements d'écorce et la bactérie continue ses attaques mettant en défaut les réactions de l'arbre qui le plus souvent est terrassé en quelques années. Les modes de dissémination de la bactérie sont peu connus avec une forte probabilité que la pluie et les éclaboussures soient fortement impliquées. Les analyses pour détermination sont complexes et dans le cas présent s'étaient avérées négatives en 2015. La lutte n'est pas obligatoire mais il semble que la prophylaxie par suppression des individus atteints et à proximité est souhaitable.
Cet arbre sera coupé et remplacé par un sujet d'un autre genre.
(Source : Pierre AVERSENQ Le lien horticole)
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30 mai 2018

Petite chronique :
Plusieurs arbres sont accusés d'être sans coeur par ce qu'ils présentent un bois blanc sur toute la surface d'une coupe transversale de tronc. De ce fait la distinction entre aubier et duramen est difficile à l'oeil. Ces « bois blancs » sont souvent des espèces à pores diffus (comme les hêtres, marronniers, micocouliers, platanes, tilleuls, érables, charmes, aulnes, bouleaux) mais il y a également des résineux (comme les épicéas, sapins pectinés, tsuga) ou encore le frêne en espèce à zone poreuse. Souvent leur aubier compte un grand nombre de cerne, de 14 à plus de 100 ce qui fait que pendant de nombreuses années ils peuvent en effet être dépourvus de coeur, la duraminisation n'ayant pas débuté.
Pour le peuplier accusé également d'être sans coeur, la section transversale du tronc présente bien deux zones : un disque central plus ou moins foncé et un anneau périphérique plus clair. Néanmoins, comme la partie centrale présente une très forte humidité, les professionnels considèrent encore qu'il s'agit de bois mouillé infecté par des bactéries. À l'analyse il n'en est rien. Il y a bien disparition totale de cellules vivantes et chute brutale de réserve en amidon en passant de l'anneau externe à la partie centrale ce qui définit le duramen. Il y a également une augmentation de la teneur en eau de 45% à 55% dans les cernes externes à 60% à 70% dans le disque central. L'eau ne circule pas comme dans l'aubier du bas vers le haut mais sert de réserve. Elle est stockée en période de surplus et relâchée en direction de l'aubier en période de sécheresse. Ce duramen humide permet de mieux résister aux attaques des champignons et bactéries. Ainsi le duramen n'est pas toujours plus sec que l'aubier (c'est également le cas pour les bouleaux) et il faut y regarder à deux fois avant d'accuser d'être sans coeur. Pour les coeurs d'artichaut, c'est une autre histoire...
(Source : Christophe Drénou « L'arbre au-delà des idées reçues »)
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24 mai 2018

Petite chronique :
Il est difficile de trouver même sur internet des articles sur le faux coeur, le bois coloré et le coeur mouillé alors qu'ils sont nombreux sur le vrai coeur (duramen).
- Les faux coeurs sont de vrais coeurs dont la coloration normale (souvent blanc comme l'aubier) est modifiée. Ce changement de couleur est induit par des ouvertures traumatiques, comme le bois d'ailante qui devient jaune après blessure , celui du frêne devenant noir et celui du hêtre rouge. Cependant, la couleur peut aussi provenir du processus naturel de duraminisation comme pour les coeurs rouge du mélèze, du douglas et des pins. Ainsi, l'interprétation des différentes couleurs est particulièrement complexe.
Les qualités technologiques du bois dans le cas des faux coeurs ne sont pas altérées. Une entrée d'air dans le bois par une ouverture induit une oxydation et il n'y a pas de pourriture. La décote s'il y en a une du prix du bois n'est liée qu'à l'esthétique recherché et à un effet de mode. Le terme de faux coeur est utilisé pour les arbres dont l'aubier et le duramen de même couleur sont difficiles à distinguer visuellement.
- Le « bois coloré » touche à la fois l'aubier et le duramen. La coloration est liée à la compartimentation quand des agents pathogènes franchissent l'écorce. L'arbre met en place ses quatre barrières de substances antiseptiques et le bois change de couleur de part et d'autre des blessures en formant des colonnes irrégulières et discontinues de bois coloré. Contrairement au faux coeur, ce bois coloré est susceptible de s'altérer et de pourrir.
- Enfin, le coeur mouillé est une maladie provoquée par une infection bactérienne qui provoque la décomposition des glucides et autres composants de la sève. La fermentation engendrée génère des gaz sous pression qui forcent le liquide à s'écouler par les fissures de l'écorce. Marronniers, érables, peupliers et ormes y sont sensibles. Les arbres atteints sont plus vulnérables aux pathogènes mais il ne faut surtout pas tenter de drainer le liquide car on constate alors une pourriture accélérée des tissus.
Ces quelques lignes trop nombreuses se voulaient un préambule pour évoquer un arbre que l'on a longtemps cru sans coeur mais ce sera pour une prochaine chronique.
(Source : Christophe Drénou « L'arbre au-delà des idées reçues »)
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17 mai 2018

Petite chronique :
Nous pourrions penser que la formation de duramen (bois de coeur) n'est que la conséquence de la mort des cellules de l'aubier mais il n'en est rien. C'est un processus couteux en énergie pour l'arbre. Les vaisseaux sont bouchés, des substances nutritives sont réacheminées vers l'aubier, certaines sont transformées en composés antiseptiques comme les tannins, gommes et résines. Ce n'est qu'après cette période de métabolisme intense que les cellules de parenchyme finissent par mourir. Le processus se produit cellule après cellule ce qui fait que le duramen ne suit pas les limites des cernes. Suivant la direction du rayon choisi et suivant la hauteur dans le tronc, le nombre de cernes du bois de coeur peut varier fortement. Une fois constitué, le duramen, bois complètement mort, ne consomme plus aucune énergie. Sa formation permet d'adapter la quantité d'aubier à la surface foliaire disponible. Sa fonction de support mécanique est moins importante que celle de l'aubier soumis aux forces de tension et de compression les plus importantes. Moins attrayant que l'aubier pour certains pathogènes car les substances nutritives sont peu concentrées et moins accessibles, il est recherché par les menuisiers et charpentiers qui commandent des pièces exemptes d'aubier. Toutefois, mis à l'air libre par une plaie, il finit néanmoins par se décomposer sous l'action des champignons, insectes et oiseaux. Le tronc se creuse alors en cheminée.
(Source : Christophe Drénou « L'arbre au-delà des idées reçues »)
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11 mai 2018

Petite chronique :
Il est souvent affirmé que les arbres à croissance lente forment du bois plus dense et donc plus résistant, mais cet adage intuitif sur de nombreux sujets ne se vérifie pas. Nous avions évoqué très succinctement la composition du tronc dans la chronique du 7 avril 2017 sans s'aventurer à l'échelle des conduits de sève brute situés dans l'aubier. Certaines espèces de feuillus fabriquent de gros vaisseaux au printemps ce qui permet de bien distinguer les cernes de croissance annuels. On les appelle feuillus à zones poreuses. D'autres, tout au long de la saison de végétation élaborent des vaisseaux de dimensions à peu près identiques, ce sont les arbres à pores diffus. Enfin, les résineux n'ont pas de vaisseaux mais des trachéides dont les diamètres très petits varient peu. Néanmoins, leur membrane fine en début de cycle s'épaissit avant l'hiver et permet ainsi de discerner les cernes. Ces différentes constitutions subordonnent le transfert de sève (les tubes de gros diamètre sont plus efficaces pour le transport et le stockage de l'eau) et la résistance à l'embolie qui ne seront pas mon propos d'aujourd'hui.
Pour les arbres à zone poreuse, la zone pourvue de gros vaisseaux (entendons nous, c'est de l'ordre de 60 à 800 microns alors que les pores diffus sont de l'ordre de 16 à 160 microns suivant les essences et les trachéides de résineux de 55 microns) comprend plus de vides (occupés par de l'eau ou de l'air que la zone de fin de croissance en fin de saison).
Autre élément à prendre en compte pour la densité du bois, la fabrication de bois initial (début de croissance au printemps) et de bois final (en fin de cycle).
Les arbres à croissance lente vont avoir des cernes moins développés que des individus de la même variété soumis à des conditions plus favorables.
Chez les résineux il est constaté (hors quelques exceptions comme le mélèze et le douglas) un déficit en bois initial par rapport au bois final lorsque les cernes sont étroits. Ainsi, les résineux à croissance lente sont plus denses que ceux à croissance plus rapide car la proportion de membrane par rapport aux vides est plus importante. Notre adage intuitif est donc vérifié.
À l'inverse, pour les arbres à zones poreuses, le bois initial reste de largeur constante et c'est le bois final qui est concerné par la réduction d'épaisseur du cerne. Ainsi, un chêne à croissance lente aura plus de bois initial léger et sera moins dense qu'un même sujet à croissance rapide.
Et qu'en est-t-il des feuillus à pores diffus me direz-vous ? Je vous répondrai que je ne sais pas. En effet il n'existe pas de règle de comportement général, le hêtre se comportant par exemple comme les résineux.
(Source :Christophe Drénou « L'arbre au-delà des idées reçues »)
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3 mai 2018

Petite chronique :
On dit que les arbres sont immobiles hors les balancements passifs de leurs branches dans le vent mais vous savez que si les mouvements sont lents ils existent néanmoins. Ainsi, avec des films en accéléré on voit comment une racine se dirige sous terre avec sa « tête chercheuse ». Grace à certaines cellules (statocystes) contenant de petits granules d'amidon qui roulent quand la plante bouge, le végétal détecte son inclinaison et peut y répondre diversement comme en provoquant un arrêt de croissance en longueur, une mortalité de bourgeons ou encore un redressement des axes comme nous l'avons déjà évoqué. Ce phénomène est très visible sur les troncs redressés avec des cernes de croissance beaucoup plus larges d'un côté que de l'autre (à l'intérieur de la courbure pour les feuillus qui génèrent des forces de tension, à l'extérieur pour les résineux qui travaillent en compression.)
Ainsi les arbres ne cessent de se rééquilibrer pour s'adapter aux sollicitations externes (vent, tuteurage, etc.). Les cellules du bois s'allongent ou se contractent en permanence et jouent ainsi le rôle de haubans ou de vérins.
Pour revenir au film sous terre, on voit la radicelle avancer comme un vers par à-coups. Elle ralentit, s'arrête, relève son extrémité la pointant à gauche puis à droite et repart dans une nouvelle trajectoire, écartant des agrégats ou empruntant une fissure. Des recherches sont en cours pour essayer de comprendre les processus biologiques sous-jacents mais si l'on sectionne la pointe d'une racine, celle-ci cesse de se diriger et s'allonge de façon continue et linéaire.
(Source : L'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
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26 avril 2018

Petite chronique : taille de formation 2
J'avais promis de revenir sur les tailles de formation et c'est un sujet qui pourrait assurer de nombreuses chroniques car chaque essence nécessite une approche spécifique et la programmation des travaux dépendra de la forme de l'arbre adulte souhaitée comme de la hauteur sous couronne nécessaire (gabarit).
Aussi j'en resterai une fois de plus aux généralités, ce qui, j'en suis conscient, va frustrer ceux d'entre vous qui souhaiteraient connaître les secrets de la taille de leur abricotier.
Pour grossir, le tronc met à contribution toutes ses branches. Ainsi il a été mesuré sur deux clones de peuplier plantés en même temps à proximité l'un de l'autre une différence de 32% de circonférence du tronc à 10 centimètres du sol au bout de 6 ans. Le premier auquel toutes les branches à partir du collet avaient été maintenues mesurait 75 centimètres de circonférence à cette hauteur quand le second dont les branches avaient été supprimées sur 1m60 de hauteur (ce qui n'est pas beaucoup) ne mesurait que 51 cm. Couper rapidement les branches basses peut déclencher des apparitions de rejets en réaction et augmente le coefficient d'élancement du tronc (hauteur totale sur diamètre à 1.30m du sol). On sait que plus ce coefficient est faible plus l'arbre est trapu et les risques de casse minimisés. Les sylviculteurs veillent à maintenir par leur méthodes culturales des coefficients inférieurs à 75 pour les jeunes peuplement de résineux et le maintiennent à 60 pour les arbres âgés afin de limiter les risques de casse. Au-delà d'un coefficient de 100 le risque de chablis est fort.
En dehors des parcs il est rare en ville de ne pas être obligé d'accompagner les arbres dans leur croissance pour les adapter à l'espace. Sur un sujet en bordure de voirie choisi pour se développer en forme libre il faudra l'aider à construire un tronc haut et relativement droit afin de sélectionner des charpentières au minimum 1,50 mètre au-dessus de la hauteur réelle à dégager pour les bus et poids lourds. C'est donc dans ce cas à 6 mètres que les premières charpentières pourront se développer au-dessus de la voirie. Pendant une dizaine d'année les gestionnaires auront à supprimer patiemment et progressivement toutes les branches du houppier temporaire au-dessous de ces 6 mètres. Ce travail doit être réfléchi au regard de la variété. Ainsi il ne faudrait pas couper une cime fléchie qui va se redresser ou au contraire une fourche apicale qui naturellement est vouée à s'affaisser. Il faut intervenir sur les branches temporaires avant que leur diamètre n'atteigne un cinquième de celui du tronc pour permettre un meilleur recouvrement d'écorce. Dans de nombreuses circonstances, la diminution de longueur de ces branches basses est une bonne alternative à leur coupe. Elle ralenti leur développement maintenant le rapport des diamètres branche/tronc inférieur à 1/5. Cela permet de supprimer d'autres branches mal insérées, plus hautes et plus vigoureuses tout en maintenant une bonne surface foliaire pour alimenter le tronc. Cette diminution de vigueur de branche se fait en arboriculture ornementale par pincement en vert (coupe en été de la pousse non encore aoûtée en extrémité de branche) et par des coupes au-dessus d'un rameau court. Autrefois, sur les arbres fruitiers conduits en formes architecturées étaient pratiqués les crantages, incisions annulaires, inclinaisons (avec poids accrochés aux branches), « mouchages » (qui consistent à froisser ou supprimer des feuilles)... afin de diminuer la vigueur de branches sans les supprimer favorisant ainsi la mise à fruits.
(Source : Jac BOUTAUD « La taille de formation des arbres d'ornement»)
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17 avril 2018

Petite chronique :
La plupart des Grenoblois connaissent le tilleul de Sully qui trône à Saint-Martin du Vercors depuis 1597. Le surintendant aux finances du roi Henry IV, s'intéresse à l'agriculture, qui est alors l'activité la plus productrice de richesses. Afin de développer la production il libère l'exportation des grains et du vin d'une province à l'autre (ce qui était généralement mal vu à l'époque où par crainte de la disette on ne voulait pas se priver d'une production locale). Ce célèbre ministre nous a laissé sa maxime : « labourage et pâturage sont les deux mamelles dont la France est alimentée » mais également des arbres. Il en fait planter des quantités, généralement destinés à ombrager les chemins du royaume qu'il avait fait remettre en état, mais plus probablement, dans le cas de Saint-Martin, afin d'abriter les réunions publiques, coutume en usage au XVIe siècle.
Quelques années avant sa naissance, en 1552, un roi précédent, Henri II, avait déjà demandé par ordonnance la plantation d'arbres (des ormes) le long des « voiries et grands chemins publics» pour produire du bois de « charronnage » à des fins militaires.
Développées à l'échelle du territoire national, ces plantations au bord des routes se sont généralisées au XIXe siècle. Ces « promenoirs » d'envergure nationale ont fait la fierté des Ponts et Chaussées. Alors qu'au début du XX e siècle les deux tiers des routes étaient arborés, certaines régions de France ont perdu 90% de ce patrimoine en quelques décennies. Sur les routes nationales, les alignements occupaient 50% des bords de voirie en 1950 et seulement 12% en 1975. Je passerai sur tous les débats sécuritaires des dernières années. Les espaces riverains et dépendants des voiries représentent en France 5000 km2 soit l'équivalent de la superficie cumulée des parcs nationaux. Tout en respectant des distances de sécurité, ces espaces présentent beaucoup d'opportunités pour planter des arbres de manière réfléchie. La gestion des arbres a un coût mais la durée de vie des chaussées peut être sensiblement augmentée par un ombrage estival notamment dans le sud de la France, et en hiver par des plantations côté nord.
(Source : Le Génie de l'arbre de Bruno Sirven)
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6 avril 2018

Petite chronique : taille de formation
Nous avons évoqué le mode d'édification du tronc puis celui de mise en place de tous les axes de l'arbre conformément à l'architecture hiérarchisée du houppier programmée dans les gênes de chaque espèce. Nous pourrions penser que nous avons de bons outils pour engager la taille d'un arbre et notamment sa taille de formation. Bien d'autres notions comme la vitalité, l'allocation des réserves que nous n'avons pas évoquées dans nos chroniques, peuvent nous aider. Néanmoins, malgré l'évolution des connaissances scientifiques, les pratiques de taille sont principalement issues de l'empirisme, avec la probabilité de produire les effets escomptés d'autant plus grande qu'elles seront appliquées à des cas proches des situations sur lesquelles elles ont été mises au point.
L'art du jardin et de l'horticulture s'est construit par expérimentations et transmis au fil des générations au pied de l'oeuvre mais également par quelques guides majeurs.
Bon nombre d'explication physiologiques du fonctionnement d'un arbre ne débouchent toujours pas sur des pratiques parce qu'elles restent trop générales. Concernant la taille, savoir scientifique et savoir empirique sont encore très distants l'un de l'autre même si, pour les arbres forestiers et fruitiers, des établissements de recherche sont investis sur le sujet, ce qui n'est pas le cas pour l'arbre urbain ornemental.
Bien que Jeanne MILLET nous invite à la prudence énonçant 15 bonnes raisons de ne pas tailler un arbre, il est en ville souvent indispensable d'effectuer les tailles pour le préparer à sa forme d'arbre adulte souhaitée au regard du lieu de plantation. Avant d'engager une taille de formation d'un arbre transplanté, il est nécessaire d'assurer un diagnostic de reprise dynamique. Sur un lot d'arbres homogène avant transplantation, plusieurs cas de figure peuvent se présenter de comportement des individus après cette transplantation.
Des sujets peuvent être dépérissant, d'autres en attente, et certains peuvent présenter une reprise plus ou moins hiérarchisée.
-Inutile de tailler un arbre dépérissant. Ce dépérissement se traduit par la mortalité de certaines parties du houppier et une très faible croissance des rameaux encore vivants.
-Sans mortalité d'axes, le sujet peut présenter une très faible croissance de la plupart de ses tiges. Il est dit en phase d'attente, phase transitoire qui peut évoluer après quelques années vers un redémarrage de croissance ou vers un dépérissement. Là encore il est fortement conseillé d'attendre avant toute intervention.
-Les sujets peuvent présenter une croissance importante des branches basses et moindre des axes du haut du houppier. La hiérarchie est fortement contrariée. Il est encore recommandé d'attendre pour ne pas priver l'arbre d'un potentiel photosynthétique.
-Peu perturbé par la transplantation, l'arbre peut présenter une croissance normalement hiérarchisée avec un développement plus important au sommet du houppier. Toutefois, le plus souvent la restauration de ce gradient vertical décroissant d'allongement se fait progressivement avec une croissance plus forte en bas du houppier ou en partie médiane.
La taille de formation peut commencer quand la croissance est au moins médiane avec suffisamment de rameaux longs. Nous y reviendrons dans une prochaine chronique.
(Source : Jac BOUTAUD « La taille de formation des arbres d'ornement»)

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29 mars 2018

Petite chronique :
Comment une bactérie a favorisé la présence d'un arbre chinois aux Etats Unis avec l'aide d'un botaniste explorateur Hollandais? La bactérie en question, Erwinia amylovora, est Américaine. Lorsque les colons ont importé le poirier Européen cette prédatrice des Rosacés (rosiers, pommiers, aubépines, poiriers) s'est mise au travail sur ce nouvel arrivant sans méfiance. Erwinia a assailli les vergers d'Amérique au début du XXe siècle et les a « consumés ». Elle est appelée communément « feu bactérien » car les feuilles et les tiges sont noircies et recroquevillées. Près de 90% des récoltes ont été perdus. Le directeur de l'organisme responsable des affaires agricoles a chargé en 1916 l'explorateur, Franck MEYER, de rassembler les collections les plus importantes possibles d'espèces et variétés Chinoises de poiriers, espérant que l'hybridation du poirier Européen avec des espèces Asiatiques pourrait rendre les vergers Américains plus résistants. Avant de se noyer dans le Yang-Tsé Kiang en naviguant vers un nouveau lieu de collecte, Meyer a envoyé aux Etats Unis de pleins sacs de graines en vantant les aptitudes de ces arbres à prospérer dans toutes sortes de sol. Certaines variétés se sont révélées un peu résistantes au feu bactérien et ont été utilisées comme porte-greffe pour beaucoup d'autres poiriers. Dans les années 1950, le besoin de jolis arbres à croissance rapide pour embellir les banlieues en expansion a conduit à la sélection d'un individu en raison de sa floraison printanière et de son feuillage rouge en automne, pour servir à la multiplication de clones destinés à l'ornement. En raison de la grande dispersion de ses graines par les oiseaux et de sa grande tolérance à tous types de sols et de climats, Pyrus calleryana s'est aujourd'hui tellement propagé aux États-Unis qu'il y est désormais considéré comme une espèce invasive. Il existe de nombreux cultivars tels que « Bradford » (poirier de Bradford, le plus répandu), « Capital », « Chanticleer », « Red spire », « Aristocrat », « Autumn Blaze », « Cleveland Select », « Fauriei » ou « Whitehouse ». Les quatre premiers sont les plus résistants au feu bactérien et font donc de meilleurs porte-greffes pour les variétés de poires sensibles telles que la passe-crassane.
Bradford, a un port très érigé qui le rend intéressant en zone urbaine aux espaces de développement contraints, mais du fait de sa ramification anguleuse, il est également assez fragile et résiste mal aux tempêtes de neige ou aux grands vents. De plus, sa durée de vie ne dépasse pas 25 ans, c'est pourquoi on lui préfère désormais des variétés plus résistantes.
Sur le territoire de Grenoble nous avons des Pyrus calleryana Chanticleer notamment en alignement de voiries dans le quartier Vigny-Musset.
(Source : David G. HASKEL« Ecoute l'arbre et la feuille »)

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22 mars 2018

Petite chronique :
Nous avons évoqué il y a deux semaines les principaux modes de développement du tronc, axe d'ordre 1.
Aujourd'hui c'est de l'auto-construction de l'ensemble de la structure d'un arbre tout au long de sa vie dont il va être question. Son plan de construction est inscrit dans ses gênes. La mise en oeuvre est influencée par les conditions de l'environnement. Toutefois ces influences externes ne changent pas l'ordre d'apparition des phases de développement qui caractérisent la maturité de l'arbre. La maturité de l'arbre et ses capacités d'évolution liées, ne se déterminent pas au regard de sa grandeur ou de son âge. Cette maturité se lit sur son architecture qui nous instruit sur la phase de développement atteinte. Les exemples ne manquent pas d'arbres très stressés montrant une sénescence prématurée pour une taille très nettement inférieure à la taille habituelle de l'essence adulte.
Nous pouvons caractériser jusqu'à 9 stades de développement mais le plus souvent en diagnostic forestier on en utilise 5 (plantule, jeune plant, jeune arbre, arbre adulte et arbres sénescent) alors qu'en ville les trois derniers sont principalement employés.
Pendant la première partie de sa vie, le développement de l'arbre est de plus en plus important avec des pousses chaque année plus longues que celles de l'année précédente. Ce développement se complexifie également en nombre d'axes. Il arrive à un maximum de complexification puis dans la seconde partie de sa vie les nouvelles poussent sont de moins en moins longues et l'architecture se simplifie comme nous allons tenter de l'expliquer en profitant d'un schéma de Jeanne Millet :

Au stade plantule, l'arbre construit son tronc. Aux deux stades suivants de jeune plant et de jeune arbre, il concentre l'essentiel de son énergie à cette construction du tronc mais aussi de la ramure. Le jeune plant développe des rameaux, axes d'ordre 2, alors que sur le jeune arbre ces axes d'ordre 2 deviennent des branches qui elles-mêmes portent des rameaux, axes cette fois d'ordre 3. Certaines essences s'arrêtent à cette complexité (frênes par exemple), d'autres vont jusqu'à présenter des ramilles axes d'ordre 4 (chêne pédonculés), 5 (platane), voir 7 (cyprès de Provence).
Au stade jeune arbre, le taux de croissance du tronc atteint des records et les premières fleurs apparaissent au sommet des axes d'ordre 3. Il se produit alors un changement de mode de fonctionnement. L'arbre est en capacité d'assurer sa descendance, il a établi la totalité de son « unité hiérarchisée » et le mouvement s'inverse. Bien sûr il continue de grandir mais son taux de croissance et le degré de ramification diminuent. Il met fin à l'allongement de son tronc et fourche. Cette première fourche maîtresse montre aisément que le sujet a atteint ce stade d'arbre adulte. (Ceux qui établissent leur tronc en mode « solo » ou « fort de tête » ne fourchent pas et la lecture de ce changement de phase est moins évidente).
Ces fourches maîtresses bien qu'inclinées, vont se développer comme un tronc, avec toutes les catégories d'axes caractéristiques de l'espèce. Elles vont constituer le houppier définitif alors que les premières branches d'ordre 2 qui ont poussé sur le tronc au-dessous de ces fourches font partie du houppier temporaire. Aucune d'entre ces dernières n'est suffisamment pérenne pour faire partie du houppier de l'arbre adulte. Les premières charpentières issues de la fourche du tronc et de dimensions très similaires entre elles vont fourcher à leur tour après quelques années et plus l'arbre va vieillir plus les nouveaux axes vont fourcher rapidement dans le temps. Le nombre de pousses latérales va diminuer, les fleurs seront de plus en plus nombreuses et proches les unes des autres car la longueur des pousses sera de plus en plus faible.
Enfin, le dernier stade de vie de l'arbre est « l'arbre sénescent ». Les fourches sommitales meurent sans remplacement par des bourgeons latents. On assiste à une « descente de cime ».
Source : « Le développement de l'arbre » Jeanne MILLET

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15 mars 2018

Petite chronique :
Il est courant dans la profession d'affirmer ne pouvoir excéder une suppression de plus de 30% du houppier des arbres lors d'une opération de taille sous peine d'induire une pousse importante de rejets. Cette règle a été édictée à partir d'observations des réactions d'arbres à tronc unique sur lesquels les branches du bas étaient élaguées artificiellement dans le but de produire du bois de qualité. Il est évident pour tous que supprimer 30% du houppier en coupant les branches du bas qui poussent le moins vite, n'aura pas le même effet que couper 30% de la cime, éliminant les branches les plus exposées à la lumière et donc les plus productives.
L'arbre est un système complexe composé d'une multitude d'axes hiérarchisés qui fonctionnent de façon intégrée dans un tout. Une partie de l'arbre est brisée par les intempéries et l'ensemble de l'arbre s'en ressent. Il ajuste sa croissance de manière à pallier le manque.
L'arbre a besoin de l'ensemble de ses parties et toute taille représente un traumatisme. Lorsque la perte de branches est modeste, il utilise ses axes en place pour combler le déficit de photosynthèse et donc d'alimentation. Lorsque la perte est grande, plus fortement déstabilisé il produit des rejets. Pour cela il puise dans ses réserves ce qui le rend plus vulnérable à d'autres traumatismes.
Eliminer l'extrémité du tronc qui est encore en phase de construction suffit à détruire le centre organisationnel du sujet. L'arrêt de production d'hormones libère de l'inhibition de développement les branches sous-jacentes. Il se produit un changement significatif dans l'orientation de la force de croissance. Il arrive que de jeunes arbres ne se remettent jamais complètement d'une taille. Un grand nombre de rejets qui se partagent la plus forte croissance modifient la structure du sujet et le maintien en forme de boule.
Aussi, quel pourcentage de houppier pouvons-nous enlever à un arbre, 15%, 20%, 25% ?
Toute taille rendue obligatoire pour l'adaptation au site doit être réalisée après analyse de la phase de développement de l'arbre et dans le respect de son organisation. Les effets sont cumulatifs. Pendant plusieurs années l'arbre est en phase de rétablissement au cours de laquelle il reconstitue ses réserves. Ainsi, une taille légère de 10% l'année N risque fortement d'induire des rejets abondants si l'année N-1 25% du houppier a été supprimé.
Source : « Le développement de l'arbre » Jeanne MILLET

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8 mars 2018

Petite chronique :
À l'occasion de la première chronique inspirée par la conférence de Francis Hallé « un arbre tout neuf », j'avais évoqué l'architecture des arbres. Bien qu'il soit difficile d'en vulgariser les concepts en quelques lignes, je vais tenter l'exercice en deux chroniques complémentaires avec l'appui du dernier ouvrage de Jeanne Millet et de ses schémas. Avant que les feuilles apparaissent et nous cachent cette construction des arbres je vous livre quelques éléments simplifiés pour vous permettre une analyse.
L'arbre est avant tout programmé génétiquement pour pousser de façon hiérarchisée et comme dans toute hiérarchie, il y a un « leader ». Chez le jeune arbre, le « leader » est le tronc. Il pousse plus vite en longueur comme en diamètre et a une plus longue durée de vie que les branches qu'il porte. Les fonctions premières du tronc sont de supporter l'ensemble de la structure de l'arbre, de favoriser l'accès de ses feuilles à la lumière et la dispersion de ses graines.
Jeanne Millet évoque trois modes principaux de construction du tronc des arbres de régions tempérées.
-Elle qualifie de « montée en solo » le premier.
C'est le plus simple et rapide. La tige s'allonge année après année, alternant une pousse de printemps-été avec un repos hivernal protégé par le bourgeon apical.. Cela concerne les arbres de pleine lumière comme le peuplier, le bouleau noir, le frêne d'Amérique ou encore le sapin et l'épicéa.

-La seconde façon de construire un tronc est nommée « montée à relais » ; elle caractérise de nombreux érables, le frêne vert, le frêne à fleurs. À intervalle de temps régulier, la tige principale meurt sans bourgeon apical, deux bourgeons axillaires se réveillent donnant des pousses qui font la course pour l'une se redresser et continuer le tronc, l'autre dominée s'affaisser et devenir une branche.
Ce mode d'édification du tronc concerne des arbres qui poussent à l'ombre et recherchent plus rapidement à étendre leur feuillage latéralement à la recherche de puis de lumière. Ce mode de croissance prends plus de temps que la « montée en solo ». Au bout d'un nombre variable d'années le tronc de certains arbres peut fourcher les deux pousses relais constituant des axes dominants par rapport aux branches. Ces deux « nouveaux troncs » reproduiront le mode de développement initial.

-Enfin, la troisième façon de construire un tronc, mise en oeuvre par le tilleul à petites feuilles, le hêtre ou le sapin du Canada est la « montée inclinée ». Comme la « montée à relais » elle offre la possibilité de changer de forme et est utile aux arbres qui poussent à l'ombre. Au bout de quelques années la tige principale ne meurt pas mais s'incline. C'est alors un bourgeon axillaire situé au niveau de la courbure qui prend le relai pour édifier le tronc.
Ces prises de relai se font sur des axes de petit diamètre et ne sont pas visibles sur les arbres adultes dont le tronc parait rectiligne.

D'autres modes d'édification du tronc intermédiaires existent chez les arbres des régions tempérées mais sont moins fréquents. Un qui me semble important à citer est celui mis en oeuvre par les ormes et les platanes. Ils connaissent chaque année la mortalité de l'extrémité de tous leurs axes. Les bourgeons relais se mettent très vite en fonctionnement et maintiennent une grande hiérarchie de développement, de telle sorte qu'un oeil non averti pourrait penser à un mode de développement en solo.
Connaitre les principes hiérarchiques de développement des différents arbres permet au gestionnaire d'éviter des erreurs de taille et de choix d'implantation. Des enseignements sur la longévité des sujets peuvent également en être tirés et nous reviendrons sur le sujet avec les stades de développement.
(Source : Jeanne MILLET « Le développement de l'arbre »)

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1er mars 2018

Petite chronique :
Des champignons protègent les arbres contre les métaux lourds mais aussi contre des bactéries et autres champignons pathogènes. Pour cela ils entrent en compétition pour la consommation de matières organiques et ressources hydrominérales. Ils sont aidés dans cette compétition par les apports nutritifs que leur prodiguent la plante mycorhizée. Certains, comme les lactaires par exemple, peuvent produire des substances antibiotiques. Ces substances exsudées à la moindre blessure protègent des organismes, petits animaux du sol ou attaques microbiennes qui s'aventurent près des racines. Les mycorhizes favorisent également le passage dans le sol des molécules toxiques produites par les plantes et ce jusqu'à une dizaine de centimètres des racines. Ainsi, la symbiose mycorhizienne protège aussi bien des toxiques du sol que des pathogènes.
D'autres organismes participent à ces luttes d'influence. Au sein de la rhizosphère (portion du sol entourant la racine et dont les caractéristiques sont influencées par elle) existe un microbiote comprenant 100 à 1000 millions de bactéries par gramme de sol.
Il y a les pathogènes et celles qui améliorent la croissance des plantes. Leurs modes d'action sont multiples entre alimentation et protection. Certaines produisent des analogues d'hormones végétales qui modifient le développement et le fonctionnement des racines. D'autres solubilisent des ressources minérales (phosphate, fer...). D'autres encore transforment l'azote atmosphérique en protéines. Evoquer les arbres ou les plantes capables de fixer l'azote pour enrichir les sols, les « légumineuses », si nourrissantes pour l'homme comme pour le bétail, c'est une usurpation d'honneurs au bénéfice de ces plantes. Ce sont les centaines de millions de bactéries présentes dans les nodosités racinaires (petits renflements blancs-rosés autour des racines) qui dans une symbiose complexe permettent cette capture. Dans un sol stérile, pas de formation de nodosités autour des racines de petits poids qui auront une croissance bien plus faible que dans un sol non stérile. C'est pourquoi les Romains, les Incas, les Chinois... utilisaient des plantes de la famille des Fabacées (soja, pois chiche, lentilles) dans leurs cultures.
Les microbes de la rhizosphère peuvent également stimuler en partie aérienne les défenses immunitaires de la plante qu'ils colonisent au niveau des racines.
Source : « Jamais seuls » de Marc-André SELOSSE

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23 février 2018

Petite chronique :
Nous avions évoqué l'an dernier les échanges symbiotiques des champignons et des arbres, les champignons ayant la capacité d'extraire les sels minéraux de la roche et d'augmenter la capacité d'absorption d'eau alors que la plante transforme par photosynthèse les éléments puisés en sucres. Les mycorhizes peuvent également protéger les racines des toxines du sol. Certains champignons rejettent activement les métaux lourds toxiques comme le cadmium, le césium ou le plomb. D'autres les bloquent dans la vacuole en les séquestrant sous forme inoffensive pour l'hyphe mais pas pour celui qui consomme le champignon (Rappelez-vous l'interdiction de consommation des champignons après la catastrophe de Tchernobyl).
Le calcium peut perturber fortement la nutrition des plantes et les conduire à la « chlorose » (décoloration qui atteste de la mauvaise nutrition). Beaucoup de plantes calcicoles ont des membranes cellulaires adaptées ou rejettent activement le calcium hors des racines mais la plupart se font aider par un champignon qui s'interpose entre le sol et les racines et gère la toxicité. Le champignon rejette vers l'extérieur les ions calcium qui entrent dans ses cellules et il peut également les immobiliser dans le sol autour de lui sous forme de cristaux d'oxalate de calcium par sécrétion d'un petit acide organique d'oxalate. Aussi, beaucoup de plantes sont « symbi calcicoles ». La plantation d'Eucalyptus grandis montre une croissance presque nulle sur sol calcaire et 7 fois plus importante pour un plan mycorhizé. Sur sol acide, elle est normale sans mychorizes et deux fois plus importante pour plans mychorizés.
(Sources : « Jamais seul» de Marc-André Selosse)
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15 février 2018

Petite chronique :
Francis Hallé nous questionne sur le nombre d'organes de l'arbre. L'être humain a une dizaine d'organes bien individualisés avec chacun une fonction, comme les reins, le coeur, le foie... Les plantes, dont les arbres, n'ont que trois organes: les feuilles, les tiges et les racines. Même les fleurs et les fruits font partie de ces organes. Les arbres n'ont que trois organes mais possèdent toutes les fonctions que nous avons, voir d'autres. Ils n'ont pas de squelette mais se tiennent droit, pas de poumons mais ils respirent, pas de coeur mais la circulation des sèves irrigue l'ensemble, pas d'appareil digestif mais sans bouche ni intestin, mangent, digèrent et éliminent des déchets. Les plantes n'ont pas d'oeil mais dans une boite noire se dirigent vers un petit trou de lumière, pas d'oreille mais des centres récepteurs d'ondes sonores (vérifiez sous « youtube » la danse du desmodium gyrans déclenchée par de la musique forte), pas de nez mais sont sensibles aux odeurs, pas de cerveau mais de la mémoire. Des études en cours tentent de montrer que les arbres sont sensibles aux marées et à l'arrivée des séismes. Ils pourraient ainsi servir d'alerte dans quelques années. Comment peuvent-t-ils avoir autant de fonctions avec si peu d'organes? Toutes ces fonctions sont décentralisées au niveau des cellules. L'animal centralise des fonctions dans des organes vitaux spécialisés dont la perte entraine sa mort, alors que l'arbre n'a pas d'organe vital mais des cellules totipotentes. Aussi il est beaucoup plus difficile de le tuer bien que la tronçonneuse soit une arme redoutable. Si vous faites une culture de cellules animales vous obtenez un tissu de cellules. Si vous procédez de même avec des cellules de plante, en peu de temps vous obtiendrez une plante. Ce mode de reproduction in-vitro est utilisé pour des productions en grande quantité de plantes destinées à la vente qui ont des cycles de germination longs. La totipotence cellulaire confère aux arbres une résilience que les animaux mobiles n'ont pas.
(Source : conférence Francis Hallé)
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8 février 2018

Petite chronique :
Jeudi 25 janvier, le lycée horticole de Saint-Ismier recevait pour une conférence, Francis Hallé. Docteur en biologie et Docteur en botanique, monsieur Francis Hallé, défenseur de la forêt primaire a consacré sa vie à la compréhension des arbres. Auteur de nombreux ouvrages et coréalisateur du film « il était une forêt » ce spécialiste en écologie des forêts tropicales humides a participé au développement de la connaissance du fonctionnement des plantes et s'efforce de partager avec le grand public celle-ci.
Au cours de ces conférences (à travers la France) il évoque les arbres coloniaires et la totipotence des plantes, sources d'inspiration pour deux chroniques.
Les arbres se développent selon 24 modèles mathématiques connus aujourd'hui (architecture des arbres) et se classent en deux grands types, les arbres unitaires comme les sapins, les araucarias, et les arbres coloniaires comme la plupart des feuillus. La durée de vie de ces derniers est très importante alors que celle des arbres unitaires est plus courte. L'arbre unitaire se caractérise par un tronc et des étages de branches horizontales sans aucune réitération. L'arbre coloniaire a des branches qui se redressent et qui ressemblent comme une reproduction, à l'arbre lui-même. Le plus vieil arbre à un âge estimé à 43000 ans et Francis Hallé évoque un peuplier en Amérique qui aurait environ 80000 ans. En réalité il faut considérer ces arbres comme des colonies de clones et non comme un seul individu. Nous avions évoqué les « réitérations », nouveaux arbres qui poussent sur des branches ou le tronc, non pas à partir d'une graine mais d'un bourgeon dormant. Nous les appelons « rejets » ou « gourmands » quand ils partent du tronc ou d'une branche, « drageons » quand ils partent d'une racine. Le nom de gourmand évoque le fait qu'ils se développent en hémiparasites comme le gui, alimentés en eau et en éléments minéraux par l'arbre support. Une fois développés, nous sommes tentés de dire « mais c'est une branche ». Il n'en est rien, ce sont de nouveaux individus qui tissent un réseau de racines sous l'écorce, descendent le long de la branche et du tronc pour atteindre le sol et ainsi permettre à cette réitération d'être autonome et de vivre après la disparition de la tige principale si sa stabilité est assurée. Dans les forêts primaires, il n'est pas rare de voir des arbres issus de bourgeons dormants alignés sur un tronc en décomposition tombé au sol. Sur la photo jointe

nous voyons les racines d'un rejet qui ont profité de l'humus formé dans un tronc creux de bouleau verruqueux. Les chercheurs se sont aperçus que les génotypes des axes issus de bourgeons dormants peuvent varier alors qu'ils sont tous issus de la même graine initiale. Cette variabilité leur permettrait de s'adapter aux changements de leur biotope comme les variations climatiques.
Ceux qui comme moi n'ont pu assister à cette conférence peuvent la regarder sur internet : https://www.youtube.com/watch?v=Vd0QWIG2Q_g
Semaine prochaine nous évoquerons la dernière partie de son intervention sur les organes.
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31 janvier 2018

Petite chronique :
Durant de longs siècles, depuis l'invention de l'agriculture sédentaire, l'arbre était intégré dans la majorité des systèmes de production associant les potentialités de la nature à l'ingéniosité des paysans.
Aujourd'hui, les pratiques intensives de l'agriculture industrielle ont pu se passer des services de l'arbre en ayant recours à des moyens technologiques extrêmement sophistiqués (fertilisants, produits phytopharmaceutiques, drainage des terres, irrigation des cultures) en disposant d'une énergie abondante et bon marché : le pétrole.
Cette séparation entre arbres et espace agricole a bouleversé des paysages et des pratiques basées sur la complexité des milieux. L'arbre généreux (bois de chauffage, fourrage, ombre, protection des vents...) devient gênant, un adversaire de l'agriculture. Il empêche de travailler les parcelles et entre en compétition avec les productions. Cet important « arbricide » du XX e siècle n'est pas étranger à la disparition de 421 millions d'oiseaux des champs dans les campagnes européennes en moins de 30 ans. (Déclin, allant jusqu'à 90 %, enregistré chez des espèces aussi communes que la perdrix grise, l'alouette des champs, le moineau et l'étourneau).
D'autres phénomènes pernicieux comme aux Etats Unis l'érosion éolienne subit par des plaines du Middle West couvertes de prairies au XIX e siècle et mises en culture au début du XX e. Exposés à la sécheresse entre 1920 et 1930, leurs sols dénudés ont été dégradés par les vents et les tempêtes de poussière leur ont donné le nom de Dust Bowl ou « cuvette de poussière ». Il est également évoqué que cette perte d'arbres champêtres, la compaction des sols par les labours profonds, et la forte diminution de la microfaune de ces sols ont diminué la capacité d'infiltration et de stockage de l'eau augmentant ainsi l'importance des inondations en amont de Paris ces derniers jours. (Attention toutefois aux simplifications hâtives. Il y a eu beaucoup d'inondations avant l'agriculture intensive et l'histoire de Grenoble en atteste; les précipitations ont été très importantes sur un mois; l'artificialisation des sols 9% au niveau national (5.1 millions d'ha) et sa progression en espaces périurbains gagnés par l'urbanisation favorise le ruissellement au détriment de la capacité de stockage des sols.)
En créant une mosaïque agraire par l'aménagement de talus, murets, fossés, en organisant la présence d'arbres champêtres, l'agriculture avait patiemment au cours des siècles favorisé une biodiversité foisonnante. Les 1400 chercheurs qui ont participé au programme d'évaluation des écosystèmes pour le millénaire, commandé par l'O.N.U., ont unanimement affirmé que la biodiversité est indispensable à l'agriculture, afin qu'elle puisse user de ses services écosystémiques et agroécologiques (bioprotection, biorégulation, bioépuration...). Elle a besoin d'organismes vivants non directement productifs mais nécessaires au fonctionnement de l'agrosystème.
(Sources : « Le Génie de l'arbre » de Bruno Sirven, Ecology Letters du 3 novembre 2017)
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25 janvier 2018

Introduit dès l'antiquité du Moyen-Orient à Rome, le platane d'Orient, (platanus orientalis) n'a été exporté vers la France et la Grande Bretagne qu'à la Renaissance. Peu après, vers 1620, le platane Américain (P. occidentalis) a été introduit en Grande Bretagne par le botaniste Tradescant et les deux espèces ont eu l'opportunité de s'hybrider. Pendant deux siècles, espèces pures et hybrides divers ont été cultivés dans différents pays européens, y compris la France où Buffon pour le compte de Louis XV introduisit tout un assortiment de platanes dans quelques jardins prestigieux comme le jardin des plantes de Paris.
Dès le début du XIX e siècle les représentants de l'espèce américaine ont été décimés par l'anthracnose, maladie à laquelle ils sont extrêmement sensibles. Les hybrides ont résisté et ont largement proliféré constituant les populations de notre platane commun appelé successivement platanus x acerifolia puis platanus hybrida ou hispanica. Ce type d'arbres aux origines multiples a montré une grande plasticité, un bon comportement face aux parasites foliaires et également un fort pouvoir de compartimentation pour limiter les attaques de champignons lignivores. Aussi, il fut abondamment planté au XIX e siècle par effet de mode. Il réussit même à détrôner dans le midi le micocoulier de Provence et l'orme, essences dominantes à cette époque.
L'avenir de ces platanes communs s'est fortement assombri après l'introduction en Europe du champignon Ceratocystis fimbriata f sp.platani, agent de la maladie du chancre coloré. Transporté vers la fin de la deuxième guerre mondiale avec les caisses en bois de platane malade qui emballaient le matériel des troupes américaines. Le parasite est resté latent pendant près de 15 ans mais ensuite, lentement puis plus rapidement, la maladie s'est disséminée dans toute l'Italie, la Suisse et le sud de la France qui déjà en 2013 comptait plus de 50000 sujets morts.
Aucun traitement capable de stopper une infection même débutante, n'a pu être trouvé à ce jour et les arbres les plus vigoureux sont tués en moins de 5 ans. Le champignon pénètre dans l'arbre à la faveur d'une plaie (taille, tranchage de racine, choc de véhicule), par les greffes de racines ou par pénétration racinaire en milieu liquide comme le long du canal du midi. Il se développe à l'intérieur des vaisseaux conducteurs de xylème et entrave le transit des flux.
Plusieurs études ont tenté de mesurer le temps de persistance du champignon dans le sol, probablement de l'ordre de 5 ans suivant les conditions d'humidité.
Le parasite avait été décelé dès 1929 aux Etats Unis et s'était rapidement répandu sur toute la côte est occasionnant de considérables destructions et des sources de résistance avaient été mises en évidence dans le Mississipi par un chercheur de l'USDA (ministère états-unien de l'Agriculture), F.I. McCracken.
En 1990, une collaboration des chercheurs de l'Inra de Montpellier et de Montfavet (Avignon), et en particulier de l'équipe dirigée par André Vigouroux, avec le Dr. McCracken a permis l'identification et l'exploitation de sources de résistance naturelle. N'étant pas acclimatés aux conditions de nos régions, les arbres américains ont dû être hybridés avec des platanes de l'espèce orientale afin de recréer un arbre semblable à notre platane commun qui possède déjà de nombreuses qualités (rusticité, rapidité de pousse...). Des milliers de graines hybrides ont été obtenues et 10 000 plants ont été cultivés et testés. Pour cela, un test standard d'inoculation a été mis au point pour estimer rapidement la sensibilité de chaque plant. Une première vague de 2 000 hybrides soumis à la sélection (3 inoculations successives du champignon, la dernière étant racinaire) a ainsi abouti en 2001 à une vingtaine de plants prometteurs, plus de dix ans après l'introduction des premières boutures américaines. La poursuite des travaux a mis en évidence, en 2004, une seule variété de platane résistante : PLATANOR (R) Vallis clausa, protégé par COV (certificat d'obtention végétale) au niveau européen. Ce platane est aussi nettement résistant à l'anthracnose et, à un certain degré, à l'oïdium et au tigre.
En 1990, plus de 6000 platanes ornementaient le territoire de la ville de Grenoble dont un nombre important planté entre 1850 et 1910. Les responsables du service Espaces Verts sensibles au risque de dissémination de la maladie avaient dans le cadre de la réalisation d'un plan de gestion proposé de diminuer ce fort pourcentage de platanes au sein du patrimoine à l'occasion des renouvellements en proscrivant le recours à cette essence. Une exception à cette orientation a été consenti après mure réflexion pour le renouvellement des platanes de l'ancien cours St André, devenu cours Jean Jaurès et cours de la Libération et du Général de Gaulle. En effet, l'aspect historique et le développement de cette avenue sur trois communes avec un souhait de maintenir une unité a prévalu. Aujourd'hui il reste 4705 platanes sur le territoire Grenoblois sur les 31380 arbres de notre base de données.
Compte tenu de la tradition de gérer les arbres en régie nous étions moins exposés à la contamination que d'autres villes où le travail est confié à entreprises. Néanmoins un premier cas de chancre coloré a été décelé à la suite de travaux de terrassement il y a quelques années. Un second cas a été diagnostiqué fin 2017 sur le cours de la Libération, contraignant la Métropole propriétaire des arbres de voirie, à couper par mesure prophylactique tous les platanes dans un rayon de 35 mètres. Ces mesures obligatoires vont être appliquées à partir du 19 février, de part et d'autre du no 104 cours de la Libération et du Général de Gaulle. Le protocole des travaux validé au niveau national s'impose aux propriétaires pour éviter des contaminations.
La zone ne sera pas replantée immédiatement. Une période d'observation de plusieurs années est nécessaire pour vérifier que d'autres cas ne se déclarent pas, la maladie se déclarant dans les 3 à 7 ans. Nous souhaitons également vérifier que les platanes résistants, plantés à l'occasion des travaux de la ligne E du tram, ne déclarent pas la maladie, ce qui nous permettrait éventuellement d'en utiliser pour le remplacement...
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17 janvier 2018

Petite chronique :
Savez-vous ce que nous appelons balais de sorcière dans la profession?
Plus qu'une longue description, une fois n'est pas coutume, une photo assurera la démonstration :
Pin d'Alep de Christophe Drénou.
Ces gros nids ont l'apparence de buissons hirsutes vus de près. Un bourgeon ayant subi une mutation génétique ou parasité par un champignon produit une pousse atypique avec des feuilles anormales et une ramification anarchique. La longévité de cette pousse est faible mais lui permet de produire d'autres pousses identiques à sa base qui à leur tour généreront d'autres pousses jusqu'à obtention de tels amas de rameaux enchevêtrés. Ces formations ne sont pas dangereuses pour les arbres et ne constituent pas des signes de dépérissement. Toutefois leur prise au vent et leur poids peuvent entrainer des ruptures de branche notamment sur le sapin pectiné. On raconte que les sorcières les enfourchaient pour leurs danses nocturnes. Les pépiniéristes les utilisent afin de les greffer sur des porte-greffes compatibles pour obtenir des arbustes prostrés. Le service Espaces verts avait d'ailleurs proposé à un pépiniériste au début de ma présence au service d'utiliser pour cet usage une telle mutation présente sur le cèdre du parc Michallon.
(Sources : « L'arbre, au-delà des idées reçues » de Christophe Drénou)
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11 janvier 2018

Petite chronique :
Nous avons évoqué les forêts et les haies et j'aimerais évoquer l'agroforesterie. On dénombre en France plusieurs centaines de milliers d'hectares d' « arbrements » agroforestiers intra parcellaires en activité mais on ne compte plus les espaces qui leur étaient autrefois dévolus abandonnés ou reconvertis en de grandes parcelles ouvertes. Aujourd'hui, l'agroforesterie consiste à disposer de manière relativement lâche des arbres variés au sein de parcelles vouées à la production agricole (végétale, animale et parfois mixte) sans nuire à leur exploitation. Par le passé, les chênaies, châtaigneraies ou encore oliveraies caractérisaient des régions. Au milieu du XIXeme siècle, les noyeraies connaissent un fort développement notamment dans le Dauphiné en aval de Grenoble après l'invasion du phylloxéra (1870-1885) et l'arrachage des ceps de vigne. Pourtant, déjà dans son rapport sur la production du Dauphiné en arbres fruitiers (1728-1730), l'inspecteur Boutillier écrit : « La vallée de l'Isère, depuis les environs de Moirans jusqu'à Saint-Lattier présente une végétation caractéristique. Les deux versants de la rivière sont couverts de plantations de noyers. La voie ferrée qui va de Grenoble à Valence s'enfonce à travers une épaisse forêt de noyers. Les routes et les chemins en sont bordés... Partout l'arbre robuste étend ses larges branches et couvre les champs de son ombrage. » Comme la plupart des fruitiers le noyer est polyvalent car il donne des fruits, du bois et leurs dérivés. Dans ce système traditionnel les variétés sélectionnées pour le fruit étaient greffées sur des variétés sélectionnées pour le bois et conduits en haute tige afin de récolter le fût et la « culée » appréciée par les ébénistes. Entre les arbres l'espace est maintenu ouvert par le pâturage ou la mise en culture. Le fruit frais ou sec est un appoint alimentaire tout au long de l'hiver et l'huile de noix connue pour ses vertus alimentaires était particulièrement adaptée à l'éclairage par des lampes à combustion. L'arrivé de l'électricité et la concurrence d'autres régions nucicoles du monde on conduit à une diminution importante des noyeraies mais 2000 hectares subsistent dans les deux principales régions Françaises. Les nouvelles plantations que nous pouvons découvrir sont plus serrées et destinées à la récolte du fruit uniquement.
(Sources : « Le Génie de l'arbre » de Bruno Sirven, Internet)
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5 janvier 2018

Petite chronique :
Nous avons évoqué les forêts et les haies et j'aimerais évoquer l'agroforesterie. On dénombre en France plusieurs centaines de milliers d'hectares d' « arbrements » agroforestiers intra parcellaires en activité mais on ne compte plus les espaces qui leur étaient autrefois dévolus abandonnés ou reconvertis en de grandes parcelles ouvertes. Aujourd'hui, l'agroforesterie consiste à disposer de manière relativement lâche des arbres variés au sein de parcelles vouées à la production agricole (végétale, animale et parfois mixte) sans nuire à leur exploitation. Par le passé, les chênaies, châtaigneraies ou encore oliveraies caractérisaient des régions. Au milieu du XIXeme siècle, les noyeraies connaissent un fort développement notamment dans le Dauphiné en aval de Grenoble après l'invasion du phylloxéra (1870-1885) et l'arrachage des ceps de vigne. Pourtant, déjà dans son rapport sur la production du Dauphiné en arbres fruitiers (1728-1730), l'inspecteur Boutillier écrit : « La vallée de l'Isère, depuis les environs de Moirans jusqu'à Saint-Lattier présente une végétation caractéristique. Les deux versants de la rivière sont couverts de plantations de noyers. La voie ferrée qui va de Grenoble à Valence s'enfonce à travers une épaisse forêt de noyers. Les routes et les chemins en sont bordés... Partout l'arbre robuste étend ses larges branches et couvre les champs de son ombrage. » Comme la plupart des fruitiers le noyer est polyvalent car il donne des fruits, du bois et leurs dérivés. Dans ce système traditionnel les variétés sélectionnées pour le fruit étaient greffées sur des variétés sélectionnées pour le bois et conduits en haute tige afin de récolter le fût et la « culée » appréciée par les ébénistes. Entre les arbres l'espace est maintenu ouvert par le pâturage ou la mise en culture. Le fruit frais ou sec est un appoint alimentaire tout au long de l'hiver et l'huile de noix connue pour ses vertus alimentaires était particulièrement adaptée à l'éclairage par des lampes à combustion. L'arrivé de l'électricité et la concurrence d'autres régions nucicoles du monde on conduit à une diminution importante des noyeraies mais 2000 hectares subsistent dans les deux principales régions Françaises. Les nouvelles plantations que nous pouvons découvrir sont plus serrées et destinées à la récolte du fruit uniquement.
(Sources : « Le Génie de l'arbre » de Bruno Sirven, Internet)
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21 décembre 2017

Petite chronique :
Dans les différentes normes relatives à l'utilisation de bois dans le bâtiment il est fait état du taux d'humidité souhaité du bois afin de limiter les phénomènes de retrait (fentes, voilement...) et les attaques par les champignons. Pour ces dernières un taux d'humidité du bois inférieur à 20% est préconisé alors que pour les éléments en bois lamellé collé utilisés dans des bâtiments chauffés les normes font état d'une exigence de 10% + ou - 3%. Ce taux est le rapport de la masse d'eau contenue dans le bois et de sa masse sèche. Les différentes techniques de séchage naturelles ou forcées sont destinées à limiter ce taux d'humidité.
Concernant l'arbre vivant on parle de teneur en eau, soit la masse d'eau par rapport à la matière fraîche et non plus par rapport à la masse sèche.
Chez l'homme, la teneur en eau est en moyenne pour un adulte de 65% soit 45 litres pour un individu de 70 kilogrammes. Qu'en est-t-il pour l'arbre? Nous avons vu que de grandes quantités d'eau transitent des racines vers les feuilles pour évaporation et qu'une partie est recombinée par photosynthèse mais que la sève élaborée est très visqueuse. En effet, pour 100 litres d'eau puisée dans le sol, environ 98 litres sont rejetés dans l'atmosphère, principalement par les feuilles. Ce flux permet de concentrer les éléments minéraux du sol, de réguler la température de l'arbre et surtout de ne pas désamorcer la pompe. Alors, quelle teneur en eau affichent ces grands monuments qui avant tout sont du bois, soit des cellules mortes? En moyenne une teneur un peu plus faible que nous mais néanmoins de 50% pour un arbre en feuilles (soit un taux d'humidité de 100%). La répartition de cette eau est variable. Elle peut représenter de 80% à 90% dans les feuilles et les radicelles et 30% à 50% dans le duramen. L'aubier se situe entre les deux avec des teneurs de 45% à 65%.
À quoi sert cette eau? Elle est indispensable à la fabrication des cellules et à leur agrandissement (la turgescence). Les cellules des tiges et des racines peuvent multiplier leur volume initial par plus de 10 et celles des fruits par 100. Les réserves en eau logées dans les racines et le tronc peuvent être mobilisées en périodes de déficit hydrique.
(Sources : Christophe DRENOU « L'arbre au-delà des idées reçues »)
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14 décembre 2017

Petite chronique :
L'arbre est fragile malgré ses apparences de monument inerte. Ses parties vivantes sont très peu protégées. Les racines fines affleurent la surface du sol et les cellules vivantes du bois se situent juste sous l'écorce. Un simple clou enfoncé d'un centimètre, une blessure sur l'écorce, n'importe quelle tranchée à proximité du tronc ainsi que toute taille mal conduite sont des actes traumatisants, des portes ouvertes aux maladies et un affaiblissement général de l'organisme. L'arbre en ville est en milieu hostile. Aussi, Francis Hallé propose à l'intention des décideurs dix commandements pour les arbres dans son ouvrage « Du bon usage des arbres. Un plaidoyer à l'attention des élus et énarques » (Actes Sud). Je reprendrais le premier et le dernier de ces conseils :
« -Les arbres sont des êtres vivants, aussi vivants que vous ou moi. Mieux : ils sont nos protecteurs. Accordez-leur le respect auquel ils ont droit en tant qu'êtres vivants et ne les traitez jamais par le mépris comme s'ils n'étaient que du mobilier urbain...
-Aimer les arbres est une autre façon d'aimer l'homme. Aimez vos arbres et vous aurez la satisfaction de constater que vos concitoyens vous en témoigneront de la gratitude. »
Parmi les actes de respect nous pouvons citer l'interdiction de publicité sur les arbres (article L581-4 du code de l'environnement), interdiction qui comprend les monuments historiques ou inscrits, les monuments naturels dans les sites classés, les réserves naturelles et les coeurs des parcs nationaux.
D'autres dispositifs législatifs de protection existent au niveau du code rural, du code civil, du code de l'Urbanisme, comme le classement en Espaces Boisés Classés (EBC) qui peut s'appliquer à un seul sujet remarquable, Les périmètres de protection des monuments historiques, les Sites Patrimonial Remarquable (SPR, règlement Aire de mise en Valeur de l'Architecture et du Patrimoine AVAP), La nouvelle loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité : « Les allées d'arbres et alignements d'arbres qui bordent les voies de communication constituent un patrimoine culturel et une source d'aménités, en plus de leur rôle pour la préservation de la biodiversité et, à ce titre, font l'objet d'une protection spécifique. Ils sont protégés, appelant ainsi une conservation, à savoir leur maintien et leur renouvellement, et une mise en valeur spécifiques.
Le fait d'abattre, de porter atteinte à l'arbre, de compromettre la conservation ou de modifier radicalement l'aspect d'un ou de plusieurs arbres d'une allée ou d'un alignement d'arbres est interdit, sauf lorsqu'il est démontré que l'état sanitaire ou mécanique des arbres présente un danger pour la sécurité des personnes et des biens ou un danger sanitaire pour les autres arbres ou bien lorsque l'esthétique de la composition ne peut plus être assurée et que la préservation de la biodiversité peut être obtenue par d'autres mesures. »
(Sources : Christophe DRENOU « L'arbre au-delà des idées reçues », Francis Hallé)

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8 décembre 2017

Petite chronique :
Le lichen n'est pas un parasite. Souvent présent sur les vieux arbres qui poussent peu ou qui dépérissent, il n'en est pas la cause mais plutôt la conséquence. Les écorces à très faible croissance lui donnent le temps de s'installer. Les lichens ne prélèvent aucune substance aux arbres et ils peuvent vivre sur des rochers ou des murs. Ce sont des organismes résultant d'une symbiose entre un champignon et des algues. Le champignon capte les minéraux présents dans les eaux de pluie ou sous forme de poussières véhiculées par le vent tandis que le Co2 atmosphérique nécessaire à la photosynthèse est prélevé par les algues. Comme les mousses, les lichens sont des pionniers capables de coloniser des espaces inertes et de préparer le terrain pour l'installation future d'autres plantes. On en dénombre plus de 20000 espèces. Utiles pour la pharmacie, la parfumerie et la teinturerie ils sont récoltés en grande quantité et représentent une biomasse totale considérable qui joue un rôle non négligeable dans l'épuration de l'air et le stockage du carbone. Les lichens sont des indicateurs de bonne qualité de l'air et certains sont devenus très rares, présents plutôt en montagne. La parmélie grise fit longtemps figure d'exception tenant tête à cette pollution et aux pluies acides. Reconnaissable à son allure de feuille plate avec ses ramifications en forme de bois de cerfs gris-vert mat elle compte encore parmi les lichens les plus communs. Toutefois, l'eutrophisation croissante (apport important de nutriments par l'air) ne lui réussit pas et elle tend à son tour à disparaître. Aussi, il est temps de laisser les lichens sur les écorces. Ils abritent tout un cortège de champignons microscopiques, d'insectes et de larves qui font l'affaire de nombreux prédateurs et ils rendent les écorces si belles.
(Sources : l'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou, Le Génie de l'arbre de Bruno Sirven, La vie au coeur de la forêt de Peter Wohlleben)

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29 novembre 2017

Petite chronique :
Vous pouvez commencer à déceler dans des pins des cocons soyeux gros comme un ou deux poings. Ce sont les abris pour l'hiver de chenilles. Depuis une trentaine d'année la Chenille processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa est installée dans la région grenobloise.
Chaque femelle de ce papillon nocturne pond environ 150 à 300 oeufs sur les jeunes pousses des pins. D'où naissent 5 à 6 semaines plus tard des colonies de petites chenilles qui se nourrissent des aiguilles de ces arbres. En grossissant, pour se protéger elles s'équipent de "miroirs", sortes de poils irritants qu'elles projettent tels des harpons quand elles se sentent menacées. Ces poils sont munis de "dardillons" et contiennent une substance nécrosante. Ils se fichent dans la peau et les muqueuses des êtres humains ou des animaux qui osent s'approcher de trop près, créant des réactions assez violentes d'irritation, voire des nécroses de parties sensibles. Dans certains cas, comme pour les chiens ou les chats, cela peut conduire à une amputation d'une partie de la langue.
Dès l'automne les chenilles se regroupent pour former ces nids soyeux dans lesquels elles s'abritent par temps froid, mais elles continuent à se nourrir en sortant les nuits où la douceur est suffisante.
Au mois d'avril au moment de la foire des Rameaux à Grenoble (parfois déjà en mars) ces chenilles descendent le long des troncs en longues processions pour aller s'enterrer (de 5 à 20cm dans le sol) à quelques mètres de l'arbre. Elles peuvent se déplacer jusqu'à une quarantaine de mètres pour trouver une zone terreuse ensoleillée. C'est au cours de cette migration, que ces chenilles représentent un danger pour l'homme et pour les animaux domestiques.
Chaque chenille se transforme alors dans le sol en chrysalide qui donnera naissance à un paillon au cours de l'été suivant.
La ville de Grenoble déploie plusieurs méthodes de lutte complémentaires pour limiter les populations de ce parasite.
Nous favorisons l'installation des ennemis naturels de ce parasite, notamment par la pose de nichoirs pour les mésanges qui dévorent les chenilles.
Nous posons aussi en début d'été des pièges à phéromones (d'infimes parties d'une phéromone sexuelle que produit la femelle) pour capturer les papillons mâles qui sont les premiers à sortir de terre. En capturant un très grand nombre de mâles, il est possible de diminuer le taux de fécondité des femelles et donc le nombre d'oeufs pondus. Toutefois cette méthode de lutte n'est pas suffisante. Elle permet néanmoins des comptages réguliers des mâles piégés pour déterminer les périodes de "grand vol" et donc les dates de ponte des femelles afin d'optimiser les interventions suivantes avec le Bacille de Thuringe.
Le Bacille de Thuringe est une bactérie européenne indigène, parasite spécifique des jeunes larves de papillon. Elle se fixe dans le tube digestif des jeunes chenilles et produit une toxine mortelle. Nous procédons à deux pulvérisations au mois de septembre espacées de 15 jours pour plus d'efficacité. Certains lieux sont inaccessibles et des chenilles peuvent ne pas être touchées par cette pulvérisation grande hauteur.
Aussi une troisième méthode de lutte curative est employée, l'échenillage manuel. C'est un procédé délicat qui demande un personnel très bien entrainé et équipé (combinaisons spéciales, gants, lunettes). Il consiste à grimper dans les arbres pour couper les rameaux et les mettre dans des sacs poubelle avec les nids. Ces sacs sont brûlés dans les fours d'Athanor. Les agents de l'équipe d'élagage ont commencé ce travail mi-novembre cette année en parallèle de leurs chantiers de taille.
Enfin, pour parfaire cette lutte, un peu plus de 80 pièges de descente sont positionnés sur des pins difficilement accessibles ou situés dans des zones sensibles (crèches, écoles). Ces pièges consistent en une sorte de goulotte ceinturant le tronc de l'arbre, en dessous des branches les plus basses, et qui va conduire les chenilles vers un sac.
À l'intérieur du sac se trouve un substrat qui fait croire à la chenille qu'elle se trouve en terre. Elle commence donc sa métamorphose. Quelques semaines après la migration, il n'y a plus que des chrysalides immobiles dans ces sacs et il suffit alors de les ramasser et de les incinérer.
Cette lutte bien réalisée n'est jamais définitive. Les papillons mâles et femelles peuvent voler respectivement jusqu'à 25 km et 3 km. Aussi tous les propriétaires de pins doivent lutter contre ce parasite. Si l'on assiste à une « procession » il faut éviter de s'approcher, pousser au jet d'eau les chenilles vers une bouche d'égout lorsque c'est possible.
Il existe également la chenille processionnaire du chêne, également très urticante et pouvant déclencher des réactions d'allergie. Cette chenille est peu présente dans notre région.
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23 novembre 2017

Petite chronique :
Qu'en sera-t-il des récoltes de graines forestières cette année? L'an passé les conditions climatiques ont été défavorables à la fructification et la quantité de graines récoltée sur l'exercice 2015-2016 a été inférieure à 100 millions alors que la moyenne de récolte des dix dernières années est de 280 millions.
Cet été, l'Institut national de recherche en sciences et technologie pour l'environnement et l'agriculture (Irstea) qui dépend du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation a publié son enquête annuelle de « récoltes et flux de graines » dans le cadre du suivi des ressources génétiques forestières. Cette enquête est menée auprès des entreprises récoltantes et importatrices (marchands grainiers et pépiniéristes, y compris l'ONF), soit une trentaine d'entreprises assurant la quasi-totalité de l'activité de la filière « graines forestières ».
Cette enquête est menée sur les essences réglementées soit 31 de feuillus et 28 de résineux. Les collectes sont réalisées dans des « vergers à graines et des peuplements porte-graines français admis en catégorie qualifiée et testée »
Cette faible récolte induit une baisse des disponibilités en semences pour approvisionner les pépiniéristes (185000kg soit 822 millions de graines, la quantité la plus basse depuis 10 ans) et une diminution des stocks.
Avec un total de 30,6 millions de graines au total, tous les feuillus sont en baisse sauf les chênes pédonculés et sessiles qui ont bénéficié de bonnes fructifications et ont été largement récoltés. À l'inverse, à cause d'une absence de fructification des peuplements de hêtres, aucune graine n'a été récoltée. Toutefois les stocks ont été suffisants pour faire face à une demande décroissante.
Côté des résineux, ce sont 62,53 millions de graines qui ont été récoltées. Les différences sont également importantes entre une quantité récoltée de graines de pin maritime en légère augmentation et celle de l'épicéa commun presque nulle avec des récoltes de 2,5 kg, en passant par le douglas vert très faible (140 kg) mais dont les stocks de début de campagne 1800 kg représentaient environ 4 fois les besoins annuels.
Après deux années consécutives d'augmentation (2013/2014 et 2014/2015), les récoltes de graines sont en baisse. Les utilisations en France continuent de décroitre depuis quatre ans et les stocks de fin de campagne sont en légère baisse tout en restant relativement importants. Parmi les échanges, 60 millions de graines ont été importées et 40 millions exportées.
(Source : Rapport Irstea de juillet 2017)
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16 novembre 2017

Petite chronique :
Nous avons évoqué les forêts, les arbres seuls et les bosquets mais aujourd'hui je vais évoquer les haies.
Une trame végétale à la surface d'un territoire modifie considérablement la distribution des flux comme leau, l'air et aussi la fluidité écologique. Lorsque des arbres font partie de ce tissage du territoire, ces effets biophysiques sont amplifiés par la hauteur et le pourcentage arboré. L'effet corridor, ou de couloir, exprime la liaison entre deux lieux, protégée par un tunnel végétal suffisamment large. Cette liaison concerne surtout les linéaires comme les haies et les bandes boisées dans lesquelles les espèces se déplacent à couvert.
L'effet barrière décrit le phénomène inverse. Longitudinalement elle crée un couloir, transversalement un obstacle entre deux espaces, utilisé à lorigine en agriculture pour protéger les espaces cultivés de la faune et du bétail.
L'effet de lisière vient nuancer cet effet de barrière. Dans le cas d'ensembles poreux, la transition d'un côté à lautre est progressive et la lisière matérialise le contact, le passage d'un milieu fermé au milieu ouvert. La richesse biologique de la haie est d'autant plus importante que cette haie est pluristratifiée, c'est-à-dire composée de plusieurs étages, les strates arborée, arbustive, herbacée, muscinale (les mousses) et intermédiaire (lianes). L'ourlet herbacé sur l'extérieur, qui peut être fauché, permet à la faune de prendre le soleil, de se dégourdir ou de se sécher. En bordure de lieux d'eau la haie est bénéfique à la faune aquatique. La diversité floristique de la haie est à l'origine de nombreuses chaînes alimentaires où chaque espèce est tour à tour prédatrice et proie. On peut y trouver de 10 à 20 espèces doiseaux, autant de mammifères, 40 à 60 espèces d'araignées, plusieurs centaines d'espèces d'insectes, des dizaines de pollinisateurs...
Ces haies qui structurent les grands paysages (qui nont pas subi de remembrements) sont donc indispensables à l'épanouissement et au renouvellement de la faune sauvage.
En ville dense, elles génèrent des sentiments d'insécurité, de rupture du champ de vision. La richesse faunistique crée des appréhensions, craintes des serpents, des rats, notamment lorsque les merles ou les moineaux fouissent les feuilles au sol.
(Sources : Le Génie de l'arbre de Bruno Sirven)
Voir le planning de taille des arbres de la semaine.

9 novembre 2017

Petite chronique :
Au coeur de la réserve de biosphère de Yasuni dans l'ouest de l'Equateur, point chaud de la biodiversité et réserve ethnique des Waoranis, David G. Haskell a grimpé un kapokier = fromager, arbre majestueux émergeant au-dessus de la canopée. Le long du tronc et au sein du houppier il a rencontré des centaines d'espèces végétales épiphytes, orchidées, broméliacées, philodendrons des mousses qui poussent comme des algues filamenteuses en plein océan. Il faut dire qu'il pleut presque toutes les trois heures et qu'il tombe 3,5 mètres d'eau par an. Chaque broméliacée peut accumuler quatre litres dans les interstices à la base de ses feuilles : autant de minuscules mares où de reproduisent les grenouilles. Dans un hectare de forêt, les broméliacées épiphytes retiennent cinquante mille litres d'eau, volume concentré pour l'essentiel sur les branches des plus grands arbres. Les feuilles qui tombent s'accumulent sur les branches et dans les anfractuosités pendant des décennies, constituant un terreau favorable à l'enracinement d'autres arbres dans cette couronne, de plantes grimpantes, de fougères. La faune est également extrêmement riche, colibris, aras, tangaras, barbacous... une quarantaine d'espèces aviaires en quelques branches. Des abeilles, des fourmis, des moustiques, des serpents cohabitent dans une soupe aérienne de spores bactériennes et fongiques. La forêt regorge de champignons et de chenilles dont les plantes doivent se prémunir. Aussi elles sont riches en alcaloïdes et autres toxiques. Néanmoins, un seul hectare de forêt peut héberger soixante mille espèces d'insectes, ce qui représente un milliard d'individus, dont la moitié ne fait rien d'autre que manger les plantes et se reproduire. La diversité et l'abondance des champignons et bactéries n'ont pas été chiffrées mais elles sont tout aussi prodigieuses. La rareté d'une espèce végétale ou des substances de défense qu'elle synthétise constitue un atout pour se dérober à cette cohorte d'assaillants. Cela explique la diversité végétale.
Ces richesses de l'ouest de l'Amazonie, au Nord Est de la république de l'Equateur se superposent à d'énormes réserves pétrolières en sous-sol. En 2007, le président Corréa proposa à la communauté internationale de financer le développement économique durable du pays à hauteur de la moitié de la valeur du pétrole pour cesser son exploitation et l'aménagement de la forêt qui va de concert. Ce fut un échec. Pourtant, les réserves mondiales connues de combustibles fossiles sont trois fois plus importantes que la quantité que nous pourrions brûler sans dépasser la limite du réchauffement visée. En août 2013, le même président a donné des autorisations d'exploitation. De la cime des fromagers les torchères sont visibles et les engins de forage audibles. Les pistes d'accès lacèrent la forêt. Des colons occupent des bandes de 10 km de large de chaque côté de ces routes. Les Amérindiens Waorani sont donc contraints de traverser une zone de vingt kilomètres de large pour aller d'une partie à l'autre de la réserve. Cette route constitue ainsi un important facteur de fragmentation écologique.
Je vous invite à admirer sur internet les merveilleux Lepidothrix coronata et autres espèces rares et originales de cette réserve.
(Sources : « Ecoute l'arbre et la feuille » de David G. Haskell)
Voir le planning de taille des arbres de la semaine.

3 novembre 2017

Petite chronique :
Est-ce le froid qui endort les arbres ?
Nous avons évoqué pour la chute des feuilles le rôle de la longueur du jour, des gênes, des enzymes et des hormones. Au niveau physiologique de l'arbre dans sa globalité il y a trois sortes de vie ralentie, la dormance, la quiescence et la dominance apicale. La dormance survient avant l'apparition de conditions défavorables alors que la quiescence est une réponse directe à des conditions défavorables. La dominance apicale, indépendante du froid, est l'inhibition des bourgeons axillaires sous-jacents par un bourgeon apical.
L'arbre se prépare à la dormance dès la fin de l'été, élaborant des feuilles sans pétiole, atrophiées, très courtes et épaisses. Ce sont les écailles qui vont protéger les bourgeons du gel et de la dessiccation. Sous ces écailles, les cellules se divisent intensément pour préparer la pousse du printemps. La diminution de la durée du jour entraine la cessation de cette activité en même temps que la chute des feuilles. Si la baisse des températures est assez régulière et progressive, l'arbre s'endurcit en transformant l'amidon stocké en fin d'été en sucres solubles qui ont un pouvoir antigel. La quantité de froid accumulée au cours de l'hiver lève petit à petit la dormance. Sans froid, le débourrement de fruitiers qui nous sont communs comme le pommier et le pêcher s'avère difficile, ce qui empêche la culture de ces essences dans des régions sans hiver marqué. Dès le retour de la chaleur les bourgeons vont s'ouvrir, les fleurs printanières s'épanouir. Ainsi, des rameaux de pommier coupés en février et mis en vase à l'intérieur vont généreusement fleurir alors qu'il n'y a pas de signe de printemps à l'extérieur. C'est par ce que dehors les conditions ne sont pas favorables, aussi les arbres sont passés de la dormance à la quiescence. Il faudra attendre l'augmentation de la durée des jours et des températures pour que l'activité cellulaire reprenne et que les pousses préformées l'année précédente s'allongent et fassent éclater les bourgeons.
Le froid va également déclencher des phénomènes de vernalisation, processus par lequel certaines plantes acquièrent la capacité reproductive, de germination pour la graine ou de fleurissement. Une exposition durable au froid hivernal empêche l'expression d'un gêne bloquant la capacité de fleurir. C'est un tout autre phénomène bien connu des horticulteurs et agriculteurs, indispensable aux plantes bisannuelles et aux céréales d'hiver pour arriver à épiaison.
(Sources : l'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
Voir le planning de taille des arbres de la semaine.

27 octobre 2017

J'hésite entre rédiger une chronique sur les arbres ou à évoquer le fleurissement de la ville.
En effet, hier étaient réunis dans le salon d'honneur de l'hôtel de ville plus d'une centaine de nos concitoyens pour célébrer l'embellissement et la végétalisation de la ville. Monsieur le Maire et les élues présentes ont pu constater la fierté et le plaisir de chacun d'oeuvrer à l'amélioration du cadre de vie de tous pour le rendre plus agréable. Quelques lauréats de ce concours des maisons et balcons fleuris nous ont fait part des échanges sociaux induits par ce fleurissement (participation à l'entretien et à l'arrosage des voisins notamment pour se relayer en période de vacances, conseils, photos...). Les membres des jardins partagés et vergers collectifs transpiraient, comme à l'accoutumé, leur passion pour ce jardinage urbain, social, fait d'échanges avec les scolaires et les passants. Il y avait Madame « Mandarine » fière de ses 92 ans mais aussi Elie très sage pour ses 57...jours et le doyen, notre poète Jean-Edouard MICHEL, fidèle entre tous depuis le premier concours qui avait fait la une de la presse quand à 93 ans il avait fait fuir un agresseur à coups de canne. Parmi les fidèles je dois également citer Mme FORONI, Présidente d'Union de Quartier qui dépense depuis de nombreuses années beaucoup d'énergie pour nous aider (membre du jury, distribution de bulletins d'inscription, incitation en assemblée générale et participation elle-même). L'ambiance, comme à l'accoutumé était très conviviale, j'oserai dire « fraternelle », oubliant pour un soir les soucis du quotidien. Cela a boosté mes collaborateurs, notamment ceux qui vivaient pour la première fois l'évènement. Je remercie les Présidentes, Présidents d'Union de Quartier et leurs représentants présents. Certains nous ont fait part de leur empêchement et de leurs regrets, je leur transmets notre soutient. Monsieur le Maire l'a fait, mais je remercie à nouveaux tous les représentants de vos Unions de Quartier qui ont participé au jury cet été.
Petite chronique :
À plusieurs reprises nous avons évoqué la chute des feuilles qui présente dans nos pays tempérés une évidente corrélation avec l'automne. Aussi, nous pourrions penser qu'elle est induite par le froid. Nous avons cette année un automne très clément et assistons à cette chute de feuilles que nos collègues du nettoiement des chaussées souhaiteraient voir rester sur les arbres de nombreuses années. Par contre, en cette période de diminution de luminosité, les habitants proches d'arbres touffus apprécient cette chute pour mieux bénéficier des rayons de soleil hivernaux. Ces changements de luminosité ou plutôt la diminution de la longueur du jour intervient directement dans la programmation de la chute des feuilles. C'est le contrôle photopériodique. À proximité des lampadaires les sujets perdent leurs feuilles plus tard que ceux qui en sont éloignés. Néanmoins ils les perdent. Le déterminisme de cette chute est également génétique. Dans les forêts tropicales sempervirentes sans modification de la longueur des jours, les arbres perdent leurs feuilles pendant un temps très court et de manière non simultanée. La chute des feuilles apparait de façon partielle au sein d'un même houppier. Des rameaux en pleine croissance peuvent côtoyer des branches défeuillées. C'est pourquoi ces forêts sont toujours vertes. Des gênes, des enzymes et des hormones végétales contrôlent la sénescence des feuilles et la différenciation du tissu fragile à la base de celles-ci appelé « zone d'abscision ». Ainsi différencié il facilite leur chute sous l'effet de leur poids et du vent.
(Sources : l'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
Voir le planning de taille des arbres de la semaine.

22 octobre 2017

Petite chronique :
Pourquoi, au nom de la propreté, ramasser les feuilles et les brindilles tombant au sol ? Leur retrait peut être justifié en ville au nom de la sécurité sur les surfaces minérales dures, où, mouillées, elles peuvent entrainer des chutes. Par contre on a tout intérêt à laisser les feuilles au pied des arbres. Le cycle des éléments minéraux, à savoir l'absorption racinaire, la synthèse de matières organiques et la minéralisation de la litière, passe par les feuilles. Ces dernières sont 40 fois plus riches en nutriments, notamment en phosphore, que les autres parties de l'arbre. Le fait de les ramasser est par conséquent une grosse perte pour l'activité biologique des sols et des plantes. A` Lyon, depuis plusieurs années une fête des feuilles est organisée pour sensibiliser le grand public sur l'intérêt de maintenir les feuilles dans les parcs et de limiter leur exportation. À Grenoble nous favorisons leur regroupement sous les arbustes et en pied d'arbres en " paillage " ou " mulch ". Outre la limitation des exportations que nous voulons réduire à zéro dans les parcs, cela favorise l'activité biologique des sols et ainsi facilite les échanges entre les arbres et les arbustes par champignons interposés. Par ailleurs, le désherbage s'en trouve limité et le dessèchement du sol est ralenti en été. On réduit trop souvent le sol à une fonction de support de la vie végétale et animale. En réalité, le sol avec son cortège végétal, animal et fongique, présente un fonctionnement analogue à celui d'un organisme vivant. Il respire (consommation d'oxygène), régule sa température, digère de la matière organique, fait circuler de l'eau et stocke des réserves. Il est le capital santé des arbres. Fragile, il doit être protégé.
Il y a des exceptions au maintien des feuilles sous les arbres. Les feuilles de fruitiers parasitées (cloque, tavelure) doivent être évacuées pour enrayer la propagation des maladies. En ville, les feuilles de marronniers attaqués par la mineuse (larve de papillon Cameraria ohridella) permettent aux larves d'hiverner au sol à l'abri. Un ramassage minutieux limite les dégâts la saison suivante.
(Sources : l'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
Voir le planning de taille des arbres de la semaine.

15 octobre 2017

Petite chronique :
Les hybrides sont-t-ils toujours stériles? Affirmation courante en s'appuyant sur des exemples du monde animal. Aussi, certains affirment qu'il n'y a aucun danger pour qu'une espèce issue de l'agriculture biologique soit contaminée par une plante transgénique. On appelle cela « unité du vivant ». Erreur, dans ce domaine les végétaux se distinguent des animaux. Les hybridations végétales sont faciles, fréquentes et produisent des individus fertiles. Ente les quatre espèces de chêne caducifoliées (pédonculé, sessile, pubescent et tauzin), les croisements naturels sont si fréquents qu'il est difficile de trouver en forêt des individus non hybridés. Le tilleul de Crimée (Tillia x euchlora) est un croisement issu du croisement entre le tilleul à petite feuille et le tilleul du Caucase, Le tilleul commun (x europaea) est probablement issu de l'hybridation du tillia cordata (= tilleul des bois = tilleul à petites feuilles) et du tillia platyphyllos (= tilleul de Hollande), le cyprès de Leyland (x Cupressocyparis leylandii) est un croisement de Cupressus macrocarpa (= cyprès de Lambert) et Chamaecyparis nootkatensis (= cyprès de Nootka). Je ne vous donne pas tous les synonymes y compris en latin car la nomenclature évolue. Un grand exemple des villes, le pltane du Midi, platanus x acerifolia est issu du croisement entre le platanus orientalis originaire de l'Est de la méditerranée et de platanus occidentalis espèce américaine utilisée pour des croisements par l'Inra afin de créer un platane résistant au chancre coloré. Ce platane résistant a été utilisé pour les nouvelles plantations sur Jean Jaurès Libération à Grenoble.
La stérilité chez les animaux des hybrides s'explique au niveau du nombre de Chromosomes différent entre le mâle et la femelle qui empêche leur descendant de reconstituer certaines paires.
Les plantes ont la capacité de procéder à des réarrangements chromosomiques pour obtenir un génotype normal avec des chromosomes correctement appariés.
Les différentes espèces d'arbres peuvent donc se mélanger. Cela relativise la traditionnelle notion d'espèce de Linné définie par l'interfécondité des individus.
(Sources : l'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
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5 octobre 2017

Petite chronique :
Les biofilms : vous connaissez probablement, ces ensembles d'organismes unicellulaires que l'on trouve dans la bouche et le tube digestif des animaux et de l'homme (flore intestinale). Dans les secteurs alimentaires et hospitaliers ils sont craints pour la contamination des surfaces des installations et constituent un véritable problème de santé publique. Ces contaminations sont à l'origine de deux types d'infections, alimentaires et nosocomiales.
Les biofilms naturels sont surtout composés d'algues et de bactéries pour les surfaces éclairées ou exondées, mais ils sont quasi exclusivement constitués de bactéries (dont photosynthétiques) et de champignons au sein du biofilm qui colonise les sédiments ainsi que les feuilles ou les bois immergés.
Surtout en zone tropicale, mais aussi en climat tempéré, un biofilm algal et bactérien, fongique et/ou lichénique existe sur les feuilles des arbres, les écorces et les racines. Le biofilm bactérien et fongique se développe en été " en épiphyte " et prépare la bonne décomposition des feuilles avant même qu'elles ne tombent (à l'automne en climat tempéré, toute l'année en zone équatoriale).
Au niveau de la phyllosphère (les feuilles), un seul arbre abrite quelques centaines d'espèces fongiques. Elles vivent soit à la surface des feuilles, soit à l'intérieur des tissus foliaires dans les espaces intercellulaires.
Certaines des bactéries qui forment ce biofilm deviennent dans certaines circonstances (stress, gel, piqure d'insectes, etc) pathogènes (rouilles, tavelure, anthracnoses...), c'est le cas par exemple d'une bactérie de forme allongée un pseudomonas commun (Pseudomonas syringae) dont certaines souches provoquent une maladie mortelle chez le marronnier (maladie émergente).
Les champignons aériens sont loin d'être tous pathogènes et certains jouent un rôle positif sur la santé de l'arbre. On parle de mutualisme. Des champignons limitent les attaques d'insectes par la production de substances toxiques ou freinent les infections par d'autres champignons pathogènes. Ils peuvent également augmenter la résistance à la sécheresse.
(Sources : l'arbre Au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
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29 septembre 2017

Petite chronique :
Jusqu'en 2013, le nombre d'espèces d'arbres sur terre évoqué par la presse scientifique variait de 60000 à 100000 suivant les estimations. L'homme aime les chiffres et la précision qui permettent de juger des évolutions. Aujourd'hui, grâce au travail de milliers de botanistes sur des siècles, un inventaire quasi définitif a été publié en avril sous la direction du Botanic Garden Conservation International (BGCI). Ce sont ainsi 60065 espèces d'arbres qui représentent 20% des plantes recensées. Mais qu'est-ce qu'un arbre? Ils se sont fondés sur la définition donnée par l'Union Internationale de Conservation de la Nature (UICN), à savoir : « une plante constituée de bois avec habituellement un seul tronc poussant à une hauteur d'au moins deux mètres, ou, s'il y a plusieurs troncs qu'au moins l'un d'eux fasse cinq centimètres de diamètre à hauteur de poitrine d'homme ». La frontière avec certains arbustes est ténue, peu consistante, et les botanistes ont mis du temps à en écarter ou en introduire comme le noisetier. Les palmiers Arecaceae ont été considérés comme des arbres avec 1282 variétés dénombrées.
Si l'on remonte la classification de Linné (famille, genre, espèce, variété), 45% des espèces d'arbres appartiennent à 10 familles avec en tête les légumineuses (leguminosae) pour 5405 espèces dont le mimosa et le robinier, puis les Rubiaceae, les Myrtaceae, les Lauraceae...
La répartition géographique est également inégale, l'Amérique du sud hébergeant le plus d'espèces, 8715 pour le Brésil, 5776 pour la Colombie, 4656 au Venezuela... D'autres régions du monde comme l'Indonésie avec 5142 espèces, la Malaisie (4993) et la Chine (4635) sont richement diversifiées.
Pour les arbres endémiques (qui ne poussent que sur un territoire), l'Amazonie est suivie de Madagascar et de l'Australie.
Certains arbres prolifèrent quand d'autres luttent pour ne pas disparaitre. Ainsi la moitié de l'Amazonie est constituée de 227 sortes d'arbres dont l'hévéa quand les milliers d'espèces beaucoup plus rares n'occupent que 0.12% de la surface. Les botanistes ont ainsi pu déterminer que sur les 20000 espèces dont on a pu évaluer la population dans le monde, 9600 sont menacées d'extinction et 300 sont au bord de la disparition avec moins de 50 individus recensés.
375500 végétaux décrits à ce jour par la science.
Le groupe des Angiospermes se décompose en 406 familles, 14038 genres et environ 352000 espèces.
Les Gymnospermes ne comprennent que 14 familles, 88 genres et environ 1000 espèces.
Les Bryophytes (mousses) sont classées en 165 familles, 1473 genres et environ 20000 espèces.
Les Ptéridophytes (fougères) sont classées en 35 familles, 568 genres et environ 13000 espèces
Source : Sciences & Avenir d'août 2017
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6 septembre 2017

Petite chronique :
93% des causes de la déforestation sont d'origine agricole. On ne coupe que très peu la forêt pour faire du bois d'oeuvre ou du papier. Dans la grande majorité des cas c'est pour planter du maïs, du soja, des palmiers à huile ou faire de l'élevage. Dans 60% des cas (selon la FAO) c'est un groupe agro-industriel et dans 33% un fermier indépendant qui va acquérir une parcelle forestière ou un milieu naturel intact. Il va alors raser la végétation, couper tous les arbres, ne vendre que les plus précieux et brûler le reste pour faciliter l'accès aux engins agricoles pour la culture ou la récolte, selon les principes d'agriculture intensive développés à la sortie de la deuxième guerre mondiale. Tout l'écosystème est perturbé, le sol retourné, compacté. Afin d'assurer du rendement il aura recours à des intrants chimiques et de l'irrigation, sur le modèle des immenses exploitations intensives Américaines, Australiennes ou même en Beauce en France.
De nombreux exemples attestent de l'hérésie financière de telles pratiques, surtout en région tropicale où les pluies délavent les sols et emportent la matière organique nécessaire aux cultures. Les sols sont alors asséchés par les vents et les cultures brûlées par le soleil. Au Pérou, les producteurs de cacao de l'Alto Huayabamba produisent 1,5 à 2 tonnes de cacao à l'hectare 100% en bio, et suivant des modèles agroforestiers. C'est un rendement très élevé, de 30% à 50% de plus que les producteurs conventionnels de cacao de la même région qui mettent 3 tonnes d'engrais à l'hectare. Ces résultats s'expliquent par le fait que le cacao est une plante d'ombrage, comme le café et que ces cultures profitent des apports des arbres. L'agroforesterie consiste à combiner la plantation ou la conservation d'arbres au sein de cultures agricoles. L'arbre puise des minéraux dans les couches inférieures du sous-sol, les remonte jusqu'à ses feuilles qui vont les apporter au sol en surface en tombant. Certains arbres peuvent également capturer l'azote présent dans l'air. Leurs racines décompactent les sols et quand le chevelu meurt (comme les feuilles) il laisse des cavités propres à stocker de l'eau et à aérer le sous-sol. De plus, la canopée ralentit les gouttes d'eau lors de fortes pluies, protégeant les sols de la battance mais également de l'érosion et des ruissellements. Quand certains ne voient que concurrence pour la lumière, l'accès à l'eau, et aux éléments nutritifs, d'autres voient complémentarité, coopération et non compétition, services rendus à la culture, entretien du sol et des équilibres grâce à la biodiversité. Par ailleurs si ces arbres sont des fruitiers ils apportent à l'exploitant un revenu complémentaire non négligeable. En Indonésie, planter 10 avocatiers sur un hectare de café permet de doubler le revenu du fermier sur 5 à 7 ans. Il en est de même lorsque l'on plante des arbres dans des champs de cacao, de thé, de riz ou d'ananas.
(Source : Tristan Lecomte « Et si on remontait dans l'arbre » Editions La mer salée. Tristan Lecomte, fondateur d'Alter Eco et de Pur Projet, parcours le monde afin de mettre en oeuvre des projets de compensation carbone pour de grandes entreprises. Pur Projet a planté 5 millions d'arbres en 8 ans)
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27 juillet 2017

Petite chronique :
Earth Overshoot Day ou le jour du dépassement de la terre, date de l'année où, théoriquement, les ressources renouvelables de la planète pour cette année ont été consommées. Au-delà de cette date, l'humanité puise donc dans les réserves naturelles de la Terre d'une façon non réversible. Du 31 décembre en 1986, il est passé au 8 aout l'an dernier et est annoncé pour mercredi prochain 2 août en 2017... Le « non réversible » de la définition Wikipédia nous ramène à la déclaration des scientifiques au congrès géologique international : Nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique, l'anthropocène qui remplace l'holocène. C'est Paul Crutzen, chimiste et prix Nobel néerlandais, qui a imaginé ce nom en 2000. Selon lui, cette "ère de l'homme" consiste en un nouvel âge géologique marqué par la capacité de l'humain à transformer la Terre. Jusqu'à la moitié du XXème siècle, l'homme n'avait aucun impact irréversible sur la biodiversité et le climat. Mais les choses ont changé. Nous les humains, et particulièrement les occidentaux, sommes en capacité de modifier durablement l'évolution de la planète.
En cette période de congés où nous assistons à une vague d'incendies de forêt rarement connue, rassurez-vous, c'est une petite lumière d'optimisme que je souhaite apporter aujourd'hui. Ce n'est pas l'histoire du colibri qui fait sa part de travail devant l'incendie mais d'autres histoires, celles d'Abdul Karem et de René Haller :
Nombreux d'entre nous connaissent la nouvelle de Giono « l'homme qui plantait des arbres ». Elle a inspiré plusieurs actions de la société civile à travers le monde, plus ou moins importantes, portées par des associations ou des individualités, notamment en bordure des déserts.
-Abdul Karem souhaitait démontrer dans un endroit complètement dénudé que la nature peut être régénérée lorsqu'on s'y attache avec détermination. En 1977 il achète un lopin de terre de 2 hectares en Inde au Kerala et plante ses premiers sujets acheminant l'eau sur une distance importante. Il y eu des tâtonnements et des vicissitudes mais en 1982 il achète 11 hectares de terre supplémentaires et diversifie ses plantations. Cinq ans plus tard il commence à remarquer une augmentation de la disponibilité en eau dans les puits alentours. Il réalisera de petites mares pour inciter les oiseaux et autres animaux à s'installer dans sa forêt et ainsi créer un équilibre. Aujourd'hui elle reçoit les visites de chercheurs d'universités Indiennes mais également d'Europe et des Etats Unis.
-René Haller a créé la forêt de Baobab Farm près de Mombassa au Kenya. Sur une carrière abandonnée de corail nu, soumise à une insolation intense, sans aucun sol, il eut l'idée après de nombreux essais de plantation d'arbres, de réintroduire le mille-pattes noir et rouge du Kenya pour transformer les feuilles mortes et initier ainsi la formation d'humus, substrat de départ pour toute une succession forestière...
Ces différentes actions de passionnés, démontrant les interactions au sein de la nature, nous montrent que l'homme peut aussi aider la nature à se réparer, « s'il s'y attache avec détermination ».
Voir le planning de taille estivale des arbres de la semaine.

21 juillet 2017

Nous avons coupé en urgence un platane sur le cours de la Libération mardi dernier. Cet arbre a séché très brutalement et montrait une certaine instabilité. Une pourriture interne a été décelée en partie basse mais nous devons faire des investigations complémentaires pour expliquer ce dépérissement brutal.

Petite chronique
Nous avions évoqué quelques semaines en arrière la fabrication du bois par le cambium. Vers l'intérieur, les cellules « méristématiques » ajoutent chaque année une couche de bois qui recouvre le cerne de l'année précédente avec une circonférence légèrement supérieure. Ce même cambium produit vers l'extérieur l'écorce interne ou vivante qui repousse l'écorce morte, le rhytidome. L'écorce morte n'est pas (ou peu) élastique et pourtant, un peuplier qui croit de 40 cm de diamètre à 44 cm en une année va augmenter sa circonférence extérieure de 13 cm (138cm-125cm). Suivant les variétés et l'âge des arbres, nous assistons à deux principaux phénomènes, des écorces qui se crevassent comme sur les chênes, peupliers, marronniers, ou des écorces qui s'exfolient en plaques comme sur les platanes. Les premières peuvent devenir très épaisses alors que les secondes restent fines. Cette année nous assistons en France sur la plupart des platanes à une forte chute des rhytidomes de platanes qui laisse apparaitre la couleur clair de l'écorce sous-jacente. Une année pluvieuse favorable à la croissance des arbres, suivie d'une année à fortes chaleurs favoriserait ces chutes plus importantes. Il n'y a donc pas de dépigmentation comme un vitiligo humain, juste la nature qui se régénère. Certains arbres d'ornement sont cultivés pour l'aspect décoratif de leur écorce induit par cette exfoliation.
Les écorces sont ou ont été exploitées à de nombreuses fins, le liège, l'aspirine, le tannage des cuirs... L'écorce des boulots était utilisée en sous toiture sous les mottes de terre enherbée des maisons d'Europe du nord et pour l'enveloppe des canots des Amérindiens du Canada.
Enfin, dans une prochaine chronique nous reviendrons sur ces écorces qui ont fait l'objet de plusieurs études sur la bioaccumulation de métaux toxiques comme le plomb et l'arsenic au cours du temps. Intuitivement tout le monde le pense mais il a été mesuré une diminution de plomb, zinc et cuivre dans les écorces avec l'augmentation de la distance à la route et la hauteur par rapport au sol.
Voir le planning de taille estivale des arbres de la semaine.

13 juillet 2017

(Frédéric Petitjean pour cette semaine)
Les insectes ont-ils tué les dinosaures ?
Les spermaphytes sont l'ensemble des végétaux qui se caractérisent par la présence d'organes femelles (ovule) qui se transformera en graines après fécondation par le pollen.
Ils comprennent :
  • Les gymnospermes : plantes sans vraie fleur, dont les graines sont nues. Aujourd'hui principalement composé de conifères (et fougères arborescentes), ils représentent 1000 espèces (200000 au jurassique et crétacé) et sont anémophiles : le transport du pollen est assurée par le vent.
  • Les angiospermes sont les plantes à fleurs (plus de 300000 espèces référencées). Ils sont entomophiles : leur pollinisation est assurée par les insectes.
  • Apparus au crétacé supérieur (-125 millions d'années).
Les angiospermes ont donc gagné au fil des temps géologiques du terrain sur les gymnospermes...
Jusque-là tout est scientifique...
Le jurassique... cela n'est pas sans vous rappeler un certain film américain... C'est en effet la période (avec le crétacé) des dinosaures...
On trouve ça et là quelques hypothèses (pas toujours très scientifiques et sans réelle preuve en tous les cas à ce jour... je vous passe les météorites et autres attaques extraterrestres...) sur la disparition des dinosaures et notamment la suivante.
La grande durée de vie des dinosaures - de 75 à 300 ans - les aurait empêchés de s'adapter rapidement aux nouvelles conditions environnementales et notamment au développement des angiospermes. Un certain nombre d'angiospermes contient des substances psychotropes (des alcaloïdes aromatiques à base d'acides aminés). De nos jours, les mammifères herbivores ne les consomment pas car ils n'apprécient pas leur goût amer. D'où une hypothèse selon laquelle les dinosaures, incapables de goûter l'amertume de ces plantes, et dépourvus d'un système de détoxification au niveau du foie, périrent d'overdoses massives.
Ou comment les insectes pollinisateurs grâce aux fleurs ont tué les dinosaures...
Voir le planning de taille estivale des arbres de la semaine.

7 juillet 2017

Je sollicite une nouvelle fois votre mansuétude pour une information non transmise, la coupe des arbres rue Lesdiguières.
Ce n'est pas volontaire et je vous présente mes excuses. Le chantier est suivi par la Métropole et nous nous contentions jusqu'à présent de ne fournir que les informations de gestion des arbres que nous conduisons en tant que Ville de Grenoble. Autant le technicien qui me fournit le calendrier et les mises à jour que moi n'avions pas l'information. J'espère que cela ne se reproduira pas.
C'est l'état sanitaire des arbres et leur emplacement sur la ligne de séparation de deux places de stationnement qui nous ont conduits à demander à nos collègues de la Métropole de prévoir le remplacement de ces arbres dans leur chantier d'aménagement. Ces arbres avaient été fortement fragilisés par la tempête de neige de 2012, certains coupés le dimanche même, notamment l'un tombé sur l'abri bus... Aussi des séquelles étaient visibles dans leur houppier. Par ailleurs, la compaction des sols par le stationnement au plus près des troncs nous laissait entrevoir des pourritures racinaires, avec les risques qui en découlent. Toutefois, avant le lancement de Coeur de villes Coeur de Métropoles, nous n'avions pas prévus d'intervenir dans l'immédiat. Cependant, nous avons eu du mal à envisager de revenir dans moins d'une dizaine d'année pour détruire l'aménagement qui va se réaliser, afin de recréer des fosses de plantations et planter de nouveaux arbres. C'est pourquoi, en lien avec la métropole, cette décision de privilégier l'avenir au présent a été validée :
Treize tilleuls ont été coupés et un érable sans avenir risque d'être également coupé dans un second temps au niveau de l'accès au parking Hoche. En remplacement, ce sont 29 sujets qui vont être plantés au cours de l'hiver prochain avec un éloignement du stationnement de leur pied. chênes sessiles (= rouvres) fastigiés entre Agutte Sembat et Verdun portion qui était dépourvue de plantations et chênes à feuilles de laurier ('Quercus imbricaria') entre Championnet et Gambetta, quelques frênes entre Gamgetta et Agutte Sembat.
Je joins le plan de plantation qui peut subir encore quelques modifications si nous avons des surprises au niveau du sous-sol pour les personnes plus concernées par ce secteur.

Vous noterez sur les deux dernières semaines de juillet une taille architecturée des tilleuls de l'avenue Albert 1er de Belgique. En accord avec nous, cette taille est directement commanditée par nos collègues du service gestion du patrimoine naturel et arboré à l'entreprise titulaire de leur marché d'entretien. Le chantier sera suivi et payé par la Métropole.

Petite chronique de l'arbre :
Nous avons écrit à propos des espèces pionnières mais quelles sont les autres et leurs stratégies ?
Peter Wohlleben, forestier, aime à parler des hêtres, nombreux dans les forêts de son district allemand de l'Eifel. Ces hêtres se contentent de peu de lumière pour se développer, profitent de l'assistance de leurs congénères à proximité et patientent des années avant de dominer leurs voisins, souvent après la disparition de leur mère libérant l'accès à la lumière. Ils vont donc se développer doucement. Ces arbres à croissance lente comme les chênes également sont appelés arbres d'avenir car ils développent une structure solide et apte à résister au temps. Ils sont caractérisés par des cycles de reproduction longs et une production peu importante de graines.
Alors que les graines des espèces pionnières sont très légères pour s'envoler, sans grandes réserves pour germer, les faînes, plus lourdes, ne peuvent compter que sur les mulots sylvestres, geais, écureuils et autres rongeurs pour s'éloigner un peu de leur génitrice. Aussi la conquête de nouveaux territoires s'avère longue. En compensation les réserves de substances nutritives dont dispose la graine lui permettent douze mois d'autonomie. Plus tard, pour produire un kilogramme de bois il lui faut 180 litres d'eau alors qu'il en faut presque 300 litres pour la plupart des autres espèces. Tandis que les pionniers gagnent en hauteur, les arbres du futur élaborent des structures qui formeront les piliers de la forêt mature et sur lesquels viendront s'amarrer les lianes et épiphytes.
Enfin, ces arbres patients, finissent par dépasser en hauteur nombre de leurs concurrents. Ils filtrent alors la lumière s'en gardant la meilleure part condamnant nombre d'espèces de moindre hauteur. Il aura fallu au hêtre pour atteindre sa taille adulte au bout de 150 ans, bâtir une quantité de sucre et de cellulose équivalente à un hectare de blé pour édifier son tronc.
(source : la vie secrète des arbres Peter Wohlleben)

Voir le planning de taille estivale des arbres de la semaine.

30 juin 2017

Petite chronique de l'arbre :
Semaine dernière j'ai évoqué les espèces pionnières mais je ne résiste pas au désir de partager un peu plus leurs stratégies physiologiques. Ainsi, l'écorce du bouleau devient très dure dès qu'elle éclate en formant des crevasses noires et ses tissus sont gorgés d'huiles essentielles au goût fort désagréable pour les herbivores. La couleur blanche est due à la bétuline aux propriétés antivirales et bactéricides exploitées par l'industrie pharmaceutique. En outre, cette couleur réfléchissant la lumière protège le tronc des coups de soleil.
Les feuilles de tremble ont la particularité d'assurer la photosynthèse sur les deux faces alors que celles des autres espèces consacrent la face inférieure à la respiration. La forme du pétiole de ces feuilles permet qu'au moindre souffle, alternativement les faces de ces dernières sont exposées à la lumière. Ces mouvements presque permanents ont donné son nom à cet arbre. Comme moyen de lutte contre les herbivores les peupliers ont particulièrement développé leur capacité de rejeter des racines. Ils peuvent être broutés et broutés de nouveau pendant des années, leur système racinaire continue de s'étendre multipliant les rejets. C'est ainsi qu'une forêt de l'Utah héberge un Faux Tremble de plus de 40000 troncs sur 43 hectares. L'âge de cet «organisme» qui ressemble à une forêt est estimé à plusieurs milliers d'années.
(source : la vie secrète des arbres Peter Wohlleben)

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22 juin 2017

Petite chronique de l'arbre :
J'avais évoqué dans une chronique la solidarité qui peut exister entre les divers individus d'un boisement. Cette solidarité ne peut fonctionner pour les plantations urbaines d'alignement, c'est pourquoi Peter Wohlleben ose une analogie avec les enfants des rues. Toutefois les stratégies de conquête des espaces sont très variables suivant les essences. Nous avons les espèces pionnières fondamentalement individualistes qui grandissent loin de leur mère et de la forêt. Leurs graines sont adaptées aux déplacements importants pour aller conquérir l'espace dégagé d'un paysage remanié. Ainsi, petites et enrobées de bourre ou munies d'ailettes elles parcourent des kilomètres portées par des vents chauds ou une vigoureuse tempête. Ces espèces seraient-t-elles plus adaptées aux stations urbaines ?
Elles détestent l'ombre et poussent très vite. Le tremble, le bouleau verruqueux, le saule marsault font partie de ces pionniers pressés qui font des pousses annuelles de plus d'un mètre quand celle d'un hêtre ou d'un sapin à l'ombre de ses aînés n'est que de quelques centimètres. Ces championnes de rapidité sont aptes à la reproduction pour conquérir de nouvelles terres en 10 ans. Elles développent des stratégies de défense contre les herbivores, épines, huiles essentielles, activées en permanence car elles ne peuvent compter sur des alertes ou sur l'effet du nombre. Ces espèces dépensent beaucoup d'énergie pour assurer en même temps cette croissance accélérée et cette protection permanente. Elles se donnent à fond et passé les trois premières décennies l'épuisement s'installe, la croissance diminue, la capacité à se défendre contre les champignons également. Attention à toute coupe de branche qui ouvre la porte aux spores de ces derniers. Ces espèces sont donc peut longévives et ne permettent pas un investissement sur le long terme. Des peupliers de Simon en vogue à la fin des années 70 pour leur croissance rapide avaient été plantés en alignement sur l'avenue Malherbe à Grenoble. Au court de leur troisième décennie les dépérissements se sont succédés année après année, conduisant au renouvellement de l'ensemble de ces deux rangées d'arbres par des liquidambars.
(source : la vie secrète des arbres Peter Wohlleben)

16 juin 2017

Petite chronique :
Dans la profession il est courant de dire que les résineux acidifient les sols et limitent la végétation.
Tous les arbres, feuillus et résineux acidifient le sol et cela leur permet d'altérer les roches pour absorber les éléments minéraux ainsi libérés. Grâce aux sécrétions acides des racines, des mycorhises et bactéries associées les arbres parviennent à solubiliser et rendre absorbables calcium, phosphore, potassium, magnésium...
La respiration racinaire prélève de l'oxygène et libère du CO2. L'absorption des cations nutritifs (Ca²+, Mg²+, K+, NH4+) s'accompagne d'une excrétion de protons (ionsH+) qui acidifie le milieu.
Les organismes du sol qui décomposent les litières et racines mortes libèrent également des acides organiques. Certaines litières constituées de feuilles coriaces sont plus acidifiantes que d'autres. Ainsi, l'épicéa est plus acidifiant que le sapin, lui-même plus que le hêtre qui devance dans ce domaine le chêne.
Peu de sols en France sont sensibles à une acidification. Il s'agit de sols déjà très acides (PH<4,2), lessivés ou compactés.
La sylviculture est beaucoup plus influente que l'essence. Historiquement les résineux, plus frugaux que les feuillus ont été plantés de préférence sur les sols pauvres et acides. Par ailleurs, longtemps les plantations très denses confisquaient la lumière au niveau du sol. On sait que la lumière permet une élévation de la température et une augmentation de l'activité biologique du sol. La structure de celui-ci et son PH sont améliorés, une flore herbacée et un sous-bois réapparaissent. La minéralisation de la litière permet ainsi de retrouver des sols proches de ceux des forêts de feuillus.
(Source : L'arbre, au-delà des idées reçues DRENOU C.)

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9 juin 2017

J'avais évoqué lors d'un message précédent la plantation d'arbre mais uniquement sous l'angle de sa taille et j'ai omis de parler du tuteurage.
Bien que nous ne soyons plus en période de plantation je souhaite corriger cet oubli car le tuteurage est un élément qui nécessite une attention particulière et cela constitue un sujet moins compliqué que la circulation des sèves dans l'arbre. La plantation d'un arbre se décompose en plusieurs actes, trouver un lieu adapté (" le bon arbre au bon endroit "), préparer le sol ou réaliser une fosse de plantation avec apport de terre ou de mélange reconstitué, ouverture d'un trou de plantation qui permette un bon étalement des racines ou une bonne position de la motte, préparation des systèmes racinaires et aériens (que nous appelons " habillage "), la plantation elle-même, la protection du tronc et le tuteurage.
Le tuteur est le meilleur et le pire des amis de l'arbre. Soumis au vent le jeune arbre ne pourra assurer seul son maintien vertical par rupture de cohésion entre ses racines ou la motte, et le sol. Aussi, cette stabilité sera fournie par les tuteurs. Toutefois les sollicitations du vent transmises aux racines favorisent le développement de ces dernières, tout en ralentissant la croissance en hauteur de l'arbre. Aussi, au Royaume Uni le tuteurage bas est privilégié pour renforcer le tronc. Par ailleurs, il faut éviter tout frottement du tronc contre un support (tuteur ou planche de liaison) qui arracherait l'écorce. C'est pourquoi, plusieurs tuteurs avec des liens souples sont préférables aux simples ou doubles tuteurs. À Grenoble nous préconisons un triple ou quadruple tuteurage. Les tuteurs de grosse dimension protègent également les sujets de vandalisme volontaire ou accidentel. Néanmoins, au bout de deux à trois ans il faut supprimer les attaches afin que l'arbre assure lui-même sa stabilité. Tout au long de cette période de tuteurage, les attaches devront être vérifiées régulièrement pour éviter les étranglements du tronc.
D'autres systèmes de stabilisation de l'arbre peuvent être utilisés. Le haubanage par des filins aériens attachés à des pieux à quelques mètres du tronc, efficace mais source d'accident de piétons voire même de cycliste dans certains cas. Intéressant pour les très gros sujets et pour ceux " branchus " de base. L'ancrage de motte répond au besoin de laisser les contraintes externes favoriser le développement racinaire et à des souhaits d'esthétisme mais est complexe à mettre correctement en oeuvre. Différents types d'ancrage de motte ont été testés sur Grenoble, notamment pour les Liriodendrons (Tulipiers de Virginie) plantés le long de la troisième ligne de tramway sur les grands boulevards. Certains ont été blessés au collet par les sangles provoquant des ruptures, d'autres se sont inclinés car la motte a légèrement basculé, probablement à cause d'une tension insuffisante ou un décrochage des ancres.
(Source : L'arboriculture urbaine Maillet M. Bourgery C.)
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1er juin 2017

J'attire votre attention sur la taille des arbres le long du tram avenue Général Champon. Nous devons consigner le tram (coupure électrique pour assurer la sécurité) et de ce fait travaillons de nuit avec un horaire pour les agents de 22 heures à 5 heures du matin. Nous prévenons les riverains en amont.
Petite chronique :
Les feuilles attirent l'eau vers le haut par transpiration grâce à l'énergie solaire, l'eau est en tension. Cependant la nuit, ou encore quand il fait trop chaud, les stomates se ferment. Par ailleurs, pour les arbres caducs dépourvus de feuilles en hiver, on peut assister à des écoulements de sève lors des tailles de printemps. Lorsque le sol est suffisamment humide, les entrées d'eau dans les racines par osmose continuent mais les sorties sont stoppées. La pression augmente et est appelée poussée racinaire. Au printemps, de nombreux arbres transfèrent une partie de leurs réserves en amidon dans les vaisseaux ce qui augmente la concentration de la sève en sucres et donc ce phénomène d'osmose. L'eau est sous pression. On peut ainsi récolter le sirop d'érable ou la sève de bouleau.
J'ai évoqué l'ascension de la sève brute dans les arbres mais qu'en est-t-il de la descente de la sève élaborée ? Nous pourrions penser qu'elle s'écoule par gravité mais il n'en est rien. Elle est beaucoup trop visqueuse, il faut la pousser et c'est lentement qu'elle va progresser à la vitesse de 50cm à l'heure alors que le flux de sève brute atteint 6 mètres à l'heure. Cette importante différence de vitesse s'explique également par le diamètre des tubes situés juste sous l'écorce externe dans le phloème. Il n'est que de 5 à 100 microns selon les espèces, alors que les vaisseaux du xylème des feuillus utilisés par la sève brute varient de 50 à 700 microns. De plus, ces vaisseaux du xylème des feuillus sont totalement ouverts (les parois transversales des cellules empilées pour leur confection ont disparues) alors que dans les tubes de descente de sève élaborée les parois transversales des cellules persistent et ne laissent comme points de passages que des pores appelés "cribles". Cela ralentit considérablement le transport des sèves. (Les résineux sont pourvus de "trachéides" pour conduire la sève brute. Ces éléments conducteurs sont également encombrés des parois transversales des cellules constitutives pourvues de pores appelés dans ce cas "ponctuations".)
La sève élaborée circule toujours des organes riches en sucres vers ceux qui en ont besoin, de manière descendante mais aussi transversale. Les sucres sont régulièrement déchargés dans les organes à nourrir tout au long de la descente vers l'extrémité des racines.
Les pressions osmotiques et hydrostatiques, qui permettent ces transferts dans les milieux de moindre pression et moindre concentration en sucres, consomment de l'énergie.
(Sources : INRA Clermont-Ferrand & Christophe Drénou)
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26 mai 2017

Je vous avais promis d'évoquer la circulation de l'eau dans les arbres. Pour comprendre comment un hêtre adulte peut pomper jusqu'à 500 litres d'eau par jour à partir d'un sol "ressuyé" il serait nécessaire de se plonger dans les lois de la physique, ce que nous ne ferons pas. Toutefois, sans entrer dans la physique de base il est important de savoir que cela résulte d'un ensemble de propriétés de l'eau extraordinaires, très importantes pour la biologie. Liquide à température ordinaire, la molécule d'eau est polarisée, (côté atomes d'hydrogène positifs et côté atome d'oxygène négatif), ce qui induit une forte cohésion. L'eau fait preuve d'une forte tension superficielle, de forte adhésion, c'est un excellent solvant, et elle présente une forte chaleur latente de vaporisation (c'est-à-dire qu'il faut dépenser autant d'énergie pour la vaporiser que pour élever sa température de 0 degrés C à 600 degrés C et cette vaporisation est assurée au niveau des feuilles).
Le principal moteur de l'ascension de l'eau dans l'arbre est l'évaporation foliaire qui aspire la sève vers le haut à travers différents tuyaux suivant qu'il s'agit de résineux dotés de trachéides, ou de feuillus à zones poreuses comme le chêne ou à pores diffus comme le bouleau.
Tout d'abord, c'est le phénomène d'osmose qui assure le passage de l'eau de manière automatique d'un milieu moins concentré en substances dissoutes (le sol) vers le milieu plus concentré, la racine où elle progresse dans les tissus jusqu'aux "tuyaux" du xylème. Là le transport passif de l'eau et des ions ne suffit plus et l'arbre opère un pompage actif par capillarité exerçant une tension sur cette sève brute de plus en plus forte, de -1 bar dans les racines à -7 bars dans les feuilles pour atteindre -500 bars au moment de la vaporisation.
Sur la face inférieure des feuilles sont situés les stomates (ouvertures contrôlées sur l'extérieur) avec une chambre sous stomatique dans laquelle se produit le passage de fines pellicules d'eau qui entourent les cellules dans les espaces intercellulaires nommés lacunes. Des micros surfaces de quelques dizaines de nanomètres sont en interface avec l'air. Les forces de capillarité sont ici très fortes, suffisantes pour obtenir une colonne d'eau de 120 mètres de haut. L'énergie solaire induit la transpiration qui fait se rétracter la pellicule d'eau interne, ce qui a pour conséquence de tirer la colonne d'eau du xylème.
Je suis rapidement passé des racines aux feuilles sans évoquer ce qui se passe dans les vaisseaux. La capillarité résulte de la force d'attraction de l'eau vers les parois d'un conduit. Plus le conduit est étroit et plus l'eau monte spontanément. Le diamètre des vaisseaux est décroissant des racines vers la cime passant par exemple pour un érable de 155 nanomètres dans les racines à 55 nanomètres au collet pour se réduite à 46 nanomètres à 11 mètres de haut. Néanmoins malgré ces petits diamètres, les forces de capillarité ne permettent une ascension que de quelques mètres dans le tronc. La transpiration par les feuilles est donc le principal moteur mais quand les feuilles ne sont pas présentes ?
Ce sujet sera abordé à l'occasion d'une prochaine chronique avec les phénomènes d'embolie et le circuit de la sève élaborée.
(Sources : INRA Clermont-Ferrand & Christophe Drénou)
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22 mai 2017

Comment protéger les arbres des attaques de champignons lignivores (je ne parlerai pas des chancres comme le chancre coloré ni des champignons du feuillage comme les rouilles, oïdium) ?
Les principales dispositions sont la prévention. Il faut éviter toute blessure y compris de taille qui constituent les portes d'entrée et les contaminations secondaires. Désinfection des outils de taille, élimination du bois infecté, assainissement des sols gorgés d'eau favorables à l'armillaire et plantation dans ces zones de végétaux non sensibles à ce champignon.
Dans les années 80, des traités sur la chirurgie arboricole ont été édités avec des formations spécifiques mises en place et une entreprise spécialisée dans ces pratiques dispensait largement ses services. Les pourritures des arbres étaient curées jusqu'au bois sain, les cavités emplies de béton. Ces pratiques ont été rapidement abandonnées grâce aux recherches d'un scientifique Américain Alex Shigo qui a démontré qu'elles étaient plus destructives que favorables à l'arbre. De même les différents produits de protection des sections de branches coupées se sont montrés efficaces en boîte à pétri mais très rapidement défavorables sur le terrain après quelques cycles d'exposition à la pluie et au soleil.
Le tableau est bien noir mais que nous a enseigné Alex Shigo (1930-2006) ?
Il a mis en évidence les défenses naturelles mises en place par les arbres et, de ses observations, est né le concept de "compartimentation de la pourriture de l'arbre". Les ouvertures naturelles (perte de feuilles, fruits, brindilles ou racines) sont protégées par des zones de protection. Pour les ouvertures traumatiques, l'arbre met en place des barrières protectrices pour isoler les débuts de pourriture générée par les agents pathogènes et ainsi protéger ses réserves, le support mécanique, le système de transport des liquides et son assise génératrice de bois vivant. À partir des réserves autour de la plaie, une "zone de réaction" avec trois "parois" suivant les directions, est mise en place. Le cambium met en place une "zone de barrage" pour protéger le bois qui se formera après la blessure. Cette zone de barrage, quatrième barrière, est la plus efficace ce qui explique l'existence de nombreux arbres creux dont tout le bois de coeur a été dégradé et seules subsistent les cernes externes d'aubier. Cette barrière peut être traversée par certains champignons et c'est alors la lutte incessante entre le champignon qui tente de progresser et l'arbre qui met en place de nouvelles barrières. Les "chirurgiens" arboricoles détruisaient les parois de protection avec leurs rabots et ciseaux pour atteindre le bois sain après curage des pourritures, induisant une dégradation très rapide des arbres après traitement.
Il nous arrive à tous en voulant trop bien faire de commettre des erreurs.
(source : William MOORE, Voyage au centre de l'arbre)
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11 mai 2017

À l'occasion du précédent bulletin d'information j'ai évoqué très succinctement la grande diversité des relations arbres-champignons.
Certaines de ces relations sont "gagnant gagnant"» ou neutres, pour d'autres, notamment avec les champignons lignivores, l'arbre est perdant à plus ou moins long terme malgré les mécanismes de défense qu'il peut mettre en place.
La pénétration du champignon dans le bois vivant a généralement lieu grâce aux blessures provoquées par la rupture de branche, par l'action de rongeurs ou insectes foreurs mais surtout, en ville, par l'action humaine volontaire comme la taille et le vandalisme ou involontaire (travaux, accidents). Les spores, véhiculés par le vent, la pluie, les animaux, des outils, sont les principales formes de contamination, mais celles-ci peuvent également se faire par simple contact de mycélium avec l'hôte. Une fois installé, le mycélium se propage à des vitesses variables suivant l'agressivité de la variété du champignon ; les membranes des cellules sont digérées progressivement grâce à des enzymes spécifiques, ce qui aboutit à la formation d'une pourriture interne de différents types suivant si seule la cellulose ou seule la lignine ou les deux à la fois ont été décomposées. Quand les carpophores apparaissent, la pourriture interne est déjà bien avancée et si elle remonte d'une blessure racinaire, souvent aucun signe d'alerte n'a été décelé avant cette fructification. Le carpophore, organe de reproduction peut se présenter sous diverses formes, le « champignon » classique avec pied et chapeau comme l'armillaire, mais aussi avec un pied peu visible (langue de boeuf) ou sans pied (polypore soufré), le carpophore étant dans ce dernier cas accroché à l'arbre par son chapeau en partie ou totalité. 17 principaux "genres" de champignons actifs sont répertoriés en France avec certains comme les ganodermes qui n'attaquent que les feuillus, d'autres attaquant feuillus et résineux. Des agresseurs sont aptes à attaquer n'importe quelle zone de l'arbre (polypores), d'autres qu'une deux ou trois des quatre parties (racines, collet, tronc, branches).
Nous verrons dans une prochaine chronique les moyens de lutte. Globalement il n'y en a pas, aussi le gestionnaire préconise, suivant la vitesse de progression du champignon reconnu, l'abattage sécuritaire (ou la coupe des branches atteintes) dans un délai d'une à plus de dix années après la première fructification.
Il m'a également été proposé d'évoquer le cycle de l'eau dans l'arbre et notamment les mystères de son ascension à des hauteurs exceptionnelles. C'est un sujet passionnant à découvrir.
(Source : Phytoma)
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9 mai 2017

Les relations arbres et champignons sont très nombreuses, souvent insoupçonnées et surtout très diverses. Pour tous, le fruit du champignon, celui que nous ramassons pour nous régaler est la représentation que nous nous faisons de cet organisme vivant. En réalité, le champignon (lorsqu'il n'est pas unicellulaire) est un réseau complexe (le mycélium) de filaments (les hyphes) souvent invisible à l'oeil nu.
Ainsi au niveau des feuilles un seul arbre abrite quelques centaines d'espèces fongiques qui vivent soit à la surface des feuilles soit à l'intérieur des tissus dans les espaces inter-cellulaires. Il existe des formes parasites mais tous ne sont pas pathogènes et certains pratiquent l'entre-aide en limitant les attaques d'insecte par l'émission de substances toxiques par exemple.
Sous nos pieds, au niveau des racines des arbres, la symbiose entre l'arbre et le champignon est obligatoire. Le premier fournit les sucres photosynthétisés au niveau des feuilles, au second, et ce dernier en contrepartie explore le sol à grande distance des racines pour extraire de l'eau des éléments minéraux et de la matière organique. Il apporte la matière première, sève brute pour être rémunéré en matière transformée, la sève élaborée. Le nombre d'espèces de ces champignons appelés mycorhiziens est estimée à 10000. Certains entourent les racines et s'insinuent entre les cellules (ectomycorhizes), d'autres pénètrent ces dernières et s'y ramifient (endomycorhizes).
Nous avons les champignons lignivores, ceux que nous redoutons, nous gestionnaires. Leur mycélium s'attaque au bois de coeur, à l'aubier ou à la partie corticale, des branches, du tronc, du collet ou des racines. Nous reviendrons ultérieurement sur leur action.
Enfin les champignons saprophytes décomposent la matière organique et le bois mort au sol.
(sources: Christophe DRENOU l'Arbre, sciences et Avenir H.S., Phytoma)
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14 avril 2017

La face cachée des arbres, leur système racinaire, n'est pas symétrique du système aérien par rapport au niveau du sol et varie en fonction du contexte et des essences. Toutefois, pour simplifier le propos nous pouvons évoquer des constantes. La couche de sol la plus riche en éléments minéraux et en oxygène se situe dans les 60 premiers centimètres. Aussi, l'arbre émet un pivot central d'ancrage (évoqué dans la dimension des arbres à la plantation) puis des racines à croissance horizontale sont émises dans toutes les directions autour de ce pivot sur toute sa longueur. Parmi elles, certaines arrivent à se frayer un chemin et à s'allonger avec une stratégie d'évitement pour ne pas se concurrencer. Elles émettront ultérieurement de nouveaux pivots, seules racines programmées pour descendre et qui reviennent à la verticale lorsqu'elles rencontrent un obstacle. On peut compter une vingtaine de pivots sur un arbre adulte, ce qui est infime au regard des milliers de racines ligneuses à croissance horizontale. Contrairement aux pivots, les racines horizontales ne reprennent pas leur direction initiale lorsqu'elles sont déviées par un obstacle.
Enfin certaines racines horizontales remontent vers la surface à la recherche de ressources minérales ou d'oxygène dans les sols compactés. Certaines essences produisent même des racines ascendantes au-dessus du niveau du sol appelées pneumatophores en situation d'immersion dans les mangroves ou marécages. Au jardin des plantes de Grenoble, au niveau du petit pont Vicat en restauration actuellement, vous pouvez voir de telles racines au-dessus du sol émises par le cyprès chauve planté sur l'île.
Dans l'espace souterrain urbain hostile et très convoité pour de multiples enfouissements d'ouvrages, la gestion du système racinaire nous demande une attention particulière pour répondre aux besoins physiologiques de l'arbre et limiter les dégradations. Le soulèvement du sol par les racines qui ont trouvé oxygène et humidité au niveau de la condensation juste sous l'enrobé est limité par l'utilisation de mélange terre-pierre drainant. Les canalisations d'assainissement sont protégées par des dispositifs anti racine, des intrusions des microscopiques apex racinaires qui profitant de petites fissures pourraient développer des "renards" à l'intérieur. Enfin, pour le choix des arbres, au-delà de la prise en compte du développement aérien, les caractéristiques du système racinaire doivent être évaluées au regard du contexte. Mes propos simplifiés plus haut ne doivent pas gommer les différences de vigueur et de développement des racines suivant les variétés.
Nous reviendrons sur les racines prochainement car le sujet est riche.
(Source : L'arbre au-delà des idées reçues de Christophe Drénou)
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7 avril 2017

J'hésitais à me lancer dans les explications sur la croissance des arbres et leur fonctionnement mais avec ces deux sections de tronc empruntées au livre de Raymond DURAND je pense pouvoir être compréhensible :

La section d'un tronc est une section de bâton de sucre. En effet, le bois de l'arbre est bâti à partir de molécules de sucres sous forme de cellulose.
En partant de l'extérieur nous avons l'écorce extérieure ou périderme=rhytidome. Cette écorce plus ou moins épaisse, liégeuse ou pas, suivant les espèces et l'âge, protège la partie vivante des différentes agressions d'insectes, champignons et bactéries. Juste au-dessous de ces tissus morts se trouve l'écorce interne ou liber dans laquelle circule la sève élaborée, c'est-à-dire l'alimentation fabriquée par les feuilles qui descend dans les différents organes. Des pressions importantes sur l'écorce peuvent gêner cette circulation de sève "descendante" d'autant plus quand le périderme est mince.
Plus à l'intérieur nous trouvons le cambium, fine couche de cellules méristématiques (comme des cellules souche) qui vont permettre la croissance de la plante en créant du bois à l'intérieur et de l'écorce vers l'extérieur.
En pénétrant encore un peu plus vers l'intérieur nous trouvons l'aubier appelé bois vivant mais dont certaines cellules ne vivent que quelques semaines.
L'aubier sert au transport de la sève brute des racines jusqu'aux feuilles, au stockage de réserves dans les rayons ligneux sous forme d'amidon, à la stabilité, à la défense contre des agressions, dernier rempart avant le bois de coeur ou duramen. L'aubier constitue la masse dynamique de l'arbre alors que le bois de coeur, tissus morts, constitue la masse statique utile au support, à la résistance mécanique.
L'aubier peut comprendre de 3 cernes pour certaines espèces à 169 cernes (si les sujets peuvent atteindre cet âge) pour l'acer pseudoplatanus.
Un choc de parechoc ou de portière de voiture ou encore celui d'une cloche de tondeuse peuvent très facilement atteindre et endommager le Cambium trésor fonctionnel de l'arbre situé juste sous l'écorce. Soyons tous vigilants.
(Sources : Les arbres de Raymond DURAND, William MOORE)
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31 mars 2017

Réflexion sur les fruits :
De manière très artificielle et liée aux usages nous classons les arbres en trois catégories, les arbres d'ornement, les arbres forestiers et les fruitiers.
Les arbres fruitiers qui font leur grand retour dans les villes, s'entendent comme produisant des fruits de consommation courante comme les arbres nourriciers du jardin d'Eden. Le pommier du Caucase retrouvé dans des forêts des montagnes du Kazakhstan (malus sieversii) dont descendent tous les pommiers aujourd'hui illustre ces arbres préhistoriques nourriciers.
Tous les arbres ne font pas de fruits, c'est le cas des Gymnospermes appelés souvent résineux ou conifères dont fait partie le ginkgo. Les fleurs femelles ne produisent que des ovules non protégés. L'ovule donne la graine. La pomme de pin n'est pas un fruit.
Chez les Angiospermes (feuillus) cette ou ces graines sont protégées par l'ovaire, charnu comme la cerise, ou sec comme la châtaigne. C'est ce que l'on appelle fruit. Les fruits, consommables ou pas, revêtent de multiples formes : Samares de frênes ou disamares d'érables, strobiles de l'aulne, glands du chêne, baies comme l'orange (et oui, cela ne concerne pas que la tomate et la myrtille), drupes comme la cerise et la pêche mais aussi la noix, gousses pour le gléditsia... Enfin certains faux fruits comme la figue ou l'ananas sont un infrutescence, le regroupement de nombreuses fleurs.
Le fruit est issu d'une fleur femelle et tous les arbres ne portent pas de fleurs femelles.
Certains arbres sont monoïques (une seule maison) et possèdes des fleurs mâles et des fleurs femelles sur le même individu. D'autres sont hermaphrodites, les fleurs sont à la fois mâles et femelles avec pistil et étamines. Tous ces arbres portent des fruits lorsqu'ils sont feuillus (Angiospermes).
Une autre catégorie est constituée des arbres dioïques avec des mâles qui ne portent pas de fruits et des femelles. C'est le cas des saules et des peupliers par exemple. Quand on voit la bourre de peupliers voler, la pollinisation est terminée depuis longtemps et on ne peut pas accuser ces peupliers de notre allergie. Par contre effectivement le peuplier mâle est allergène (3 sur une échelle de 0 à 5). En résumé, seuls les arbres feuillus portent des fruits à condition que ce ne soient pas des individus mâles.
Et si vous me dites que les fruits des ginkgos femelles sentent très mauvais, je vous répondrai que ce ne sont pas des fruits mais des ovules et que j'ai glissé cette information dans ce texte touffu.
(Sources : Les arbres de Raymond DURAND, L'arbre au-delà des idées reçues de Christophe DRENOU)
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24 mars 2017

Je vais vous parler aujourd'hui du lierre, toujours inspiré de l'ouvrage de Christophe DRENOU :
On a longtemps accusé le lierre de tous les maux. Il est parfois même dénommé "bourreau des arbres". Dans les faits, lierre et arbre peuvent se rendre service mutuellement.
Le lierre est l'unique représentant en Europe d'une famille de plantes tropicales, les Araliacées. Cette plante peut atteindre 30 à 40 mètres de longueur pour un diamètre à la base de 15 à 20 centimètres. Ce n'est pas un parasite mais une liane grimpante ou rampante. Ses crampons lui permettent de monter le long des troncs mais ne rentrent pas dans l'écorce. Il ne vit pas aux dépens de l'arbre, ne lui prend ni sève brute ni sève élaborée. C'est pourquoi il pousse tout aussi bien sur un mur que sur un arbre. Doté d'une croissance lente et verticale, il n'étrangle pas les arbres. Toutefois au sein de la profession, les avis sur son maintien sont encore souvent différents. Une Grenobloise amoureuse des arbres et de la nature me téléphone ou écrit au moins une fois par an pour s'offusquer du lierre qui grimpe dans les arbres à Grenoble. Je lui confirme nos pratiques dans le cadre de la gestion différenciée à savoir qu'il n'est pas admis en classe de gestion ornementale, limité à hauteur d'homme en classe classique et semi-naturelle et enfin libre de se développer quand nous sommes en gestion naturelle. Je lui rappelle les bienfaits de cette plante sans jamais la convaincre.
Bien sûr il y a quelquefois concurrence pour la lumière, notamment avec des arbres dépérissant, sans que le lierre ne soit responsable de ce dépérissement. Abondamment présent il peut aussi augmenter le risque de casse sur les branches par son poids et sa prise au vent en hiver. Il peut cacher à l'expert qui passe trop rapidement une blessure ou la fructification d'un champignon pathogène.
Par contre, il permet d'atténuer les coups de chaleur sur les écorces et les fortes gelées. C'est une source de nourriture pour les abeilles et autres insectes à une période où les fleurs sont très peu nombreuses. De même il fructifie en décalé tôt en fin d'hiver pour le plus grand bonheur des oiseaux. Il offre ainsi le gîte et le couvert pour de nombreux auxiliaires comme les chrysopes.
Une forêt qui a du lierre a un meilleur rendement qu'une forêt qui en est dépourvue. C'est pourquoi l'ONF a changé également ses pratiques et protège cette plante.
Enfin, certaines études mettent en avant l'absorption et la destruction de solvants cancérigènes dont le benzène.
Voir le programme d'élagage et programme de plantation des arbres de la semaine.

17 mars 2017

Nous avons évoqué la semaine dernière les bourgeons. Il y en a de trois types, les bourgeons axillaires situés à l'aisselle des feuilles, les bourgeons terminaux à l'extrêmité des rameaux, les bourgeons adventifs à proximité des blessures. La ramification des racines s'exprime sans bourgeon.
Chez les feuillus les bourgeons axillaires sont systématiques, il peut même y en avoir plusieurs à l'aisselle de la même feuille. Chez les résineux ils sont le plus souvent optionnels n'apparaissant qu'en cas de nécessité.
Les bourgeons sont incapables de produire une feuille seule, c'est pourquoi les feuilles tombées ne repousseront pas au même endroit qui reste vide. Ils peuvent donner une fleur, (comme les fleurs de magnolias Soulangiana en ce moment), rester latents, mourir, ou émettre une nouvelle pousse feuillée. Ce sont ces nouvelles pousses feuillées qui chaque année augmentent le volume du houppier de l'arbre et le font reverdir.
Voir le programme d'élagage et programme de plantation des arbres de la semaine.

9 mars 2017

Les jardiniers ont terminé leurs plantations d'arbres, sauf les plantations en bordure de l'avenue Edmond Esmonin et de l'Avenue des Etats Généraux qui commencent et trois arbres sur le secteur 2 décalés pour raisons techniques.
Nous assistons tous, en ce moment au gonflement des bourgeons. Les arbres n'ont pas attendu cette saison pour se couvrir de bourgeons. Ces derniers sont complètement formés depuis la fin de l'été dernier. Ils sont entrés en dormance après fabrication des ébauches de feuilles, de branches, de fleurs, quand les rameaux ont été lignifiés. Leurs écailles imperméables et l'air emprisonné protègent du froid et du gel ces ébauches. Au printemps, avec l'augmentation de la température et de la lumière, certaines hormones de la plante sont activées. Les méristèmes des bourgeons se réveillent et recommencent à fabriquer des cellules. Les ébauches de feuilles, branches et fleurs grandissent, les écailles s'écartent, c'est le débourrement. Tous les bourgeons ne vont pas s'ouvrir au printemps, certains dominés restant en réserve pour prendre le relais si les dominants sont détruits (accident climatique, animal, taille...). Les dominances évitent un développement anarchique de trop nombreux rameaux et confèrent aux différentes essences leur architecture propre.
Voir le programme d'élagage des arbres mise à jour.

3 mars 2017

Le programme plantation de l'équipe "jeunes arbres" est pris un peu dans le désordre car sur Hoche (Cours des Amoureux, cours du Mikado) il faut déposer des pavés pour préparer les fosses.
Les jardiniers ont terminé leurs plantations d'arbres, sauf les plantations en bordure de l'avenue Edmond Esmonin et de l'Avenue des Etats Généraux programmées à partir du 13 mars.
J'ai évoqué semaine dernière les puits de carbone que sont les jeunes et les vieux arbres. La photosynthèse dont l'équation chimique est l'inverse de la respiration, enrichit l'atmosphère en oxygène, de la même façon qu'un vrai poumon recharge le sang du corps en oxygène.
Toutefois pouvons-nous affirmer que les grands parcs urbains et la forêt amazonienne constituent des poumons de la terre ?
Les forêts sont en quantité insuffisante pour renouveler la totalité de l'oxygène atmosphérique. De plus, la libération d'oxygène est le résultat d'un processus long et complexe tandis que les relargages peuvent être importants et brutaux comme l'a montré la canicule de 2003 ou lors d'incendies naturels ou provoqués. Le rôle de poumon de notre planète revient à des organismes beaucoup moins spectaculaires et médiatiques que les arbres : les cyanobactéries... il s'agit de micro-organismes unicellulaires chlorophylliens faisant partie du pictoplanton, probablement les organismes les plus nombreux sur terre, jusqu'à un million de cellules par litre d'eau. L'étendue d'eau représente 70% de la surface de la planète alors que les forêts jeunes et anciennes ne couvrent qu'un tiers des continents. Aussi, 80% de l'oxygène atmosphérique sont produits via les océans, mais cette production serait en baisse.
Voir le programme d'élagage des arbres mise à jour.


Voir le programme d'élagage des arbres mise à jour (25 novembre 2016).
Voir le programme d'élagage des arbres mise à jour (4 novembre 2016).
Voir le programme d'élagage des arbres (octobre 2016).


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